L’entretien du cavaillon : un sujet historique en pleine « renaissance »

2 janvier 2019

 

 

Comment va évoluer l’entretien des sols dans 5 ans à venir ?

 

L’entretien des sols en viticulture connaît une évolution profonde liée aux enjeux de viticulture durable et à la perspective maintenant proche de l’arrêt de l’utilisation du glyphosate. La problématique principale concerne l’entretien du cavaillon qui est particulièrement complexe dans la période de début mars à la mi-juin. En effet, la fin des hivers et les printemps souvent humides dans nos régions favorisent la croissance des flores d’adventices. Ce n’est donc pas un hasard si les utilisations d’herbicides sont presque devenues systématiques pour entretenir le cavaillon pendant cette période.

 

 

             Le challenge environnemental actuel dans toutes les régions viticoles tend à limiter et voire à terme à remettre en cause l’utilisation des herbicides. Une telle perspective interpelle beaucoup de viticulteurs et soulève de nombreuses interrogations. Quels moyens rationnels vont permettre d’aborder l’entretien du cavaillon sans l’appui de la lutte chimique ? Est-il réellement envisageable de se passer d’herbicides dans le contexte actuel de production de la région de Cognac ? L’organisation actuelle des propriétés permet-elle d’aborder un tel changement de cap ? Quels coûts supplémentaires va l’arrêt des herbicides ? Ne faudrait-il pas travailler et développer des process d’entretien des sols novateurs avant de s’engager dans ce challenge ? L’entretien du cavaillon est en train de devenir une préoccupation prioritaire en raison de l’évolution portée par les problématiques environnementales. Un tel challenge va devoir être abordée avec beaucoup de professionnalisme pour être en mesure de concilier les enjeux environnementaux, de productivité et économiques.

L’entretien du cavaillon est en train de devenir une thématique prioritaire en raison de la perspective de la remise en cause des bases du désherbage chimique actuel. Les viticulteurs vont se trouver confronter d’ici quelques années à « un obstacle » de taille dont ils ont la pleine conscience de la complexité. La solution théorique à cette problématique est le retour à des méthodes d’entretien du sol 100 % mécaniques, une approche connue mais qui a été abandonnée à l’aube des années soixante-dix. À l’époque, la raison principale de ce choix avait été motivée par l’intérêt économique. 40 ans plus tard, la pression environnementale en cautionne le retour. Ce nouveau challenge semble difficile à aborder du fait de l’organisation humaine et technologique des propriétés. Les évolutions au niveau des équipements de travail du sol et un certain nombre de projets d’innovation ouvrent des perspectives intéressantes dont le bien fondé et l’aboutissement sont encore dans une phase de « maturation».

 

 

            Les vignobles de la façade Atlantique sont soumis à des précipitations abondantes d’environ 800 mm/an et dont 60 à 70 % sont concentrées en fin d’hiver et au printemps.  Ces conditions climatiques engendrent un développement des flores d’adventices  forcément abondant entre début mars et la fi juillet. La présence d’herbes abondantes sous le cavaillon peut engendrer de réels inconvénients lors du cycle végétatif, une sensibilité au gel accrue lors du débourrement, des phénomènes de concurrence sous les souches,…. . C’est pour ces raisons qu’il convient de les détruire à des périodes clés. À l’inverse, la gestion de la couverture de la végétation au niveau des interlignes apporte de réels avantages et est beaucoup plus facile à contrôler. Cela améliore la portance des sols au printemps et régule la vigueur. L’utilisation de moyens mécaniques performants, de tonte, de travail mécanique permet de les maîtriser avec beaucoup d’efficacité dans les inter-rangs. Par contre, l’entretien du cavaillon a toujours engendré beaucoup d’attention car l’élimination de l’herbe ne doit en aucun cas nuire au développement de la vigne.

 

            Une remise en cause du désherbage chimique d’ici 5 à 10 ans 

 

            Le fait de pouvoir entretenir le cavaillon avec le désherbage chimique est actuellement une pratique incontournable dans la région de Cognac et dans beaucoup d’autres vignobles. L’utilisation des herbicides était jusqu’à présent abordée de deux manières, soit une stratégie annuelle, soit une stratégie ponctuelle ciblée sur des périodes plus courtes (souvent de mars à fin juin) et suivie de diverses interventions mécaniques. Le fait d’envisager dans 5, 10 ans de ne plus utiliser d’herbicides est aujourd’hui un objectif à moyen terme affiché dans diverses des stratégies de viticulture durable. Les attentes sociétales en matière de réduction d’utilisation des pesticides sont prises très au sérieux par les professionnels. Elles sont indéniablement en train de faire évoluer les méthodes d’entretien des sols. C’est un nouveau challenge qui va bousculer l’organisation technico-économique des propriétés.

 

Se passer des herbicides pour entretenir le cavaillon est-il réaliste ?

 

            Se passer totalement d’herbicides est-il réaliste dans le contexte de production actuel de la région de Cognac ? C’est un objectif louable auquel la majeure partie des responsables de propriétés adhèrent sur le principe mais dont la mise en œuvre leur paraît aujourd’hui complexe. L’entretien du cavaillon sans herbicides va poser de nouveaux problèmes pratiques, agronomiques et économiques. La seule alternative actuelle à la chimie est l’entretien mécanique des sols. Beaucoup de constructeurs ont développé des gammes d’outils mécaniques pour cultiver le cavaillon et les interlignes. Les innovations dans ce domaine sont nombreuses depuis quelques années. Les ventes de modules d’interceps, d’outils rotatifs, de systèmes de coupes, … connaissent un réel engouement et ouvrent de nouvelles possibilités. Les performances des équipements se sont nettement améliorées mais ne répondent pas encore totalement aux exigences agronomiques et de productivité attendues.

