La discrétion et le pragmatisme, les deux atouts du CARC

2 janvier 2014

Travailler dans la discrétion en faisant preuve de pragmatisme et d’efficacité auprès des agriculteurs et des viticulteurs est une
philosophie qui réussit bien à la CARC. A l’issue de l’exercice 2012-2013, la coopérative a conforté sa situation financière tout en ayant une politique de prix et de services appréciée par les sociétaires. L’entreprise a su tirer un bon profit d’un contexte climatique favorable et de conditions de marché porteuses.

 

 

p45.jpgLa Coopérative agricole de la région de Cognac est une entreprise de taille moyenne dont la stratégie de développement repose sur l’apport de technicité auprès des viticulteurs et des agriculteurs. Jean-Michel Audouit, le directeur, privilégie les démarches rationnelles et efficaces aux actions de communications plus spectaculaires. Le travail de fond engagé depuis maintenant plusieurs années par l’équipe de 18 salariés porte ses fruits. La CARC possède un savoir-faire propre aux entreprises à dimension humaine qui se matérialise par un souci permanent de valorisation du potentiel économique de sa zone d’activité. La recherche de relais de croissance externe par des acquisitions n’est pas l’axe de développement choisi par le conseil d’administration.

Une approche de valorisation permanente du potentiel de la zone d’activité

Yves Auffret, le président, et J.-M. Audouit cultivent à la fois une certaine sagesse et de réelles ambitions économiques en s’appuyant sur les atouts de la coopérative : une dimension adaptée aux structures agricoles et viticoles de la zone d’activité. En effet, dans les métiers de la collecte des céréales et de la distribution des approvisionnements, beaucoup d’entreprises ont fait le choix de « grossir » afin de réaliser des économies d’échelles et de pouvoir peser sur les négociations commerciales avec les fournisseurs. La CARC n’a pas choisi cette voie et s’en porte très bien. Au fil des exercices, les résultats économiques ont permis d’améliorer les ratios financiers tout en faisant profondément évoluer la technologie des infrastructures de l’entreprise. J.-M. Audouit tient un discours lucide sur les résultats de l’entreprise : « Dans notre zone d’activité, le choix d’une stratégie de développement fondée sur une stratégie permanente de valorisation permet à la coopérative d’être un acteur respecté. Les relations étroites que nous entretenons avec les agriculteurs et les viticulteurs constituent le moteur de notre développement. Le fait d’être à l’écoute et de passer du temps sur le terrain nous permet de mieux comprendre les contraintes des sociétaires et ensuite de leur proposer des solutions techniques cousues main. La priorité est de mettre en œuvre les bonnes connexions entre les réalités imposées par les fournisseurs des marchés et l’univers de production. C’est un travail complexe qui nécessite l’implication de tout le monde dans l’entreprise. L’investissement du magasinier est tout aussi important que celle du directeur pour le bon fonctionnement de la CARC. »

Un très bon exercice 2012-2013

L’exercice 2012-2013 de la coopérative a été « dopé » par un environnement global très favorable, des ventes approvisionnements en nette hausse, une collecte record et des conditions de commercialisation très bonnes. Néanmoins, la bonne santé économique actuelle de la CARC est aussi le fruit de choix de gestion rigoureux depuis trois ans. L’amélioration de la capacité d’autofinancement et l’augmentation des capitaux propres constatée lors des deux précédents exercices se sont poursuivies. Le chiffre d’affaires, qui a atteint le niveau de 14,12 millions d’e, est en progression de 25,8 %. La collecte totale, en hausse de 40 % par rapport à celle de 2011, a été équivalente aux très belles récoltes de 2008 et de 2009. Les très bons rendements en blé et en orge, qui dépassaient fréquemment 70 q/ha, ont largement compensé ceux des tournesols et des maïs plus moyens. La forte productivité n’a pas empêché de rentrer des produits de qualité. Les blés avaient de bons PS et des taux de protéines élevés. L’autre événement marquant de l’exercice a été la progression de l’activité approvisionnement de 18 % dont le chiffre d’affaires représente 51 % de l’activité totale. La pression de mildiou exceptionnelle lors du cycle végétatif 2012 et un net accroissement des apports ont favorisé les ventes d’intrants. Le résultat net de l’exercice 2012-2013 s’établit à 159 000 e. 30 % de cette somme ont été affectés à la consolidation des fonds propres qui sont en constante augmentation depuis trois ans. La capacité d’autofinancement a plus que doublé sur cette même période. J.-M. Audouit et Y. Auffret estiment que l’exercice 2012-2013 conforte la bonne santé financière de la coopérative : « Le contexte très porteur de l’activité au cours de cet exercice a permis de dégager un résultat généreux, ce qui permet à l’entreprise de bénéficier de marges de manœuvre plus importantes. Notre cœur de métier est directement soumis aux aléas de la nature et, en 2012, tous les éléments étaient réunis pour que cela se passe bien. Ce n’est malheureusement pas tous les ans pareil. Il suffit d’un printemps très sec comme en 2011 pour voir fondre la collecte d’été et chuter fortement les sorties d’engrais et d’intrants phytosanitaires. Un tel contexte a un impact direct sur l’activité mais l’équilibre financier de la coopérative n’en a pas été affecté. La variabilité de l’activité est un élément qu’il faut intégrer dans les approches de gestion de l’entreprise, pour ne pas remettre en cause la qualité des services auprès des adhérents. En 2012, tous les indicateurs étant au beau fixe, il était donc naturel d’une part d’avoir de tels niveaux de résultats et d’autre part que les agriculteurs bénéficient de niveaux de valorisation élevés. »

