Jean-Philippe Ardouin fait le point sur l’actualité viticole

17 décembre 2019

Député LREM de la 3e circonscription de Charente-Maritime (Saintes-Saint-Jean-d’Angély), Jean-Philippe Ardouin est revenu sur les actualités qui secouent, plus ou moins fortement, le monde agricole, que ce soit le relations internationales et commerciales délicates, les traités internationaux, et, au point de vue national, le manque de moyen et de considération du monde agricole français.

 

Comment vivez-vous, en tant que député, les traités internationaux ratifiés ou en cours de négociation, notamment le CETA et le MERCOSUR ?

 

Concernant le CETA, j’avais voté favorablement par délégation au groupe. Je m’en étais d’ailleurs expliqué avec le monde agricole, FNSEA et JA. Le premier élément est qu’il valait mieux bâtir des règles avec le Canada, plutôt que de voir un scénario nous échapper au fur et à mesure du temps.

Ce traité existe depuis 2 ans, et il n’y a eu aucune déstabilisation des filières. Sur l’aspect économique, il est plus que favorable à l’Europe, à la France, car nous avons davantage exporté vers le Canada que le contraire. Le Canada fait essentiellement ses affaires avec les États-Unis. Pour certains secteurs stratégique, les vins, les parfums, ou encore les produits laitiers, cela se traduit par un accès facilité pour les entreprises françaises.

La filière sensible reste la filière bovine. Seulement, sur les 52 lots de viande d’origine canadienne furent contrôlés, aucune ne présenta d’irrégularité. Les flux entre l’Europe et le Canada sur ces produits demeurent très faibles, 12 tonnes sur un marché de 1,5 million de tonnes.

Il ne faut oublier que ce traité modifie les tarifs douaniers mais en rien les normes sanitaires. Nous ne pouvons importer ce qui ne correspond pas aux normes européennes. Cela ne veut pas dire que nous n’allons pas surveiller cet accord. Nous allons continuer les contrôles car il faut toujours rester vigilant. Au niveau environnemental, il n’y avait pas de difficulté, parce que le Canada respecte énormément de critères, ce qui n’est pas du tout le cas du MERCOSUR.

Les écrits sont encadrés, donnant plus de garanties que si rien n’avait été signé. Le CETA n’est pas encore à l’ordre du jour du Sénat, mais il sera important de voir comment la deuxième assemblée se positionnera. La balance est vraiment de notre côté.

 

MERCOSUR

Je suis beaucoup plus sceptique et réservé. Nous avons une agriculture française exigeante en terme de normes sanitaires et environnementales ; de l’autre côté nous n’en avons pas la sécurité. Il va falloir qu’ils fassent énormément d’effort et que nous soyons vigilants. Il est hors de question de faire venir des viandes qui ne sont pas dans les normes françaises.

Depuis la loi EGALIM, nous avons renforcé les règles d’importation autour des normes environnementales.

La président a déclaré qu’l n’y aurait pas d’accord sur le MERCOSUR tant que les normes environnementales, notamment le respect de la COP 21, n’étaient pas respectées, il n’y aurait pas de signature de notre pays.

 

Dans les relations commerciales internationales, les États-Unis jouent également les partie, poussant à une taxe sur les importations de vins comme réponse à la taxe GAFA en Union européenne [N.D.L.R. : Google Apple Facebook Amazon].

 

Je suis tout à fait favorable à la taxation sur les GAFA. Il s’agit de grands groupes mondiaux, pouvant rendre davantage aux territoires qu’ils traversent, en France et Europe. La taxe sur les vins correspond au réflexe des États-Unis de nous taxer en représailles. Nous ne reviendrons pas sur ces taxes GAFA, et je ne pense pas que les États-Unis iront jusqu’au bout. Ce serait très dommageable et il faudra tout faire pour que cela n’existe pas, surtout dans les départements 16 et 17, car cela pourrait s’étendre au Champagne et au Cognac, qui est primordial pour notre territoire.

 

Quelle est votre position sur l’éventuelle perte de financement des Chambres d’agriculture ?

Nous leur en demandons de plus en plus ces dernières décennies. Il y a mission d’accompagner le monde rural dans les transmissions. Ce n’est pas du tout le moment de leur imposer de nouvelles contraintes budgétaires. Nous sommes certains nombre de députés dans cette logique. C’est loin d’être fait mais nous sommes nombreux à penser que le moment n’est pas bien choisi. Les Chambres d’agriculture font déjà de nombreux efforts et, surtout dans nos territoires ruraux, elles permettent de tisser les liens nécessaires afin qu’il n’y ait pas de trop de concentration de population dans les villes.

L’idée initiale de la baisse du budget des Chambres d’agriculture fut, par voie de conséquence, d’augmenter le pouvoir d’achat des agriculteurs. Seulement, nous nous sommes rendus compte que les agriculteurs n’en bénéficieraient pas forcément. Tous ne sont pas tous forcément propriétaire de leurs terres ; ainsi les propriétaires terriens en profiteraient tous, mais ne seraient pas forcément issu du monde agricole.

Il ne faut pas fragiliser les Chambres d’agriculture car leurs missions se multiplient, s’intensifient, notamment depuis les États Généraux de l’alimentation. Je souhaiterais qu’elles continuent leur rôle d’accompagnement par rapport aux agriculteurs, et qu’il soit accru au niveau du soutien juridique et social, comme des besoins de saisonniers. Les agriculteurs n’auraient pas à se soucier du type de contrat à mettre en place lors de leurs embauches. Les Chambres d’agriculture pourraient les aider à décider rapidement et efficacement. Cela facilitera l’emploi et le recrutement dans les périodes saisonnières, alors que les agriculteurs ont déjà énormément de pain sur la planche dans d’autres domaines. Cela se traduit par un investissement tout au long de l’année au niveau environnemental.

 

En guise de conclusion, quel autre sujet vous préoccupe quant au monde agricole ?

Le dénigrement du monde agricole, l’ « agribashing » s’intensifie et la manière ou les choses se passent est inacceptable. Les agriculteurs, viticulteurs, arboriculteurs ne fabriquent pas les produits, ils les utilisent. Que les grands groupes fabriquent des produits conformes et qu’ils investissent dans la recherches afin que tous les utilisateurs manipulent des produits en accord avec nos attentes. Nous devons engager une phase d’évolution et mettre la pression davantage sur les fabricants.

 

 

 

Rapide biographie :

Jean-Philippe Ardouin, LREM, 3e circoncription de Charente-Maritime, Saintes-Saint-Jean-d’Angély.

 

2008-2014 : Conseiller municipal de Saintes, président du groupe Mieux Vivre à Saintes ; Conseiller communautaire, Communauté d’Agglomération de Saintes.

Directeur commercial et gérant Château Guinot, à Tesson (Fins Bois), ancien membre du Bureau

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