L’entretien des sols 100 % mécanique, la seule alternative à la chimie pour l’instant

 

            Les viticulteurs bios ont depuis longtemps franchi le pas du retour à l’entretien mécanique des sols. Leur vécu des choses est intéressant et riche d’enseignements. Pour contrôler le développement des adventices durant toute l’année avec des moyens mécaniques, il faut intervenir toujours sur des herbes peu développées et multiplier les interventions en utilisant des gammes d’outils différentes tout au long de la saison. Une offre large de matériels permet techniquement de répondre à diverses situations de colonisation d’herbes. La nature des sols engendre aussi des contraintes d’organisation des travaux qu’il ne faut pas sous-estimer. Si l‘entretien mécanique des sols constitue une alternative réaliste à la chimie, elle engendre aussi des contraintes, des temps de travaux importants, de forts besoins en main-d’œuvre et une exigence de réactivité.

 

Savoir prendre la terre et les herbes au bon moment

 

            Divers retours d’expériences en Charentes permettent d’observer que l’entretien mécanique du cavaillon nécessite beaucoup de réactivités pour prendre la terre et les herbes au bon moment. Des plantes naissantes ou au maximum de 5 à 15 cm de hauteur sont toujours plus faciles à détruire. Le nombre de passage fluctue fortement (de 6 à 12 passages) en fonction des attentes de propreté de chaque propriété et de la climatologie. Un calendrier annuel des travaux doit être mis en place mis en place pour contrôler durablement le développement des herbes. Un chaussage en fin d’automne couvre les herbes, un décavaillonnage au tout début du printemps détruit la flore émergente et ensuite une succession de façon superficielle avec des lames pendant le cycle végétatif permet de contrôler les repousses.

 

10 à 14 heures de travail supplémentaires par hectare

 

            En moyenne, l’entretien mécanique du cavaillon toute l’année (et aussi les allées) nécessite 10 à 14 heures/ha/an de travail supplémentaire. C’est pendant la période entre le 15 avril et la fin juin que se concentrent le plus grand nombre d’interventions. Ensuite, l’investissement dans des matériels performants est souvent conséquent. La conduite, le réglage de ces outils nécessitent du sens de l’observation et des compétences pour adapter le travail aux conditions de sols et à l’état de développement de la flore. Les charges d’entretien et le changement des pièces d’usures viennent renchérir tous les ans le coût des travaux mécaniques. Au final, le coût des stratégies des itinéraires culturaux 100 % mécaniques s’annonce élevé et difficile à chiffrer précisément. Il ne paraît pas illusoire d’imaginer de le situer autour de 350 à 500 € HT/ha (main-d’œuvre + frais de traction + investissement + pièces d’usures + entretien annuel) selon les années et les propriétés. Au vu de tous ces éléments, on peut comprendre la prudence et la lucidité de beaucoup de viticulteurs. Certains avouent humblement que la charge de travail lié à un entretien 100 % mécaniques du cavaillon, leur paraît pour l’instant bien difficile à intégrer dans l’organisation des travaux de leur vignoble.

 

L’entretien mécanique induit une vision différente de la propreté du cavaillon

 

            Le développement de l’entretien mécanique du cavaillon devient en Charentes et dans le Bordelais une problématique d’actualité qui doit encore beaucoup convaincre. Plusieurs viticulteurs et responsables de domaines qui depuis quelques années ont franchi le pas expliquent que le retour au travail de la terre leur a fait aborder les choses avec une vision très différente. Plusieurs viticulteurs conventionnels expliquent qu’après 25 ans de désherbage chimique du cavaillon, la vision des dessous des rangs en permanence propre était devenue pour eux un critère agronomique et culturel important. Aujourd’hui, leur approche est toute autre. Ils cherchent à contrôler toute l’année la croissance des adventices avant que celles-ci deviennent pénalisantes pour les souches. Leurs propos attestent de leur changement d’attitude : « Gratter la terre est le fondement de notre métier d’agriculteurs. Par contre, mettre en œuvre un itinéraire de travail du sol du cavaillon dans des propriétés de grandes surfaces, demande beaucoup de sens de l’anticipation, des moyens humains et du matériel performant. En mai juin, les passages de lames ont une rémanence réduite de 10 à 20 jours selon la fréquence des pluies. Il ne faut jamais se laisser déborder. La destruction de plantes jeunes (de moins de 10 cm) peut être effectuée à des vitesses élevées (de 5 à 6 km/h) alors que quand elles deviennent denses et hautes, l’avancement du matériel se réduit à 3 km/h. Avec le travail mécanique, on aborde la propreté du cavaillon de façon bien différente : Notre objectif est de maîtriser la couverture de la végétation ». Un autre constat est de ne pas occulter les conséquences du travail du sol sur les souches. L’utilisation de lames et d’autres outils nécessite de bons réglages pour respecter l’intégrité des ceps. Dans les vignes jeunes, tout se passe assez bien mais dans les parcelles âgées, les chocs peuvent provoquer des blessures. Parfois, un arrachage se produit même quand les outils sont bien réglés. La multiplication du nombre de passage au cours de l’année accentue les risques d’incidents sur les ceps.

 

Le désherbage chimique efficace, peu coûteux, souple mais à l’avenir incertain

 

            L’intérêt des viticulteurs vis-à-vis du désherbage chimique depuis plusieurs décennies n’est donc pas le fruit du hasard. Il est lié à la fois à l’efficacité de cette pratique, à son coût assez modique et à la souplesse de l’organisation des travaux qu’elle procure. Les flores d’adventices sont contrôlées facilement sur de longues périodes ce qui facilite l’organisation des autres travaux manuels et mécaniques (en fin d’hiver et ensuite durant tout le cycle végétatif). Dans les sols calcaires, le désherbage chimique évite aussi « de toucher » à la terre pendant les périodes humides (au printemps) ce qui réduit fortement la sensibilité des parcelles à chlorose. Les coûts des programmes d’herbicides sont globalement peu coûteux par rapport aux autres pratiques d’entretien de sols. Trois applications dans l’année avec un résiduaire en fin d’hiver et deux foliaires reviennent à environ 70 à 100 €/ha. Pour des stratégies plus ponctuelles souvent au printemps avec 2 applications de produits foliaires, le coût se situe autour de 50 à 60 € HT/ha. Les équipements de pulvérisation sont peu onéreux et les temps d’application sont aussi minimes, de l’ordre 30 minutes/ha avec des rampes performantes. Au global, le coût du désherbage chimique se situe autour de 100 € HT/ha/an. Néanmoins, l’intérêt économique actuel du désherbage chimique pourrait à terme se réduire avec le retrait programmé de la vente du glyphosate en 2021. Le souhait de la profession de limiter au maximum l’utilisation des pesticides est aussi un élément qui va faire profondément évoluer les méthodes d’application des herbicides en viticulture. Il n’est pas sûr que dans 10 ans , elle soit la méthode de référence pour entretenir le cavaillon ?