Une volonté de s’intéresser durablement aux marchés de niche plus qualitatifs

La commercialisation des céréales nécessite un grand professionnalisme et, paradoxalement, la prise de risque pour mettre en marché les produits est importante. La stratégie de la CARC est de maîtriser directement la commercialisation d’environ 60 % de la collecte en recherchant des marchés de niche qualitatifs en France et à l’exportation. Un travail de fond a été réalisé depuis de nombreuses années pour produire des qualités de céréales correspondant à des attentes plus spécifiques. L’introduction de petites surfaces de nouvelles cultures comme récemment les lentilles, le choix de variétés de blé et de tournesol plus spécifiques, la mise en œuvre d’itinéraires culturaux différents et une capacité à trier les lots de grains au moment de leur réception dans les silos ont permis à la CARC de se forger une image de metteur en marché qualitative. L’engagement dans ces types de production induit un investissement accru dans le suivi des cultures de la part des agriculteurs. Ce travail doit déboucher sur des niveaux de valorisation plus attractifs des céréales. Par exemple, depuis maintenant deux campagnes, les blés sont payés en tenant compte d’une grille de teneurs en protéines avec des réfactions et aussi des bonifications de prix.

La volatilité des cours des céréales est désormais permanente

J.-M. Audouit considère que cet axe de développement de la commercialisation représente un véritable atout pour la coopérative et les agriculteurs : « La commercialisation des céréales est aujourd’hui en prise directe avec les cours mondiaux. Il suffit de l’annonce d’une bonne récolte aux Etats-Unis ou en Europe et immédiatement l’offre potentielle de produit s’accroît et les cours baissent rapidement. Les marchés peuvent littéralement broyer du noir pendant 6 à 12 mois. A l’inverse, les conséquences sous-estimées d’une sécheresse ou de récoltes perturbées par les pluies peuvent faire remonter les cours de 50 à 100 e/t en quelques semaines. De telles variations de cours ont transformé profondément le métier de metteur en marché de céréales. Les organismes stockeurs cherchent bien sûr à lisser ces excès pour préserver les revenus des agriculteurs et l’équilibre économique de leurs entreprises. Cependant, il est toujours difficile de trouver la bonne parade quand la conjoncture mondiale est baissière. Les marchés de niche que la CARC a tissés depuis une dizaine d’années représentent des débouchés à plus forte valeur ajoutée dans les périodes difficiles. Il nous paraît important de pérenniser de tels engagements même quand les cours flambent comme en 2011 ou en 2012. Les niveaux de valorisation durant l’exercice 2012-2013 ont été exceptionnels mais, depuis, la conjoncture a évolué. Actuellement, les cours du blé se tiennent à peu près mais ceux des oléagineux et des maïs ont fortement chuté. Aujourd’hui, les meilleurs observateurs ne se hasardent pas à formuler une analyse de conjoncture à plus de 2 à 3 mois. Le manque de lisibilité du marché est réel même si des perspectives de commercialisation nouvelles se développent. A moyen et long terme, la demande de céréales va sûrement augmenter dans de nombreux pays émergents qui connaissent des niveaux de croissance économique spectaculaire. Un pays comme la Chine devient un acheteur plus important et plus régulier de blé et de maïs, mais la demande de produit reste difficile à appréhender dans le temps. »

Des efforts d’aménagements constants au cours de la nouvelle PAC

Les structures de stockage de la CARC ont été aménagées au cours des dernières années avec l’augmentation des capacités sur le site de Genté. L’utilisation de ces nouvelles infrastructures permet de limiter les transferts de céréales au moment de la collecte. Le choix de développer la capacité de stockage est lié en grande partie à l’éloignement des silos portuaires de la sica Atlantique à La Pallice. En effet, l’augmentation des coûts de transport pénalise les transferts vers les zones portuaires et l’investissement dans des capacités de stockage supplémentaires à proximité des aires de production est devenu un acte de saine gestion. Actuellement, la coopérative est en mesure de stocker 75 % à 80 % de la collecte annuelle. De nouveaux aménagements sont encore prévus pour mettre aux normes et rénover les infrastructures de stockage. Au cours de l’année 2014, le projet de reconstruction de l’ancien silo de Loret à Rouillac va être mis en œuvre. Quatre cellules de 200 tonnes seront installées à côté de l’unité de réception. La remise a niveau de cette unité est envisagée pour faciliter le tri et le stockage des productions qualitatives. C’est une démarche importante pour la coopérative, qui rendra plus facile le travail au moment de la collecte.

