Forum « Eau et Agricultures du grand Sud-Ouest, des destins liés », conférence de presse d’Alain Rousset et Guillaume Choisy

18 novembre 2021

La Rédaction

En marge du forum « Eau et Agricultures du grand Sud-Ouest, des destins liés », une vision-conférence de presse a été organisée, avec Alain Rousset – président de la région Nouvelle-Aquitaine – et Guillaume Choisy, directeur de l’Agence de l’Eau Adour Garonne.
Ils ont présenté les grands axes de cette journée du 18 novembre 2021, avec 702 participants sur place, à Auzeville-Tolosane, dans la banlieue de Toulouse.

Alain Rousset a parlé d’un « paradoxe assez difficile à résoudre ». « Toute plante a besoin d’eau, et toutes ne poussent pas en même temps. Sur le plan économique, la valeur ajoutée est liée, notamment, à la production de semences, de fruits et de légumes, par l’eau et par l’irrigation.
Il y a moins d’eau pendant les périodes d’étiage (« Niveau le plus bas atteint par un cours d’eau ou un lac », explique le site Internet du dictionnaire de l’Académie française), les durées des sécheresses et des canicules plus longues, et la nécessité d’économiser et de partager l’eau.
La voie pour régler ce type de problème est multiple et suppose une forte volonté politique. Le problème de la quantité et de la qualité questionne la manière de régénérer le sol. L’agriculture régénératrice donne plus de chances aux paysans pour trouver les revenus liés à leur métier. »

« Les enjeux technologiques posent la question de la qualité de l’eau au sortir des stations d’épuration, des hôpitaux, et rattraper ce que la société moderne, notamment en matière de médicament, a amené en termes de pollution.
Il faut que face à ces problèmes d’eau, développer la ré-utilisation de l’eau (notamment à la sortie des stations d’épuration). Il faut que nous ayons, au niveau de l’agriculture – et c’est une autre bataille à mener –, offrir aux agriculteurs des technologies, des produits, des traitements alternatifs bios-sourcés, face aux produits phytosanitaires. Ils existent, mais il y a un problème d’homologation par l’ANSES.
Nous devons accompagner les agriculteurs et les sortir de leurs impasses, en travaillant à la notion d’adaptation, au-delà de la résilience. Les pratiques sont en place chez les agriculteurs (ils travaillent les pois, la luzerne, des prairies diversifiées). Et il faut sauver l’élevage, car il y a un risque de disparition des prairies. La disparition des prairies signifie la disparition des stockage de l’eau et du carbone. Nous sommes face un défi majeur. »

Guillaume Choisy, directeur de l’Agence de l’Eau Adour Garonne : « Besoin d’accélérer le mouvement. »
« Nous mettons en place une stratégie d’anticipation et d’accélération de la transition agricole pour contrer la dégradation de la qualité de la biodiversité. L’objectif est de pouvoir, d’ici 2027-2030, d’avoir une inversion des courbes des nitrates, de reconquérir la qualité, et la quantité dans les sols, par le développement de l’agro-écologie. Le développement, la valorisation, jusqu’aux réseaux de distribution pour travailler ensemble.
Nous mettons en place des outils répondant au besoin de transition des filières, comme un fonds de contribution pour garantir la transition (carbone score). Nous avons besoin d’accélérer le mouvement. La filière agro-alimentaire est la première du bassin eau Garonne, avec un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros par an. Nous devons la maintenir, au sein des enjeux environnementaux et économiques, à valoriser par la filière. »

Alain Rousset, éviter le retour de la pénibilité agricole.
Dans ce cadre-là, « les coopératives sont dans un modèle intéressant, par un système contractuel, la connaissance des adhérents, la présence d’outils techniques. Nous avons signé la convention NEO-TERRA avec les coopératives, qui représentent 73% des agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine ».
« Les agriculteurs observent que la baisse du coût des intrants compense largement la baisse du rendement (20-30%). L’agriculteur ne bascule pas sur une autre stratégie comme peuvent le faire les bios – où il y a aussi des problèmes (accès à l’eau, utilisation du cuivre, usure des sols). Cela relève le problème des alternatives aux pesticides.
Si la transition agro-écologique redonne la pénibilité du travail agricole, il y aura une grosse difficulté de l’embauche de l’emploi agricole. La vigne, hors glyphosate, a du mal à trouver du matériel pour nettoyer sous la vigne. C’est là où il faut, en termes de relocalisation industrielle, du matériel agricole intelligent. »

« On a vu que l’irrigation participait à la valorisation de certaines cultures. Avec ce qu’il se passe sur le lac de Caussade et les bassines niortaises, la question de l’irrigation va être centrale dans ce pacte? L’objectif c’est d’en réduire l’amplitude ou de s’en passer? Et est ce possible et réaliste?
C’est impossible de s’en passer. Si l’on veut des pratiques agricoles face aux adventices – comme le programme protéines pour limiter les importations de soja à destination de l’élevage –, si ces plantes ne lèvent pas rapidement (luzerne, semences, etc.), vous allez avoir des plantes invasives s’installer.
Il faut une agriculture intelligente dans l’utilisation de l’eau, reconstituant le cycle long et naturel de l’eau, par la régénération du sol, qu’il puisse garder de l’eau plus longtemps, sa qualité (afin de ne pas polluer les nappes). Et établir des réserves de substitution au pompage du sous-sol (tout le long de l’année, et même lors des mois de sécheresse).
Ce partage de l’eau doit permettre l’installation de jeunes agriculteurs et leur permettre l’accès à l’eau. C’est un travail plus fort entre l’agence de l’eau et les régions. La décentralisation auprès de l’EPTB, Établissement Public Territorial de Bassin, est fait de telle sorte que l’on puisse mobiliser tout le monde. L’objectif ultime est de sortir complètement de la guerre de l’eau. »

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