 

 

Le désherbage chimique en vigne repose sur seulement quelques matières actives

 

 

 

            La mise en œuvre du désherbage chimique est abordée actuellement soit dans le cadre d’un objectif d’entretien annuel du sol, soit sur une période courte de quelques mois. Cette seconde stratégie représente une évolution intéressante pour limiter l’utilisation des intrants chimiques, en préserver l’efficacité dans le temps et ouvre la possibilité de l’associer à du travail mécanique. L’une des spécificités du désherbage chimique en vigne est qu’il repose sur un nombre de matières actives résiduaires et foliaires très limité. Le fait d’utiliser en vigne un nombre de matières actives limité a aussi conduit à l’apparition de phénomènes d’inversion de flore et de résistance de certaines plantes aux herbicides. C’est le cas avec le ray-grass qui suite à des applications trop fréquentes de glyphosate, a développé aujourd’hui des espèces « cousines » que l’herbicide ne contrôle plus. Néanmoins, beaucoup de programmes de lutte herbicides sont encore très dépendants de l’utilisation du glyphosate qui est désormais en sursis. La perspective dans les toutes prochaines années de l’arrêt d’utilisation d’un autre herbicide résiduaire à base de flumioxazine (le Pledge) très utilisé en Charentes risque aussi de compliquer la construction des programmes. Le désherbage chimique va connaître une profonde évolution qui le rendra probablement moins attractif et aussi plus respectueux des enjeux environnementaux.

 

 

 

Associer le désherbage chimique à d’autres pratiques, la piste la plus sérieuse

 

 

 

             La plupart des techniciens estiment que la construction de stratégies de lutte herbicides efficaces sans glyphosate sera plus difficile, surtout plus coûteuse mais techniquement envisageable. L’intégration de quelques séquences d’interventions mécaniques en été pourrait devenir le complément indispensable de la chimie dans un premier temps. Déjà beaucoup de viticulteurs ont mis en œuvre ce type de stratégies mixte en positionnant une à deux applications d’herbicides (souvent un glyphosate associé à un résiduaire) dans la période de février à la mi-juin et en utilisant des lames intercep tout le reste de la saison. Avec l’arrêt de l’utilisation du glyphosate, le contrôle de la flore d’adventices au printemps va devoir être abordée différemment au printemps. Les techniciens planchent déjà sur des essais de positionnement différents des diverses matières actives herbicides d’une part pour cibler les traitements sur des herbes jeunes en début de saison et d’autre part pour limiter la germination des espèces les plus colonisantes. Dans l’état actuel des connaissances peu de nouveaux produits d’origine chimique sont attendus et aucune piste d’études nouvelles pour des molécules d’origine naturelle n’est véritablement explorée.  Indéniablement, le désherbage chimique est en train de prendre un cap nouveau plus respectueux des enjeux environnementaux (risque pour les eaux, la faune et la santé) qui remet en cause une partie de ses fondamentaux historiques.

 

 

 

L’entretien du cavaillon doit être en phase avec les enjeux économiques

 

 

 

            Le challenge technique de l’entretien du cavaillon doit aussi intégrer une réalité économique aujourd’hui dominée par la pratique très abordable du désherbage chimique. Passer au tout mécanique revient 5 à 6 fois plus cher et fait disparaître une souplesse de travail très apprécié des vignerons ! Investir un budget annuel de 400 à 500 €/ha par entretenir le cavaillon mécanique est-il la seule alternative pour arrêter l’utilisation des herbicides ? Toutes les propriétés auront-elles la capacité de supporter une augmentation aussi brutale de leurs charges ? On peut également se demander si elles disposent du personnel suffisant pour effectuer tous ces nouveaux travaux qui demandent de la réactivité ? Ces réflexions montrent à quel point le sujet entretien du cavaillon est un challenge complexe et important. Les techniciens et les fournisseurs déploient beaucoup d’efforts pour développer de nouvelles pratiques conciliant les enjeux environnementaux et des coûts de production raisonnables.

 

 

 

Les robots et les tracteurs autonomes, des pistes pour l’entretien du cavaillon

 

 

 

             De nouvelles réflexions sur des procédés innovants vont peut-être dans 5 à 10 ans faire progresser les concepts d’entretien du cavaillon. La première d’entre elle concerne l’utilisation de robots de travail du sol. L’idée qui pouvait paraître encore farfelue il y a 5 ans est en train de faire son chemin dans l’univers viticole. Le développement des transmissions de type vario et l’introduction de nombreux capteurs sont des éléments qui sont à l’origine des concepts de tracteurs autonomes. Dans le domaine des grandes cultures, les premiers tracteurs autonomes ont été développés et la plupart des constructeurs investissent sur ces technologies. Case-IH a développé et lancé en 2017 son premier tracteur autonome en grandes cultures aux États Unis. New-Holland a aussi testé un tracteur fruitier T4 autonome dans un grand domaine viticole aux États Unis. C’est dans le secteur du maraîchage, que la robotique s’est développée le plus rapidement. Les premiers robots qui permettent d’assurer des travaux en ligne de binage existent depuis 5 à 8 ans. L’univers viticole est entrain découvrir ce nouveau concept de mécanisation robotisée grâce à des transferts de technologie évoquées précédemment.