Le sujet sensible de la baisse des aides directes du projet de nouvelle PAC

Le sujet de préoccupation de la filière céréalière française est bien sûr la mise en œuvre de la nouvelle réforme de la PAC à partir du 1er janvier 2015. J.-M. Audouit n’a pas caché que la baisse des aides directes pour les exploitations de grandes surfaces est un axe important de la nouvelle organisation de production. A priori, les premiers échos laissent à penser qu’au-delà 52 ha de céréales, les aides baisseraient de façon dégressive en fonction des surfaces exploitées. Les premiers chiffres évoqués situeraient la baisse entre 50 et 100 e/ ha. Le ministère de l’Agriculture n’a pas confirmé ces éléments et on peut penser que les négociations vont être âpres dans l’année qui vient. Par contre, le principe de la dégressivité des aides en fonction des surfaces exploitées est acté. Les conséquences de cette réforme de la PAC vont engendrer de toute façon une baisse de rentabilité des cultures que les conditions de marché ne permettront pas de compenser tous les ans. Les zones où les sols ont des potentiels agronomiques faibles à moyens risquent d’être les plus affectées.

Des ventes d’appros en progression

Les ventes d’approvisionnements ont toujours représenté pour la CARC un secteur d’activité important, du fait de l’implantation historique de la coopérative dans le cœur de la zone viticole. Au cours du dernier exercice, le chiffre d’affaires des approvisionnements a connu une expansion liée en partie à la forte pression de mildiou lors de l’été 2012. Les ventes de produits phytosanitaires pèsent lourd dans ce secteur d’activité avec 35 % des ventes totales (en hausse de 36 %), suivi des engrais à 31 % (+ 5 %) et ensuite des semences. Le département Ecovigne est devenu en moins de 5 ans un secteur d’activité important représentant 25 % du chiffre d’affaires total. La forte demande de matériaux de palissage et le développement de produits nouveaux sont des leviers de croissance déterminants pour l’activité Ecovigne. Par exemple, au cours du précédent exercice, les ventes de cuves à gas-oil aux normes avaient pesé lourd alors que, cette année, les tuyaux à alcool et la distribution d’un nouvel adjuvant œnologique (le Trubex) ont été des relais de croissance. Le pôle d’activité Ecovigne (25 % du chiffre d’affaires appro) reste cependant très concurrentiel sur certaines lignes de produits comme le palissage, la gamme de levures œnologiques, les équipements de protection individuels… La commercialisation depuis quelques mois de systèmes de stockage des barriques EDV en racks métalliques (de la société Rouby) ouvre de nouvelles perspectives de croissance pour le prochain exercice.

Un capital technicité mis à disposition des sociétaires

J.-M. Audouit considère que le métier des ventes d’approvisionnement doit être abordé avec beaucoup de technicité et une connaissance approfondie du territoire : « Les attentes en matière de meilleure maîtrise des itinéraires culturaux des céréales et de la vigne sont de plus en plus importantes. Au niveau des céréales, la recherche d’une meilleure maîtrise des taux de protéines et des poids spécifiques nécessite une vigilance accrue dans la gestion des fumures non pas pour en apporter plus mais pour moduler les apports en tenant compte à la fois des stades clés et de la climatologie. En vigne, l’augmentation de productivité doit être abordée en ayant toujours une approche globale appropriée à la nature des sol et à l’état agronomique des souches de chaque parcelle. Vouloir trop standardiser des apports de fumure à l’échelle de vignobles de 30, 50 ou 80 ha n’est pas forcément la meilleure solution. L’observation fine du comportement et de la productivité des divers îlots de terroirs débouche toujours sur des approches de travail plus différenciées, plus efficaces et généralement moins coûteuses au fil des années. Les techniciens de la coopérative disposent à la fois d’une connaissance des sols de leur territoire, d’outils d’aide à la décision novateurs et d’une expertise globale en phase avec les attentes les plus diversifiées. Ce capital de technicité constitue le fondement d’une de notre approche de service auprès des sociétaires. »

Les points clés de l’exercice 2012 de la CARC

• Un chiffre d’affaires de 14,12 millions d’e et un résultat net de 159 000 e.
• Une collecte de céréales d’été record en blé et en orge, et une bonne qualité de produits.
• 60 % de la collecte sont commercialisés directement sur des marchés de niche qualitatifs.
• La mise en place de suivis culturaux pointus avec les adhérents pour produire des lots de céréales plus qualitatives.
• Une capacité de stockage en augmentation (75 à 80 % d’une collecte).
• Les ventes d’approvisionnements représentent 51 % du CA.
• La forte pression de mildiou a favorisé les réapprovisionnements en cours d’été.
• Le pôle d’activité Ecovigne est devenu important au cours des 5 dernières années (25 % du CA appros).
• Une volonté permanente de mettre en connexion l’agriculteur avec les attentes du marché.

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