La cave des Hauts de Gironde se donne les moyens de construire son avenir

10 mars 2009

La cave des Hauts de Gironde est une entreprise qui a toujours su faire preuve de dynamisme et actuellement elle se donne les moyens de construire son avenir. Lors de l’assemblée générale qui s’est tenue à la fin du mois de février, le conseil d’administration a présenté son projet d’entreprise à l’horizon 2012. La dimension actuelle de la coopérative et surtout sa capacité à élaborer des vins correspondant aux attentes des distributeurs et des consommateurs permet d’aborder l’avenir avec une vision à la fois ambitieuse et réaliste.

La cave des Hauts de Gironde est devenue un acteur économique incontournable du nord du département et l’entreprise a su se construire une image de producteurs de vins blancs et de vins rouges de qualité dans l’univers bordelais. Une forte relation existe entre les 480 adhérents et leur cave, et cette implication s’est manifestée lors de l’assemblée par la présence d’un public nombreux et attentif aux débats qui ont duré plus de trois heures.

Un exercice d’après fusion conforme aux objectifs

L’exercice 2005-2006 est le premier la nouvelle entité de la cave des Hauts de Gironde d’après fusion. Les aspects de comptabilité et de régie ont été complètement harmonisés dans le courant de cet exercice et des économies d’échelles significatives ont été réalisées. La présentation de l’activité révèle une baisse des charges directes de 13 % qui est cohérente par rapport aux objectifs annoncés avant la fusion. Les frais de vinification se situent en dessous le niveau de 20 € ht/hl (le plus bas des coopératives d’Aquitaine) malgré des investissements conséquents sur les nouveaux sites. L’augmentation de taille de l’entreprise s’est aussi accompagnée d’un accroissement des capitaux propres qui au cours des trois dernières années passent de 8,7 à 12 millions d’€. Au cours des vendanges 2005, la production de vins blancs représente 35 000 hl et celle des vins rouges 115 000 hl (dont 69 000 hl de Côtes-de-Blaye). Le chiffre d’affaires de la cave a atteint 23 millions d’€ (sans l’activité vente en bouteilles) et un résultat de 115 000 € a été dégagé. Dans le contexte actuel, le conseil d’administration a préféré minimiser le résultat de la cave et redistribuer des niveaux de revenus décents aux adhérents. Lorsque le contexte économique sera meilleur, la coopérative pourra de nouveau dégager des profits sans que les revenus des viticulteurs en soient pénalisés. Durant le dernier exercice, la totalité du millésime 2003 a fini d’être réglé et pour la récolte 2004, les blancs ont été aussi totalement payés et en rouge il ne reste que 8 % à rémunérer. Les vins rouges du millésime 2004 de première qualité ont été financés aux producteurs sur des bases de cours en vrac nettement supérieures aux cotations régionales. Le fonds de roulement est aussi en nette augmentation pour faire face aux besoins de l’activité. L’entreprise possède une autonomie financière de 35 % qui demeure stable depuis trois ans.

Un débouché porteur sur les vins blancs et les vins rouges de qualité

Malgré un contexte de marché plus difficile, la coopérative a réussi à commercialiser plus de 155 000 hl de vin et les stocks de mauvaise qualité ont été écoulés. En fin d’exercice, le stock de vins (essentiellement des lots de qualité) représente un volume de 30 000 hl dont une partie était prévendue de façon contractuelle. Un GIE de commercialisation

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M. Stéphane Héraud, le président de la cave des Hauts de Gironde.

a été mis en place avec les coopératives UNI-MEDOC et PRODIFFUT pour essayer de mener des actions communes sur les marchés internationaux. La coopérative continue de se donner les moyens d’améliorer la qualité de ses vins et elle a réalisé au cours de l’exercice des investissements dans 15 000 hl de cuverie supplémentaire. La grille de paiement à la qualité va devenir encore plus incitatrice pour récompenser les viticulteurs qui font des efforts et aussi pénaliser les apporteurs de mauvais raisins. Le marché est soutenu au niveau des vins blancs puisque la totalité de la récolte a été vendue sur des bases de prix attractives. Néanmoins, le revenu des viticulteurs a diminué de 10 % en raison de la baisse de rendements de 5 hl/ha. Le souhait du conseil d’administration est de voir remonter le niveau de production/ha pour la récolte 2007 et M. S. Héraud tient sur ce sujet un discours empreint de réalisme : « A force de diminuer les rendements, on va décourager ceux qui font de la qualité. Notre cave est un acteur important sur le marché des vins blancs en Gironde et les partenariats commerciaux que nous avons tissés depuis longtemps nous permettent d’avoir