 

 

 

La robotique, une approche de rupture technologique pour le moyen terme

 

 

 

            La piste de la robotique en viticulture est devenue au cours des 5 dernières années un sujet d’étude sérieux.  La perspective de voir évoluer dans les parcelles des outils autonomes qui seraient en mesure de travailler mécaniquement le cavaillon semble être  en train de franchir le cap de la faisabilité théorique et le cap des essais pratiques commence juste. Les premiers prototypes qui ont commencé à arpenter les rangs de vignes, doivent beaucoup évoluer pour s’adapter à des conditions très fluctuantes à quelques dizaines de mètres prêt.   Des  travaux d’études au champs de plusieurs robots autonomes ont eu lieu ces dernières années dans diverses régions viticoles Françaises. L’intégration d’un équipement de travail du sol autonome serait une véritable rupture technologique comme l’a été dans le passé l’arrivée de la machine à vendanger. Néanmoins, il ne faut pas rêver, ces produits d’avant-garde n’auront pas atteint un niveau de fonctionnalité suffisant avant 5 à 10 ans. Leur compétitivité  économique sera également un challenge capital vis des autres méthodes d’entretien des sols classiques et aussi innovantes.

Des essais du robot  Ned de Naïo-Technologie avec l’IFV depuis 2014

 

 

 

            L’IFV suit de près le projet de robotisation dans l’univers viticole développé par la société Naïo-technologies. Un partenariat de développement a commencé en 2014 entre l’équipe de l’IFV Sud-ouest et cette entreprise. Ce travail a débouché sur la définition  du  concept du robot enjambeur TED adapté aux vignes larges. Les premiers pas du prototype N°1 dans les vignes ont été l’aboutissement de réflexions et d’investissements technologiques majeurs pour concevoir un équipement qui ait la capacité de s’adapter à un environnement très fluctuant. Le savoir-faire de cette entreprise était au départ dédié à des robots de binage des cultures maraîchères conduites en ligne et dans des situations planes et plus limitées dans l’espace. L’expérience dans ce domaine et le partenariat avec l’IFV Sud-ouest ont contribué à nourrir la conception du robot viticole  TED.

 

 

 

Un concept de robot électrique autoguidé léger

 

 

 

            Avec cet équipement, les approches de mécanisation ont franchi un cap technologique nouveau qui ouvre de nouveaux horizons. Le robot TED est un appareil autonome  enjambant les rangs sur lequel peut se monter une diversité d’outils. L’appareil léger (800 kg seulement) se guide dans les rangs avec un système GPS ayant une précision au centimètre associé à des capteurs laser. Les premières applications ont concerné le travail du sol au niveau du cavaillon. Les tests en grandes parcelles conduits par l’IFV Sud-Ouest en 2016 et en 2017 ont démontré que la réalisation des interventions mécaniques au niveau du cavaillon s’avérait réaliste dans des situations de vignobles planes. L’équipement qui serait en mesure de travailler dans les rangs à une vitesse de 4 km/h fonctionne avec des batteries électriques ayant une autonomie de 8 heures. Ces premières conclusions intéressantes ont permis ont permis à l’entreprise de passer en 2018 à une étape de test plus diversifiées.

 

 

 

Une petite dizaine de robot TED ont fonctionné en France en 2018

 

 

 

 Guillaume Delprat, le responsable du marché viticole de Naïo-Technologiqe explique qu’ensuite, des expérimentations chez des clients ont permis de confronter une petite série de prototypes à une diversité de situations de sol et de séquences climatiques. Au cours de l’année 2018, Naïo-Technologies a noué des partenariats de recherches et développement avec des domaines viticoles en France pour tester une pré-série de 9 équipements dans différents types de vignobles. Dans le cahier des charges, la première phase d’essai devait se dérouler dans des parcelles ayant une configuration la plus adaptée possible. En Charentes, les vignobles Hennessy et Rémy Martin ont utilisé  deux robots TeD. Les retours d’expérience sont en train de faire évoluer le produit qui globalement donne satisfaction dans les situations de vignobles planes. G Delprat explique que les essais de terrain ont été très enrichissant : « le fait d’avoir pu tester 9 robots dans 9 situations différentes nous a permis d’avoir des remontées de terrain de tout ce qui fonctionnait bien et pas bien. Tous ces éléments sont entrain de nourrir les améliorations technologiques pour les produits de 2019.  Les points à améliorer concernent  la motricité dans les situations de coteaux et la maîtrise des outils dans les dévers. Nous pensons que la nouvelle pré-série de robot  fabriquée  en 2019 permettra d’analyser les performances de débit de chantier dans des configurations faciles et plus délicates. Notre objectif serait dans les vignes larges  qu’un robot soit en mesure de fonctionner sur 40 ha avec une cadence de 15 jours entre deux passages.  Nous travaillons également sur des batteries ayant une autonomie plus longue et un système de rechargement rapide en deux heures. Notre souhait serait de proposer un produit opérationnel à partir de 2021 dans une fourchette de prix qui se situera autour de 150 000 €»  

 

 

 

Un tracteur Fruitier autonome  New-Holland   testé en Californie

 

 

 

            Le groupe CNH a lancé un programme de recherche sur des tracteurs agricoles autonomes en 2016 aux États Unis adapté aux exigences des travaux dans les cultures céréalières. Le projet est piloté par deux équipes d’ingénieurs qui travaillent sur l’agriculture de précision et l’agriculture de demain. En 2017, deux prototypes de tracteurs totalement autonomes Case IH et New-Holland ont été présentés dans les plaines céréalières Américaines. Ces tracteurs qui étaient en mesure d’effectuer des semis et des interventions de déchaumage sans la présence de chauffeurs, ont littéralement fait « le buzz ». Les céréaliers aux États Unis et en Europe ont manifesté un intérêt réel pour cette avancée technologique qui est désormais opérationnelle dans de grandes parcelles homogènes. Néanmoins, le marché n’a pas encore réellement décollé en raison à la fois du prix de ces équipements et aussi de relation forte qui existe entre les agriculteurs et leur tracteur. Même aux Étais Unis, dans des domaines de plusieurs milliers d’hectares, les fermiers « aiment » conduire leurs tracteurs.

