Jean-Louis Brillet ne désarme pas

11 février 2009

Le président du SVBC persiste dans sa dénonciation du projet d’affectation. Son credo : « à partir du moment où l’économique ne tient pas la route, le juridique suit ». 

Celui qui pouvait renvoyer l’image d’un syndicaliste « de salon » a le cuir plus épais que prévu. Il s’accroche, il persiste. Malgré « le sens de l’histoire » (voir encadré sur l’audit commandé par la Commission) qui vaut à son équipée d’être parfois qualifiée de « combat d’arrière-garde », J.-L. Brillet n’abdique pas. Même après la réunion du groupe de travail interprofessionnel sur l’alternative double fin, dont les conclusions ne lui ont pas été favorables (lire ci-dessous les commentaires de J.-P. Lacarrière), Jean-Louis Brillet ne s’avoue pas vaincu. Il poursuit la lutte « pour faire gagner le produit Cognac ». Car, à la base, le SVBC considère le projet d’affectation comme une « machine à perdre » pour les monoculteurs vigne ou, en tout cas, les viticulteurs les plus engagés dans la production de Cognac. A ce propos, J.-L. Brillet informait de son intention d’adresser un courrier au président du BNIC « pour lui rappeler le rôle que doit jouer l’interprofession Cognac sur le produit phare de la région ». « Comment cautionner un système qui fait monter le prix de revient de l’ha Cognac à 9 ou 9,5 hl AP ? » Revendiquant « un droit à la rentabilité » pour les exploitations viticoles, J.-L. Brillet refuse le « diktat » du projet d’affectation, un projet qui, dit-il, « a été avalisé avant tout chiffrage économique ». « On nous a mis devant un non-choix : ou l’affectation ou le néant. Mais c’est faux. On marche à l’envers. A partir du moment où l’économique ne tient pas la route, le juridique s’adapte. » Le président du SVBC a lancé « un appel solennel » à toutes les bonnes volontés indépendantes pour l’aider à « barder juridiquement une alternative double fin sans D.O. avec quota d’exploitation durable et CVO solidaire ». « Le système de double fin constitue la méthode la plus souple et la plus adaptée à notre région. »

Contacté, Jean-Pierre Lacarrière a confirmé que les principales propositions du groupe de travail réuni début mars sur la double fin seraient présentées au prochain comité permanent du BNIC. Il s’agissait notamment d’examiner si un pseudo article 28 gratuit et sans frais pour l’Europe serait valable juridiquement. Les juristes du BNIC, adossés à ceux du ministère, ont conclu à l’extrême difficulté d’un tel dispositif au plan juridique. Même chose pour la QNV d’exploitation, jugée « inenvisageable ». Commentaires de Jean-Pierre Lacarrière : « l’Interprofession ne peut pas prôner un système qui n’est pas imparable au plan juridique. Il nous faut une base solide et indiscutable. » Au passage, le président de l’interprofession a rappelé que la région des Charentes n’était pas décisionnaire dans la réforme de l’OCM vitivinicole et que toute demande dérogatoire devait non seulement être défendue par l’Etat français mais encore votée par les 24 autres pays. Le président du BNIC s’est délibérément projeté dans l’avenir. « Nous n’avons pas de temps à perdre pour négocier la QNV régionale de la prochaine campagne et prévoir la mise en place de la période transitoire qui, par définition, va s’écouler entre le système A et le système B. Ce ne sera pas simple. »

L’article 28 sur un siège éjectable

« Les mesures de distillation de vin ne sont ni efficaces ni efficientes pour l’élimination des excédents structurels »…« L’aide pour la distillation pour la production d’alcool de bouche, la distillation de vin issu de raisins à “double classement” et la distillation de crise devraient être abandonnées »… Les experts mandatés par la Commission européenne pour rendre un rapport sur la situation viticole actuelle, dans la perspective d’une réforme de l’OCM vin, n’y vont pas par quatre chemins : pour eux, sans l’ombre d’une ambiguïté, les distillations aidées doivent passer à la trappe. Désormais, le seul juge de paix recevable est le marché : produire pour vendre et non plus produire pour détruire. Si les orientations contenues dans le rapport « n’engagent en rien la Commission », il est tout de même clair qu’elles se situent dans le droit fil de la réforme de 1999, qui avait déjà marqué un certain désengagement de l’OCM vin vis-à-vis des mesures de gestion du marché : distillations non plus obligatoires mais volontaires, débouchés alcool de bouche… Ainsi, les spécialistes considèrent-ils le rapport d’audit comme « autant de signaux et de clignotants que la Commission entend mettre en évidence ». Ils soulignent aussi que « cette approche plus réaliste du marché pourrait s’accompagner de mesure d’aides pour accompagner les efforts des professionnels pour se reconvertir et s’adapter à la nouvelle donne ». Mais de cela bien sûr, le rapport ne dit mot, lui qui est chargé de constater un état des lieux et non d’émettre des propositions.

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