Le millésime 2019 est déjà fortement marqué par des enjeux de Vini-Réalités liés à la fois à un contexte agronomique particulier et à une économie du Cognac porteuse . Ces éléments vont interférer fortement sur le déroulement des vendanges et la structure qualitative des vins. Le millésime 2019 se présente sous la forme d’un savoureux cocktail «d’agro-économie» intégrant de la cohérence et aussi de véritables contradictions. Les plus belles eaux de vie du monde sont façonnées par «des effets nature» qui leur confèrent leur grandeur et les rendent plus ou moins jalouses. L’excellence du «nectar» régional sera cette année l’aboutissement d’un cycle végétatif, compliqué, très hétérogène, moyennement généreux en volume et impacté par un été chaud. Les raisins d’ugni blanc vont atteindre naturellement un niveau de maturité poussé et aussi dopé par les réalités économiques.
Les forts besoins de la filière Cognac ont amené les représentants viticoles de l’UGVC et les membres de l’interprofession à fixer le rendement Cognac à 14,64 hl d’AP. Un tel niveau de production ne constitue pas réellement une surprise compte tenu à la fois du niveau des besoins en eaux de vie établis par le business plan et des perspectives de production plutôt moyennes de l’année. Les décideurs de la filière ont fait le choix de capter tous les volumes disponibles de la région en s’appuyant sur les réalités d’expansion des expéditions actuelles et futures porteuses. Cette stratégie d’approvisionnement généreuse est pilotée en parfaite cohésion par les deux familles du négoce et de la viticulture. Le cap du développement des besoins de production pour le futur justifie les rendements Cognac actuels élevés et aussi le développement des surfaces de vignes. Les représentants actuels de l’UGVC qui ont muri cette réflexion à partir des données du Buisness-Plan, doivent convaincre les 4000 viticulteurs du bien-fondé de leur stratégie. Or, le réalisme terrien «des hommes de l’art» leur confère une capacité d’analyse qu’il ne convient pas de sous-estimer. Ils sont à la fois cultivés, informés, intéressés, impliqués, mesurés et plus que jamais réalistes. Le projet de développement viticole d’avenir ne doit-il pas être construit en intégrant plus de sens des Vini-Réalités des hommes de l’art ? Les choix stratégiques actuels vont concerner l’avenir de plusieurs générations de familles de viticulteurs.
La fin du cycle de maturation des raisins va intégrer une forte dose de «Matu-Réalité» dans de nombreuses propriétés ou les potentiels de rendements se situent autour d’une centaine d’hl 100 /ha. Le fait de vouloir tirer profit au maximum de la période de beau temps de septembre est implicitement cautionner par le niveau du rendement Cognac de 14,64 hl/ha. La récolte et le traitement de raisins mûrs seront l’âme du challenge qualité des vinifications 2019. L’évolution climatique avec des étés plus chauds et très secs modifient profondément le cycle de maturation des raisins qui est à la fois plus poussé, plus rapide et sûrement différent. De telles structures de grappes doivent être vinifiées avec plus d’attention pour valoriser un potentiel aromatique présent mais plus difficile à «capter». La diversité des états de maturité et des rendements seront des éléments à bien appréhender pour élaborer des vins de distillation riches. La conduite des vinifications va nécessiter cette année un niveau de technicité accru et un encadrement technique pointu que seuls les œnologues de terrains sont en mesure d’apporter. Penser un itinéraire de vinification est l’aboutissement d’une réflexion concertée entre le ressenti du vinificateur et un regard pertinent d’un expert connecté au vécu du terroir. C’est un moyen judicieux d’anticiper, de prévenir d’éventuelles situations à risques avant que celles-ci n’engendrent de conséquences.
L’équipe du Paysan Vigneron souhaitent d’excellentes vendanges à l’ensemble de ses lecteurs.