 

 

 

Un premier prototype de tracteur fruitier autonome testé en Californie en 2018

 

 

 

La présentation des deux tracteurs autonomes de grandes cultures CNH a fait apparaître des besoins au niveau des cultures spécialisées. Le producteur de vin Californien qui utilisait sur ses domaines des tracteurs fruitiers New-Holland a demandé au constructeur si un tel projet existait en vignes. CNH a répondu à cette demande en 2017 en décidant de développer un concept de tracteur autonome viticole à partir d’un modèle de série de type T4. Les équipes d’ingénieurs ont littéralement pensé un process d’autonomie de conduite adapté à une culture implantée verticalement et naturellement hétérogène. Une technologie de visionique (caméra 3D et radar couplé à un GPS) et des unités de traitement de données sophistiquées ont été installées sur le tracteur de série. Au cours du cycle végétatif 2018, le premier prototype de tracteur vigne autonome a travaillé toute la saison dans les vignes d’un des domaines Gallo pour effectuer des traitements et des travaux de tonte au niveau des interlignes.

 

 

 

Des règles de décision plus complexes liées à une végétation verticale

 

 

 

Pierre Cayrouse, l’actuel responsable des marchés viticoles et olives a suivi de près le dossier tracteur fruitier autonome dans le cadre de ses fonctions précédentes. Il témoigne avec transparence de l’évolution de ces recherches : « Le concept du tracteur viticole autonome est devenu depuis 2017 un projet de recherche et de développement au États-Unis pour les deux équipes d’ingénieurs qui ont pensé le tracteur autonome en grandes cultures. Le fait que les domaines Gallo aient testé au cours de l’année 2018 le premier prototype a permis de faire avancer l’étude sur des bases concrètes. Les règles de décisions pour piloter un tracteur autonome dans les vignes sont complexes. La principale difficulté est d’avoir un système d’analyses des données qui soit en mesure de hiérarchiser l’importance des données vis-à-vis de la gestion de la sécurité et des performances de travail. Par exemple, comment le système doit interpréter une longueur de végétation de 5 à 6 m penchant d’un côté suite à la casse d’un piquet ? Le tracteur doit-il réagir en s’arrêtant et en déclenchant une alerte ou essayer de passer en adaptant sa trajectoire ? Ce type de problématique courante qui est facilement gérée par la présence d’un chauffeur doit être résolu de la même façon par le système autonome. Or, faire prendre la bonne décision au module de gestion autonome n’est pas si simple ».

 

 

 

Une technologie opérationnelle d’ici 4 à 5 ans

 

 

 

            Les équipes qui ont suivi le prototype durant toute la saison dans les vignes, considèrent que les résultats ont été encourageants pour la réalisation de travaux de pulvérisation et de tonte des inter-rangs. Les essais d’un deuxième prototype vont se poursuivre en 2019 dans les domaines Gallo avec des objectifs encore plus ambitieux. Ces tracteurs autonomes devront être en mesure d’ici quelques années de réaliser des travaux précis sous le cavaillon ou au niveau de la végétation. Une telle évolution va demander un autre niveau de technologie sur lequel les experts de CNH planchent déjà. P Cayrouse estime que l’étude du tracteur fruitier autonome est un process de mécanisation novateur dont pour l’instant, il est difficile de savoir comment il va être accueilli : « Les ingénieurs pensent que le concept du tracteur autonome pourrait être technologiquement opérationnel d’ici 4 à 5 ans. Néanmoins, le développement de cette nouvelle catégorie de tracteurs technologiques sera très dépendant du cadre réglementaire et du potentiel de marché. La législation actuelle interdisant le déplacement routier de tous types de véhicules sans chauffeur représente un handicap pour le développement de ces produits. C’est surtout problématique en Europe ou le parcellaire de vignes est nettement plus petites qu’aux États Unis ou dans l’hémisphère sud. L’ autre interrogation pour un constructeur de dimension mondiale  comme CNH  concerne la capacité économique des régions viticoles en Europe et dans le reste du monde à intégrer des produits de hautes technologie forcément plus cher ».

 

 

 

 

 

           

 

Le robot TED doit s’adapter  aux réalités topographiques des vignes

 

           

 

            Christophe Gaviglio, l’expert de l’IFV Sud-Ouest qui travaille depuis 4 ans sur le développement du robot TED de la Sct Naïo-Technologies estime que la robotisation constitue une piste d’étude intéressante. Il considère que cela permet  d’aborder le binage du cavaillon d’une façon novatrice et différente.

 

            Son analyse sur l’arrivée de cette technologie dans l’univers viticole est à la fois porteuse d’espoir et mesurée car le développement de robots autonomes en vignes  est un challenge technologique bien différent de ceux de l’univers du maraîchage : « L’IFV sud-ouest est associé depuis 2014 dans le projet du développement du robot TED de la société Naïo-Technologies. Les responsables de l’entreprise sont en quelque sorte venus nous voir pour définir le cahier des charges d’un robot viticole. Depuis, nous avons testé le prototype N° 1. Un travail est en cours pour évaluer les performances de L’équipement qui est toujours dans une phase d’évolution technologique. Les résultats dans les parcelles planes sont plus encourageants mais le produit n’est pas encore rentré dans une phase de pleine fonctionnalité. Les essais au niveau du travail du sol du cavaillon se sont révélés intéressants sur des flores d’herbes jeunes peu hautes ce qui induit un nombre de passage fréquent à certaines périodes de l’année. Des évolutions importantes sont indispensables pour améliorer les aspects de motricité dans les coteaux et pour maîtriser la qualité du travail en dévers de chaque côté des souches. Les premiers pas encourageant du robot TED  ont convaincu l’entreprise d’aller plus dans la mise au point du produit . Les nouveaux prototypes devront s’adapter aux variations de niveau, de pente et de topographie des parcelles. L’amortissement économique de ces appareils autonomes nécessitera aussi de les rendre polyvalents pour d’autres travaux, l’épamprage, la pulvérisation, le rognage, les mesures de végétation, …. . La société a engagé une nouvelle phase de recherche sur tous ces nouveaux développements».

 

 

 

Le principe du robot TED est intéressant mais pas encore fonctionnel

 

 

 

                        Les domaines Rémy-Martin ont testé un robot TED dans le cadre d’un contrat de partenariat de recherche et développement avec la Sct Naïo-Technologies. L’équipement qui se présente d’un prototype et non pas d’un produit abouti a fait ses premiers pas dans les vignes de Juillac-Le_coq à partir du mois d’avril dernier.