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Un public nombreux et attentif.

des débouchés valorisants. Actuellement, on refuse des marchés de blancs tous les jours ! » Au niveau des vins rouges, la situation est plus compliquée mais d’une façon générale, les vins de qualité trouvent de meilleurs débouchés. La commercialisation des hauts de gammes s’est effectuée dans de bonnes conditions, celle des moyennes gammes dégagent un revenu suffisant mais par contre les lots bas de gamme trouvent difficilement preneur et à des niveaux de prix très bas pour la cave et ses adhérents. En fin d’exercice, la part de mauvais vins dans le stock de la coopérative est heureusement très faible et 20 000 hl de vins des millésimes 2004 et 2005 ne faisaient l’objet d’aucun engagement de commercialisation. Les responsables de la cave considèrent, d’une part, que certains terroirs ne sont pas propices à l’élaboration des vins rouges de qualité et, d’autre part, que l’engagement des viticulteurs dans la mise en œuvre de pratiques culturales qualitatives doit être poursuivi.

Quelques signes encourageants au niveau du marché des vins de Bordeaux

Le marché des vins rouges de Bordeaux après une succession d’années très difficiles manifeste quelques signes encourageants. Depuis 6 mois, on assiste à une augmentation des ventes en volume et en valeur, et les vins standardisés du nouveau monde semblent moins capter l’intérêt des consommateurs. La situation dans le court terme est marquée par un enregistrement des contrats d’achats de vins en vrac à la propriété en hausse sur le plan volumique mais par contre les cours des transactions restent encore à des niveaux bas. L’augmentation des sorties des chais et la diminution des volumes produits depuis plusieurs années vont sûrement permettre à moyen terme de réduire le poids des stocks. Néanmoins, la reprise de l’activité demande à être confirmée dans les mois à venir. Les propos de S. Héraud ont cependant été mesurés car l’amélioration de la dynamique commerciale ne se fait pas encore sentir au niveau de la filière de production bordelaise : « L’évolution positive des ventes de vin depuis plus de 6 mois est bien sûr une bonne nouvelle mais cela ne signifie pas pour autant que la crise dans le vignoble est terminée. J’ai le sentiment que l’on est au fond du trou. Les vins de terroir reviennent à la mode et c’est une chance pour nous. Par ailleurs, depuis 2 ans Bordeaux produit ce qu’il vend et la distillation de retrait a permis d’éliminer une partie des volumes excédentaires. Nous devons continuer à nous investir dans la production de vins rouges de qualité car seuls ces vins pourront trouver un débouché valorisant sur le marché. »

Le très bon état d’esprit de « la Maison »

Le millésime 2006 a été plus difficile à vinifier que celui de 2005 où tout était bon. Les vins blancs ont cependant été d’une qualité exceptionnelle en raison d’une climatologie moins « brûlante » au mois d’août. Par contre au niveau des vins rouges, l’hétérogénéité de maturité des raisins au moment de la récolte a été beaucoup plus importante. Les incidences des effets terroirs et des pratiques viticoles se sont avérées déterminantes vis-à-vis de la qualité finale des vins. Le travail de sélection qualitative au niveau du parcellaire et les moyens technologiques importants des unités de vinification de la cave ont permis d’élaborer des vins rouges de bonnes qualités dont la typicité correspond aux attentes diversifiées des acheteurs. Les opérateurs commerciaux semblent à la recherche de fournisseurs qui aient une bonne réactivité dans leurs approches d’élaboration des vins et la cave a noué de nouveaux contacts avec des distributeurs à l’exportation. S. Héraud a tenu aussi à remercier les viticulteurs et le personnel pour leur investissement dans le fonctionnement de l’entreprise : « Le très bon état d’esprit au niveau de la cave nous permet de traverser cette période difficile en faisant preuve de beaucoup de dynamisme. Le conseil d’administration est très impliqué dans la vie de la maison et les absences sont rares lors des réunions. Au sein de nos sociétaires, la présence de 70 jeunes est aussi un facteur de dynamisme pour construire l’avenir. Les salariés ont aussi un état d’esprit exceptionnel et c’est l’une des clés de la réussite de notre entreprise. Nous sommes tout à fait conscients des efforts que nous demandons aux viticulteurs et aux salariés et nous vous en remercions. »

Un projet d’entreprise « Haut de Gironde 2012 » pour améliorer le revenu des viticulteurs

