La taille en Guyot plus productive l’année suivant les sinistres

5 mars 2019

Les retours d’expériences ont nourri la réflexion technique

 

            Après un sinistre de grêle majeur, comment faut-il aborder la taille ? Faut-il essayer de reconstruire les souches en taille Guyot double avec coursons ou opter pour une taille en cordon avec des coursons courts ? Les techniciens qui sont malheureusement fréquemment consultés sur ce sujet depuis quelques années, commencent à être en mesure d’apporter des éléments de réponse. Laëtitia Caillaud, l’une des conseillères viticoles de la chambre d’agriculture de Charente Maritime après avoir suivi la reconstruction de diverses parcelles grêlées pense qu’il faut privilégier le retour à une taille en guyot double pour des raisons de gain de productivité l’année suivant les sinistres.

Au cours de cet hiver, Laëtitia Caillaud, la conseillère viticole qui est la spécialiste de la taille, a été sollicitée pour des viticulteurs situés dans des zones fortement grêlées pour essayer de mettre en place des choix de taille les mieux adaptés aux divers contextes. Les différents épisodes de grêles auxquels le vignoble a été confronté en 2009, 2014, 2 016 et 2 018 ont permis d’acquérir un vécu de la réaction des vignes à ces différents sinistres. Il semble que l’époque ou se produit la grêle ait une influence sur la qualité du redémarrage de la végétation et des bois de taille.

 

Un impact réel des grêles précoces et tardives sur la qualité des bois de taille

 

             En 2009, la grêle s’était produite de façon précoce, le 9 mai à une période où la vigne était encore peu développée. Le redémarrage de beaucoup de bourgeons sourds avait permis de retrouver un capital de bois de taille intéressant et l’impact sur les rendements de la récolte 2 010 n’avait pas été perceptible. À l’inverse, en 2014, la grêle plus tardive, le 8 juin s’était avérée pénalisante au niveau des repousses de bourgeons sourds dans les zones très touchées. La mauvaise qualité des bois de taille avait une incidence sur le potentiel de productivité des vignes lors des vendanges 2 015. En 2016, les dates des sinistres autour 25 au 28 mai, ni réellement précoces, ni tardives, avaient permis de retrouver une qualité de bois de taille assez correcte même dans les situations de forts dégâts. En 2017, la productivité des vignes avait été moins impactée qu’en 2014. Le sinistre de 2018 est sur le plan de la précocité assez proche de celui de 2016.

 

La bonne fertilité des bourgeons à partir du 6eme niveau bénéfique aux tailles longues

 

             L Caillaud s’est appuyé sur ces constats de terrain pour construire une stratégie de choix de mode de taille cohérente : « L’ugni blanc est un cépage dont la fertilité des bourgeons de la base est nettement inférieure à celle de ceux du 6 au 9 eme niveau. C’est pour cette raison que les tailles longues en guyot et en arcures doubles sont les plus adaptées dans la région de Cognac. Après la grêle de 2014, la rareté des bois dans les zones les plus affectées avait incité à privilégier une taille de type cordon à coursons courts pour favoriser le redémarrage de la végétation. Les propriétés qui avaient taillé des parcelles sinistrées de façon identiques à la fois en cordons et guyot double courte, ont observé aux vendanges 2 015 un gain de rendement significatif et systématique pour la taille longue. L’incidence de la fertilité accrue des longs bois de taille a été confirmée même quand ceux-ci paraissent faibles et abîmés ».