 

 

 

Une révolution «verte» maîtrisée sur les domaines Rémy Martin

 

 

 

            Les vignobles Rémy-Martin ont été les précurseurs des démarches de viticulture durable en mettant en œuvre à, partir du milieu des années 2000, une réflexion globale sur tous les moyens de production pour aborder la conduite des vignes en respectant les enjeux environnementaux. Le vignoble de 220 ha a connu une véritable révolution «verte» maîtrisée et qui s’est opérée avec cohérence. Ce challenge a été porté par le personnel des domaines RM et aussi une équipe d’experts de cette grande maison. Ils ont exploré tous les maillons «perfectibles» et ont mis en place des initiatives innovantes. L’un des gros chantiers a été bien sûr l’entretien des sols. Dès le début des années 2010, le désherbage chimique est passé du stade de pratique annuelle systématique au stade d’intervention de rattrapage utilisée de façon ponctuelle en ultime recours. L’entretien du cavaillon a été abordé principalement avec des interventions mécaniques toute l’année.  Julien Georget, l’actuel  responsable de domaines Rémy-Martin explique librement que cette stratégie est aujourd’hui bien maîtrisée grâce des passages fréquents (12 à 14 par an) sur des herbes jeunes et peu développées.

 

 

 

L’expérimentation d’un concept de mécanisation novateur

 

 

 

            Les vignobles Rémy-Martin ont acquis une juste connaissance des avantages et des limites du travail du sol mécanique du cavaillon.         Le contrôle du développement de la flore s’avère possible si une organisation des travaux mécaniques rationnelle est mise en œuvre de la mi-mars à la mi-novembre chaque année. L’apparition du concept de robot effectuant l’entretien mécanique du cavaillon n’a donc pas laissé indifférent  les techniciens de maison Rémy Martin. J Georget considère que le travail conduit cette année sur les domaines s’apparente à une expérimentation d’un nouveau concept de mécanisation et non pas à l’appréciation des performances d’un produit opérationnel : « Les premiers pas du robot TED dans les vignes Charentaises ont été riches d’enseignements et ouvrent des perspectives d’avenir. Le prototype 2 018 a bien sûr été confronté aux réalités de terrain des  vignes larges Charentaises. La conception générale du robot enjambeur nous paraît adaptée à l’établissement des vignes. La maîtrise du guidage dans les rangs est l’âme de tout ce concept. Il s’avère que globalement, le guidage fonctionne à peu près bien même si les limites de l’accès au réseau GPS dans le territoire rural sont une contrainte à ne pas sous-estimer. Le prototype d’automoteur s’est comporté assez  bien dans les situations planes. Par contre il a de la difficulté à compenser les variations de niveau du sol sous le cavaillon et à évoluer dans les situations de coteaux ».

 

 

 

Un travail du sol maîtrisé sur les herbes jeunes peu développées

 

 

 

            Les essais de travail du sol au niveau du cavaillon ont commencé au cours de l’été. La société Naïo-Technologies a équipé le prototype des roues Kress et d’un système de petites lames interceps courtes. J Georget qui a un vécu du travail mécanique du sol,  porte un regard avisé sur le fonctionnement du robot : Sur de l’herbe naissante ou jeune, ces équipements marchent mais sur des adventices développées, c’est plus délicat. Ils  nous semblent que le choix des équipements montés sur le robot n’est pas forcément bien adapté à la nature de nos terres de champagne. Par contre, l’implication des équipes de Naïo-Technologie sur le terrain s’avère très positive. On sent que les hommes de cette entreprise sont à l’écoute de nos remarques pour faire évoluer le produit. Il y a une réelle volonté de faire progresser la technologie du robot TED que nous tenons à saluer. Le principe du premier prototype du robot nous paraît intéressant mais le produit doit évoluer pour atteindre une pleine focntinnalité. Il faudra aussi que cette technologie soit compétitive par rapport à d’autres évolutions d’où l’importance d’élargir le spectre d’utilisation du robot à d’autres travaux ».

 

                                                                      

 

 

 

Une première phase d’essai du robot Ted encourageante 

 

 

 

            Les vignobles Hennessy ont testé durant tout le cycle végétatif 2018 un des 9 prototypes des robots TED.  Cette démarche s’inscrit dans le développement d’une éthique de production respectueuse des enjeux de viticulture durable à laquelle cette grande maison attache beaucoup d’importance. Le retour à méthodes de production permettant de minimiser l’utilisation des intrants sans que le niveau de productivité en soit affecté est challenge majeur pour la région de Cognac. Une équipe d’experts chez Hennessy observe avec intérêt toutes les méthodes rationnelles et innovantes qui sont susceptibles de permettre de réaliser des réductions des intrants et de mieux respecter de l’environnement.

 

Photo de Mathilde Boisseau et de Xavier Poitou à venir

 

 

 

Intégrer une technologie de pointe dans l’univers viticole

 

 

 

            Xavier Poitou, le coordinateur recherches et développement et Mathilde Boisseau, la responsable des vignobles Hennessy ont mutualisé leurs compétences pour explorer le bien-fondé de cette innovation véritable. Les deux jeunes ingénieurs expliquent qu’ils ont perçu dans cet outil la possibilité de «remettre en selle » le travail mécanique sous une forme innovante et rationnelle : « Réduire fortement et peut-être se passer totalement des herbicides est une préoccupation qui mobilise toute énergie. Le retour au travail du sol avec les moyens actuels engendre des contraintes connues en matière de charge et d’organisation du travail. La découverte de ce nouveau concept de mécanisation nous paraît ouvrir la perspective de pouvoir intégrer une technologie de pointe dans l’univers viticole. On s’est dit que c’était un levier innovant qui méritait d’être exploré. Le savoir-faire historique du travail du sol ne pourrait-il pas être transférer sur ces équipements novateurs. L’implication de la maison Hennessy dans ce projet en  tant que co-acteur d’un développement d’un robot de travail du sol représente un challenge passionnant ».