Le dernier volet de l’assemblée générale a été consacré à la présentation du projet d’entreprise à l’horizon 2012. Le conseil d’administration a mené une réflexion de fond pour conduire le développement stratégique de la coopérative dans la décennie à venir. S. Héraud considère que le rôle d’un chef d’entreprise est de prendre du recul pour analyser la situation de sa société, bien appréhender son positionnement dans l’environnement économique et construire son développement dans l’avenir : « Avec le conseil d’administration nous avons beaucoup travaillé à la mise en place de notre projet d’entreprise à l’horizon 2012. La coopérative possède des atouts indéniables, une taille attractive, la motivation des adhérents, la compétence des salariés, une richesse de terroirs, une qualité des vins rouges et blancs reconnue, une forte culture et aussi quelques faiblesses, une organisation interne pas toujours suffisante, des différences de formations entre les adhérents, une stratégie commerciale pas toujours suffisamment lisible et une gestion complexe sur de multiples sites. Par ailleurs, un tiers de notre production de vins rouges ne correspond pas suffisamment aux attentes des consommateurs, ce qui rend ces productions difficiles à commercialiser ou à des niveaux de prix bas. L’enjeu du travail effectué par le conseil d’administration a été d’essayer d’apporter des réponses aux problèmes en faisant en sorte de maintenir les acquis et même de les renforcer. Cela a débouché sur la mise en place d’une stratégie agressive et ambitieuse ayant comme seul objectif d’améliorer le revenu des viticulteurs. » La coopérative va donc mener dans les années à venir une mutation interne d’envergure qui concernera à la fois la démarche de production au vignoble, l’adaptation des investissements techniques sur les différents sites et la stratégie commerciale.

Devenir de plus en plus professionnel au vignoble

Au niveau du vignoble, la reconversion des parcelles de cépages rouges potentiellement les moins qualitatives (mal situées, sur des sols froids…) en cépages blancs va être encouragée par un soutien financier de la cave en complément des aides pour la restructuration. Il est prévu l’implantation de 250 ha de Sauvignon supplémentaires dans les cinq ans à venir, soit par replantation (avec 800 € ht/ha pendant 2 ans), soit par surgreffage (1 600 € ht/ha dès la première année). Un essai de surgreffage sera mis en place cette année chez quelques viticulteurs motivés afin de bien cerner les avantages et les limites de cette pratique. Les techniciens de la cave (MM. Jérôme Ossard et Christian Gogourio) sont en train de planifier l’organisation des chantiers de surgreffage qui se dérouleront au début du mois de juin. La réussite du surgreffage est souvent liée au travail d’entretien des parcelles et tout particulièrement à la fréquence des arrosages (surtout si juin et juillet sont chauds et secs) et des interventions en vert pour protéger le développement végétatif des jeunes rameaux. L’autre évolution importante concernera la mise en place d’une nouvelle grille de rémunération dès la récolte 2007 qui prendra plus en compte la variabilité de certains paramètres. Des critères de tenue du vignoble entreront pour 20 % dans la rémunération globale pour récompenser les efforts à la vigne de certains viticulteurs (parfois déçus par les contrôles au quai) et inciter les autres à faire aussi des interventions en vert. A partir de 2008, d’autres aspects plus réglementaires rentreront en vigueur (en relation avec la réforme des agréments) mais ils n’interféreront que pour 5 % dans la rémunération. Enfin, le conseils d’administration souhaite aussi que les viticulteurs continue de se former afin de travailler en parfaite synergie avec la cave. Des formations techniques et de gestion seront organisées par les équipes de la cave afin que chaque adhérent puisse suivre deux cycles de formations (obligatoires) chaque année. La mise en place de ces nouvelles actions va être encadrée par la création de plusieurs commissions de travail et dans les semaines à venir, un technicien du vignoble supplémentaire sera recruté pour étoffer l’équipe actuelle animée par Jérome Osard et Christian Gogourio.

Adapter l’outil technologique aux objectifs commerciaux : 8 millions de cols vendus en 2012