 

La végétation de deuxième génération a accompli tout son cycle en 2018

 

             La prise en compte de ces éléments sur de l’état des bois des parcelles a débouché sur des principes de réflexion du choix de mode de taille qui trouvent leurs champs d’application cette année. En 2018, dans les parcelles fortement touchées, beaucoup de rameaux ont été rabattus au niveau du 2e et 3e bourgeons. La grêle qui est intervenue le 26 mai peut être qualifiée de pas véritablement précoce et pas véritablement tardive. Cela a permis à la vigne de redémarrer plus rapidement et plus régulièrement qu’en 2014. Ensuite, la belle arrière-saison a permis à la végétation de deuxième génération d’accomplir un cycle de développement complet (dans les vignobles bien entretenus). A priori les conditions d’aoûtement des bois dans les parcelles grêlées ont été bonnes malgré la sécheresse. Les premières gelées significatives n’ont détruit la surface foliaire qu’à partir du 20 novembre. Les souches qui ne portaient pas une forte charge de raisins ont a priori pu mobiliser leur énergie sur les efforts de mises en réserve durant toute l’arrière-saison.

 

Une taille en guyot double à moduler selon la nature et de la vigueur des bois

 

L Caillaud qui a suivi cette année de nombreuses parcelles grêlées a constaté un assez bon redémarrage de la végétation et la présence d’un potentiel de qualité des bois de taille supérieur à celui de 2014 : « Après cette grêle qui n’était pas trop tardive, la végétation a connu un développement globalement assez intéressant dans les vignes bien entretenues sur le plan agronomique. Il s’est souvent produit des sorties de bourgeons sourds de chaque côté des ceps et un redémarrage d’entre-coeurs sur les fragments de rameaux cassés. La présence de ce type de végétation permet d’envisager de retrouver une taille en Guyot double. Des coursons assez bien placés ont été laissés pour préparer la taille de 2020 et des lattes ont pu être sélectionnées à partir des fragments de rameaux de première génération allongés par des entre-coeurs. Suite aux épisodes de grêles des années antérieures, il s’avère que des bois de taille de petits diamètres issus d’entre-coeurs sont fructifères. On peut donc les utiliser pour faire des lattes de longueurs raisonnables. Néanmoins, il est légitime de s’interroger sur la bonne longueur et la charge de bourgeons que doivent porter ces rameaux plus frêles. Il faut faire preuve de bon sens en cherchant à avoir des lattes un peu moins longues et un peu moins chargées en bourgeons qu’en présence de sarments de taille normale. La charge de bourgeons doit tenir compte de la vigueur des souches qui après une grêle forte fluctue fortement au sein des parcelles ».

 

La taille en cordons à coursons allongés doit être maîtrisée

 

            Dans les vignes qui malheureusement ne portent pas une qualité de long bois suffisante pour être taillée en guyot, le choix d’une taille à coursons allongés s’impose. Les retours d’expériences ont démontré l’intérêt de cette taille vis-à-vis de la reconstruction de l’architecture des ceps quand la charge de bourgeons est bien maîtrisée. Après la réalisation d’un prétaillage mécanique, une taille de finition sera indispensable pour équilibrer la charge de bourgeons et surtout laisser de chaque côté des ceps des coursons biens placés. L Caillaud insiste beaucoup sur la qualité des bois qui vont servir de coursons de reconstruction : « Lorsque l’on opte pour une taille de type cordon avec des coursons de production courts, une attention particulière doit être portée à leur longueur et à leur nombre. Une charge trop importante de bourgeons transformant les coursons de production de 3 à 4 bourgeons maximum en demi-lattes de 5 à 6 bourgeons engendre un effet de type tire-sève qui pénalise la sortie des coursons de taille à la base des bras. Il est aussi très important de laisser des coursons de reconstruction bien placés pour effectuer la taille de l’hiver 2019/2020. Un courson de taille doit avoir une longueur de 2 bourgeons maximum et le dernier bourgeon doit être situé sur le dessus des bois ».

 

                                                                                                         

A lire aussi

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

C'est un constat qui a fait le tour des médias, sportifs ou non: l'US Cognac va très mal. Malgré les efforts de Jean-Charles Vicard pour tenter de redresser la barre, le club se retrouve dans une difficile situation financière.  La direction a de fait décidé d'envoyer...

error: Ce contenu est protégé