 

 

 

Apprécier la fonctionnalité du robot dans des conditions idéales

 

           

 

            Tout a commencé par un travail de veille dès les premières communications de la Sct Naïo-technologies qui a ensuite débouché sur des échanges et des contacts. La découverte du tout premier prototype à la fin de l’été 2017 à l’IFV de Gaillac a fini de convaincre X Poitou. Cette méthode de travail du sol méritait d’être travaillée dans le contexte du vignoble Charentais. La décision d’acquérir un prototype  de robot TED dans le cadre d’un contrat de recherche et développement a été finalisée et l’appareil a fait ses premiers pas dans les vignes des domaines Hennessy au mois d’avril 2018. L’objectif de cette première année d’essais était d’apprécier la fonctionnalité du robot dans une configuration idéale, c’est à dire en situation plane. L’essai s’est déroulé dans une parcelle d’un hectare de forme carré. Le robot a été testé seul pendant plusieurs mois afin de valider le fonctionnement du système de guide et ses capacité de motricité en conditions humides. Les outils d’entretien des sols, deux roues Kress et des lames interceps ne sont arrivés qu’au mois de juillet.

 

 

 

Une première phase de validation encourageante

 

 

 

            M Boisseau et X Poitou portent une analyse lucide sur cette première année d’essais : « Le protocole de partenariat  avec la société Naïo-Technologies correspondait cette année à une première phase de validation d’un concept technologique novateur. Le prototype de robot TED devait d’abord confirmer qu’il pouvait en toute sécurité  arpenter des rangs de vignes et se déplacer seul dans les parcelles. Il s’avère que le système de guidage a été globalement fonctionnel en conditions sèches et humides. Le robot est parfois passé dans des conditions de portance très délicate ou un tracteurs ne se serait pas aventurait.  Pour l’instant, la présence d’un opérateur ( à distance ) est indispensable pour des raisons d sécurité. L’utilisation des outils de travail à partir de la fin juillet s’est déroulée dans des conditions idéales, des sols meubles, secs et peu infestés d’herbes. Les résultats ont été bons et l’autonomie du robot en travail du sol était de 6 heures. Nous considérons que cette première phase d’essai du prototype actuel est encourageante. Dans l’avenir, le la technologie du robot TED va devoir évoluer sur le plan de la sécurité, pour des utilisations en situations de coteaux et de dévers et aussi en prévision d’autres fonctionnalités que le travail du sol. Ce nouveau concept de mécanisation dans sa configuration actuelle nous parait présenter un véritable intérêt mais il est loin d’être finalisé. L’équipe de la  société Naïo-Technologies affiche une réelle volonté de poursuivre ses efforts de développement ce qui nous conforte aussi».

 

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Bakus et Pumagri, deux autres robots conçus pour les vignes  

 

 

 

            Lors du salon Vinitech, la société Champenoise Vitibot a présenté le modèle de robot Bakus qui est destiné à des vignes étroites. L’équipement qui a été mis au point en Champagne se déplace à, l’aide de 8 caméras pilotées par une système d’intelligence artificielle.  L’appareil est équipé d’un moteur électrique dont l’autonomie serait de 10 heures. Les premiers essais dans les vignes ont concerné le travail mécanique du sol et un projet de pulvérisation confiné serait à l’étude. Une autre entreprise,  implantée dans la région Nantaise,  a développé une gamme de robots agricoles destinés au maraîchage, à l’arboriculture et à la viticulture. Le concept repose sur la mise au point d’un véhicule polyvalent pour des vignes étroites, le Pumagri qui est équipé d’un moteur hybride. Le groupe thermique recharge les batteries lorsqu’elles commencent à être faibles. Le fait d’avoir choisi une motorisation de type hybride accroît l’autonomie du véhicule. L’appareil a été testé au champ en 2018 pour réaliser du travail du sol au niveau du cavaillon mais des études sont en cours pour développer des outils de pulvérisation et de rognage.

 

 

 

Vitirover, le robot de tonte commercialisé sous la forme d’une location annuelle

 

 

 

            Une autre démarche d’entretien du sol par le biais d’un robot autonome est aujourd’hui pleinement opérationnelle. Il s’agit du robot Vitirover qui permet de  maîtriser la tonte de l’enherbement durant toute la saison. La société Vitirover Solutions a créé le premier concept de robot viticole autonome il y a presque 10 ans. Le produit Vitirover après plusieurs années de mise au point est désormais pleinement fonctionnel. L’appareil fonctionne à l’énergie solaire et assure la tonte de tout le couvert végétal (les interlignes et le cavaillon) des parcelles enherbées en plein. Les performances annoncées du robot Vitirover permettraient d’assurer la tonte de 2,5 à 3 ha de vignes larges de 2,50 à 3 m d’écartements. La société commercialise le produit sous une forme originale qui ne repose sur la vente du produit mais sur une prestation de service de tonte d’herbe à l’année. Le contrat de location annuel inclut la mise à disposition de l’équipement et d’un suivi technique externe de l’utilisation permanent durant toute la saison. Plusieurs dizaines de robots fonctionnent dans les vignes du Bordelais et de la vallée de la Loire. La limite de cet équipement est liée à l’enherbement permanent qui n’est pas adapté à toutes les natures de sol dans les régions soumises à des étés secs. Des agronomes étudient l’implantation de couverts végétaux qui ne seraient

 

 

 

Des systèmes de guidage des outils et des tracteurs pour travailler plus vite

 

 

 

            Parmi les autres innovations présentées, le développement des systèmes de guidage dans les rangs des tracteurs viticoles et des outils commencent à apparaître. L’intérêt de ces systèmes d’assistance à la conduite est de contrôler et de réguler en permanence le centrage dans les interrangs, du tracteur et des outils pendant les travaux proches du palissage ou au niveau du sol. De tels systèmes seraient en mesure d’une part de rendre la conduite plus facile et d’autre part de permettre d’effectuer plus rapidement des interventions combinées comme par exemple, un rognage associé au travail du sol. Le constructeur de tracteur Fendt a développé en grandes cultures un système d’autoguidage dont une évolution a été testée sur un tracteur fruitier. Des premiers essais ont eu lieu en Charentes à l’automne dernier. Le constructeur de tracteurs Autrichien Lindner a lui testé un système de guidage fonctionnant sans connexion satellite, le Traclintk Pilot. Le procédé développé à l’origine pour mieux maîtriser des interventions de binage mécanique dans les cultures de maïs fonctionne en utilisant un système de visée laser. Les essais très concluants ont incité le constructeur a testé le système en arboriculture et en vigne au cours de l’année 2018. Enfin, le constructeur de matériel de travail du sol Braun a conçu le système de guidage VPA monté sur les outils. La spécificité de cet accessoire est qu’il se focalise directement sur le guidage des outils et non pas sur les tracteurs. Des essais conduits en 2018 avec une tondeuse interligne équipée de 2 satellites interceps ont démontré l’intérêt de la technologie vis-à-vis de la vitesse d’avancement et de la qualité du travail.  D’autres moyens de détruire les flores d’adventices ont été aussi testés, la pulvérisation d’eau à hautes pression ( Matérièl Caffini) et  l’application d’un courant électrique sur le sol. Les constructeurs continuent de développer ces pratiques.