Les infrastructures de vinification, de stockage et de conditionnement des vins vont devoir aussi évoluer pour valoriser les efforts réalisés au vignoble et aussi adapter la qualité des vins aux attentes des consommateurs. La mise à niveau de l’outil technologique va s’étaler sur la période de 2007 à 2012 en faisant preuve de réalisme économique. En effet, à partir de 2008 et 2009, la coopérative va retrouver une capacité d’investissement plus importante en raison de la fin du financement des infrastructures construites au début des années 90. Les futurs aménagements ont été planifiés et les principaux chantiers vont concerner le redimensionnement de la thermo de Marcillac, l’acquisition et la rénovation de cuverie sur plusieurs sites, la mise en place de stations de traitements des effluents performantes, la création d’un centre d’embouteillage, l’aménagement des locaux administratifs devenus trop exigus et le développement de moyens œno-touristiques. Cette étape de remise à niveau de l’outil sera dans les faits complètement liée à l’évolution de la stratégie commerciale. Dans ce domaine, la philosophie de l’entreprise sera désormais d’acquérir plus d’indépendance commerciale (notamment à l’exportation) en s’appuyant sur la marque forte : Tutiac. La cave, qui depuis quelques années connaît un bon développement de ses ventes de vins en bouteilles sur le marché français, va désormais déployer de nouveaux efforts pour se positionner à l’international. S. Héraud a clairement exposé que l’avenir du revenu des viticulteurs des Hauts de Gironde devait s’appuyer sur une croissance des ventes de vins en bouteilles, en blanc, en rouge et en rosé. Les objectifs annoncés de 8 millions de cols commercialisés à l’horizon 2012 (dont la moitié des volumes à l’exportation) peuvent paraître ambitieux mais en fait ils correspondent à l’écoulement de 60 000 hl de vin. L’entreprise va donc se donner les moyens de ses ambitions en renforçant l’équipe commerciale (création d’un poste de responsable export), en proposant de nouvelles gammes de vins (Terroirs de Tutiac, Cépages de Tutiac…), et en s’appuyant sur les structures du nouveau GIE de commercialisation.

 

La mise en place d’un réseau d’observation pour la lutte raisonnée

La cave des Hauts de Gironde met en place un réseau d’observation phénologique dont la finalité sera d’aider les viticulteurs à optimiser la conduite de leur protection du vignoble. M. Jérôme Ossard et M. Christian Gogourio ont pris contact avec l’ITV de Bordeaux qui va s’investir dans la construction de cette action technique de terrain. La démarche va reposer sur la mise en place d’une dizaine de parcelles de référence sur lesquelles des viticulteurs volontaires vont effectuer des observations toutes les semaines sur une parcelle identifiée. Les résultats de ce travail seront transmis à l’équipe technique de la cave (par fax ou e-mail) et à l’ITV qui en retour feront une synthèse régulière (toutes les semaines) des risques parasitaires. La cave organisera des réunions bout de vigne ouvertes à tous les adhérents au cours desquelles seront débattus les sujets d’actualité du moment. Le choix des sites d’observations tiendra compte des différentes zones de collecte de la cave et des trois cépages principaux. La participation des viticulteurs à cette action de lutte raisonnée de terrain sera considérée comme une démarche de formation continue. D’ici quelques jours, l’équipe technique fera parvenir aux viticulteurs les modalités pratiques pour adhérer à cette nouvelle démarche.

Concours de bordeaux

vins d’aquitaine : la compétition sera rude

Le chiffre est tombé : 3 716 vins se sont inscrits au 51e Concours de Bordeaux – Vins d’Aquitaine, programmé le samedi 12 mai à Bordeaux. Autant dire que la confrontation sera rude cette année encore, puisque pas plus de 30 % de ces vins ne seront médaillés, comme le stipule les règlements. Nouveauté 2007, les tous nouveaux Vins de Pays de l’Atlantique concourront, 46 au total : 27 rouges, 8 blancs secs, 1 moelleux et 10 rosés.

Mais pour l’instant, l’heure est aux prélèvements. Vingt-six préléveurs, missionnés par la Chambre d’Agriculture de la Gironde, sillonnent le vignoble aquitain depuis le 7 mars et ce jusqu’au 3 avril. Leur mission : se rendre dans les 63 caves coopératives, chez les 53 négociants et chez les 1 284 viticulteurs qui se sont inscrits, pour se procurer le fameux échantillon.

Car pas question pour les candidats au Concours de Bordeaux d’adresser directement leur échantillon à l’organisation. Le vin est prélevé directement dans les chais, par ces préleveurs. Un moyen infaillible pour s’assurer que le vin inscrit sera bien celui qui sera dégusté le jour du concours. Bref, un obstacle à toute tentative de fraude !

Pour chaque vin qu’il présente au concours de Bordeaux, le producteur fournit quatre bouteilles : deux sont destinées à la dégustation le jour même du concours (une est remise aux jurés, l’autre est gardée en réserve en cas de problème sur le premier, type goût de bouchon). Une autre est transmise à un laboratoire pour analyse. La quatrième est laissée à la disposition de la Répression des Fraudes, en cas de litige.

Contact : Service Vigne et Vin – Sandra Lacoste. Tél. 05 56 35 51 88 – concours@gironde.chambagri.fr

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