L’association Vitibio Poitou-Charentes manifeste depuis plusieurs années un intérêt grandissant vis-à-vis des maladies du bois car les viticulteurs conduisant leur vignoble en bio n’ont jamais eu le droit d’utiliser l’arsénite de soude. Le fait de ne disposer d’aucun moyen de traitement chimique pour bloquer l’évolution de ces maladies ne les a pas empêchés d’explorer de nouvelles pistes pour en réduire le pouvoir de nuisance. Cette situation les a souvent conduits à faire preuve d’une grande motivation dans la mise en œuvre des mesures prophylactiques et d’une ouverture d’esprit pour rechercher de nouveaux axes de réflexion susceptibles de limiter l’apparition de ces maladies dans les plantations nouvelles. Au cours de l’année dernière, l’association Vitibio Charentes a demandé à M. Michel Girard, le conseiller viticole de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime à Jonzac, de faire un tour d’horizon complet des pratiques de luttes préventives ou curatives qui sont susceptibles d’être mises en œuvre en respectant le cahier des charges de la production biologique.
Protéger les plantations nouvelles
Ce travail de synthèse bibliographique a permis, dans un premier temps, de recenser un certain nombre d’initiatives anciennes et nouvelles, et ensuite d’envisager la mise en place d’essais longue durée dans la région pour essayer de les valider. Sur le plan de la protection des plantations nouvelles, il s’avère que deux pistes d’études préventives sont privilégiées, l’utilisation de certaines souches de Trichoderma pour en quelque sorte réduire la réceptivité des plants de vignes à ces maladies et ensuite le développement des traitements de thermothérapie (traitement à l’eau chaude) pour détruire la présence des champignons dans les greffés-soudés avant leur mise en terre. Des essais de trempage des plants de vignes au moment de la stratification dans une solution de Trichoderma ont été réalisés par le Syndicat des pépiniéristes du Vaucluse et la Chambre d’agriculture de l’Aude. Cette expérimentation récente ne commencera à livrer ses résultats que dans 10 ans, au moment où les vignes issues de ces plants avant une dizaine d’années extérioriseront ou pas des symptômes. En Bourgogne, des essais de badigeonnage des plaies de taille avec des solutions à base de Trichoderma sont conduits depuis plusieurs années avec l’encadrement technique de l’ITV, mais là aussi il faudra attendre avant de pouvoir en tirer des conclusions. Les recherches scientifiques ont permis de confirmer que parmi les deux types de Trichoderma, les T. Harzanium et les T. Atroviridé, seuls les premiers ont une efficacité plus intense vis-à-vis du complexe des maladies du bois. La deuxième approche, qui est la réalisation du traitement à l’eau chaude dans des conditions identiques à celles de la flavescence dorée, a été aussi testée dans le Midi de la France. Les premières conclusions de cette pratique n’apportent qu’une solution partielle puisqu’elle semble efficace vis-à-vis de certains champignons responsables de l’esca (le Chlamidospora) et aussi vis-à-vis du BDA (le Batryospheraeria) mais pas du tout vis-à-vis de l’eutypiose. Au printemps 2005, l’association Vitibio Poitou-Charentes mettra en place dans la région de Cognac deux essais de plein champ, l’un à partir de plants stratifiés dans une solution de Trichoderma et l’autre issu de plants traités à l’eau chaude.
Limiter les voies d’entrées de la maladie sur les souches en place