 

 

 

Les produits herbicides de biocontrôle, une attente prioritaire pour les viticulteurs

 

 

 

            Une des attentes des viticulteurs serait également de pouvoir utiliser un herbicide d’origine naturelle pour contrôler la flore d’adventices au printemps. Un premier espoir était apparu il y a quelques années avec le développement du Beloukha, un herbicide de biocontrôle à base d’une substance naturelle, l’acide pélargonique. Le produit a obtenu une homologation en vigne mais son utilisation n’a pas convaincu.  C’est un défanant ayant une rémanence courte et qui donne ses meilleurs résultats en conditions chaudes. Par ailleurs, son coût très élevé restreint aussi beaucoup son intérêt. La recherche d’un concept d’herbicide de biocontrôle serait bien sûr la solution idéale pour contrôler les herbes  de début avril à fin mai ou à fin juin. Une nouvelle pratique d’entretien des sols fondée sur la pulvérisation de mousse chaude enrichie en produits surfactants d’origine naturelle serait peut-être en mesure de répondre à cette attente. Le système Foamstream a été créé à l’origine pour contrôler le développement des herbes dans les espaces publics et les espaces verts. Cette technologie utilisée depuis presque 10 ans dans de grandes agglomérations, des aéroports, des communes, … est développée par la société anglaise Weedingtech. Une première année d’étude a été conduite dans le vignoble de Cognac pour apprécier l’efficacité de ce principe de contrôle naturel de la flore d’adventices.

 

 

 

La mousse Foamstream, une alternative potentielle au désherbage chimique

 

 

 

            Avant de s’engager dans le développement d’un équipement dédié à une utilisation en vigne, les responsables de la société Weedingtech et de leur distributeur régional, le groupe Ouvrard ont souhaité savoir si le concept d’application de mousse chaude enrichie en produit surfactant d’origine naturelle présentait ou pas de l’intérêt dans l’univers viticole ? Une expérimentation a été conduite au cours du cycle végétatif 2 018 par la Chambre d’agriculture de Charente Maritime et la Revue Le Paysan Vigneron pour observer l’efficacité du procédé Foamstream. Dans l’article publié dans les pages XX à XY, le détail des résultats sera présenté. Les conclusions de cette première année d’étude se révèlent encourageantes à la fois sur le plan de l’efficacité et de la rémanence. Les résultats globalement assez surprenants cautionnent le bien-fondé du principe de cette pratique. Le constructeur va devoir maintenant adapter la technologie aux spécificités viticoles pour rendre le procédé Froamstreame fonctionnel et compétitif sur le plan économique.

 

 

 Les points clés de l’entretien du cavaillon 100 % mécanique :

 

 

 

– L’entretien mécanique doit être abordé en ayant le souci permanent de contrôler la flore d’adventices sans rechercher un sol propre à 100 %

 

S’organiser pour prendre la terre et les herbes toujours au bon moment.
– Des interventions sur des herbes jeunes (de moins de 15 cm de hauteur) toujours plus faciles et aussi plus rapides

 

La mise en œuvre d’un itinéraire cultural annuel fondé sur un calendrier de travaux définis : un chaussage en début d’hiver, un décavaillonnage au printemps et une succession d’interventions superficielles tout au long du cycle végétatif

 

– 6 à 12 interventions mécaniques/an nécessaires selon le niveau de pluviométrie et l’exigence de propreté recherchée

 

– Une rémanence de chaque intervention mécanique de 10 à 20 jours maximum de la mi-avril à la mi-juillet

 

– Des besoins en main-d’œuvre d’environ 10 à 14 heures/ha dans des vignes larges.

 

– Être très réactif en mai et juin pour ne pas se laisser déborder par l’herbe.
– Le coût élevé d’un itinéraire 100 % mécanique :

 

– 12 heures de main-d’œuvre qualifiée + 12 heures de traction + Amortissement du matériel + frais d’entretien

 

Un budget annuel variant de 350 à 500 € an en fonction de la surface des propriétés et des investissements en matériel.

 

– Des risques accrus de blessures au niveau des souches en raison de la fréquence des interventions

 

– l’utilisation des équipements de travail du sol nécessite des chauffeurs compétents

 

 

 

Pourquoi  l’avenir du désherbage chimique semble si incertain ? 

 

 

 

Un engagement fort des décideurs professionnels pour réduire significativement et peut-être arrêter  l’utilisation des herbicides d’ici 5 à 10 ans

 

Les arrêts d’utilisation programmés du glyphosate et de la flumioxazine vont à compliquer la construction des programmes de désherbage

 

– Un nombre de matières actives limité qui obligera les techniciens à repenser la lutte chimique

 

– Une montée en puissance des phénomènes de résistantes à certain herbicides

 

L’apparition de nouveaux herbicides ne semble pas envisagée dans les 5 ans à venir.

 

– Le Beloukha, le seul herbicide de biocontrôle ne représente pas une alternative efficace et réaliste sur le plan économique

 

La solution des stratégies mixtes, application d’herbicides sur des périodes ciblées  + travail du sol

 

– Les stratégies de désherbage chimiques devront être ciblées sur des flores les moins développées possibles, donc très tôt en fin d’hiver.

 

L’échéance du retrait programmé du glyphosate en 2021 si elle est confirmée constituera un changement de cap important.

 

 

 

 

 

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