Flavescence dorée : S’attaquer aux « racines » du mal en systématisant les prospections

24 août 2010

La flavescence dorée peut-elle devenir, dans les années à venir, un véritable fléau qui affecte durablement le potentiel de ceps du vignoble charentais ? La réponse est malheureusement oui au vu de l’expansion spectaculaire de la maladie en 2009. Un ha sur deux est actuellement intégré dans le périmètre de lutte obligatoire alors qu’il y a trois ans, ces surfaces avaient nettement régressé. Comment en est-on arrivé là ? On n’a sûrement pas assez cherché la maladie dans la région délimitée car les nouveaux foyers sont tous apparus dans des zones considérées jusqu’à présent comme indemnes. Beaucoup de viticulteurs pensaient que la couverture insecticide dans les périmètres de lutte obligatoire bloquerait l’expansion de la maladie. Eh bien, cette stratégie n’a pas marché ! Il faut désormais s’attaquer aux racines du mal en recherchant activement la présence de symptômes dès la fin du mois d’août.

flavescence_doree.jpgLa situation 2009 jugée très alarmante par toute la communauté de techniciens de la région risque encore de s’aggraver en 2010. La découverte à la fin de l’été dernier de nouveaux foyers très infestés atteste que la maladie n’a été identifiée que deux à trois ans après sa première implantation. Faute d’avoir était repérée précocement, la FD a pu prospérer et se diffuser largement sur des secteurs jusqu’à présent considérés comme indemnes.

La Flavescence Dorée devrait être une préoccupation permanente

De tels propos sont faciles à écrire et à relater mais comprendre pourquoi on en est arrivé là est beaucoup plus complexe. La critique des comportements des viticulteurs et des acteurs assurant leur suivi technique est bien sûr aisée mais à postériori cela n’apporte pas grand-chose sur le fond. Créer un climat de polémique sur le degré de responsabilité des différents acteurs dans la situation actuelle ne contribuera pas à renforcer les moyens de lutte. Le seul enseignement concret de ce triste constat réside dans le fait que les symptômes de la maladie sont encore méconnus de beaucoup de viticulteurs et d’une partie des acteurs techniques de la région. C’est sur ce point que désormais les efforts doivent être mobilisés pour en quelque sorte « rattraper » le temps perdu sur cette maladie. Au cours des quatre-cinq dernières années, la problématique flavescence dorée n’était plus aussi prioritaire et l’intérêt et la dynamique d’information sur ce sujet s’étaient un peu émoussés même dans les périmètres de lutte obligatoire. Nous-mêmes en tant que média d’information régionale de la filière de production Cognac, avons moins parlé de la FD. L’actualité technique était ailleurs, le mildiou en 2007 et 2008, les maladies du bois, la rénovation du vignoble, les efforts au niveau de la vinification. Le degré de réceptivité des viticulteurs et des techniciens aux messages d’information FD a baissé. La région semblait avoir appris « à vivre » avec la FD. C’était un problème certes important mais pas plus que l’eutypiose, l’esca et le BDA. Même dans les périmètres de lutte obligatoire, on a en partie occulté le côté sournois et pernicieux de cette maladie. La réalisation des traitements insecticides paraissait être une garantie suffisante mais, 5 ans plus tard, l’échec de cette stratégie est une réalité.

Une sensibilisation qui s’est émoussée

Alors le constat est amer. Plus de 10 ans après la découverte du premier foyer à Vanzac en Charente-Maritime, la flavescence dorée continue d’être dans une dynamique de développement positive. La petite quinzaine de techniciens des Chambres d’agriculture de Charente et Charente-Maritime, du SRAL de Cognac et de la Fredon a pourtant chaque automne essayé de parcourir le vignoble charentais. Le suivi de l’évolution de la situation dans les zones contaminées a été effectué de façon rigoureuse, mais la recherche d’éventuels nouveaux foyers sur une production de 75 000 ha répartis sur 100 km de distance d’est en ouest et du nord au sud est un tout autre challenge. Pour les techniciens ayant en charge le dossier FD, rechercher d’éventuels symptômes dans des zones considérées jusqu’à présent indemnes est très compliqué si aucune information ne permet de guider leurs actions de prospections. Cela revient à chercher « une aiguille dans une botte de foin ». Pour arriver à maîtriser durablement cette maladie, il est indispensable qu’une mobilisation collective se mette en place à tous les niveaux, les viticulteurs, les technico-commerciaux de la distribution et les techniciens des services officiels. Ces derniers ne se sont jamais démobilisés mais l’actualité technique de la région a par contre amené les viticulteurs a concentré leurs efforts sur d’autres problèmes. A la fin des années 90, l’information autour du message FD avait eu une audience dans la région délimitée et au bout de quelques années le travail de fond avait porté ses fruits : « La maladie était apparemment rentrée dans une phase de régression. » La situation des foyers identifiés entre 1997 et 2002 s’était nettement améliorée et, progressivement, le centre d’intérêt FD s’est émoussé : « Un certain nombre d’acteurs pensait que la bataille était “gagnée”. » Le maintien d’une couverture insecticide pour maîtriser le vecteur dans le périmètre de lutte obligatoire constituait aux yeux de beaucoup de personnes un solide « rempart ». Les efforts constants du staff de techniciens des Chambres d’agriculture, des agents du SRPV et de l’actuel SRAL et de la FREDON n’ont pas suffi à maintenir une sensibilisation suffisante susceptible de stimuler une recherche active de nouveaux foyers dans le vignoble. Avec le recul, on peut dire aujourd’hui que ces messages n’ont pas été suffisamment relayés par les instances officielles, professionnelles, et les réseaux de diffusions techniques habituels. Alors, le constat actuel est « amer » car faute d’avoir réalisé suffisamment de prospections chaque automne pendant 4 à 5 ans, la flavescence dorée prospère et des parcelles de vignes jeunes doivent être arrachées.

Rechercher la présence de symptômes chaque automne est la priorité des priorités

Sébastien Bélis, le technicien du SRAL au sein de la DRAAF Poitou-Charentes, considère que la recherche des ceps contaminés est un acte capital pour lutter efficacement contre cette maladie : « Le premier moyen de lutte contre la FD, c’est en tout premier lieu l’identification des symptômes et des ceps porteurs de la maladie. C’est la priorité des priorités ! C’est beaucoup plus important que la réalisation des couvertures insecticides dans les périmètres de lutte obligatoire. Un cep contaminé est un cep perdu et une souche contaminée non identifiée représente un facteur de dissémination de la maladie très important. La découverte récente des derniers foyers à Mirambeau en 2007, à Mosnac et à Thors en 2009 conforte ces propos. Ces foyers ont été découverts alors que la maladie y était installée depuis plusieurs années. Les viticulteurs avaient remarqué dès le départ qu’un côté de parcelle était moins beau mais ils n’ont pas pensé à la FD. Certains techniciens qui suivaient ces propriétés n’ont pas eu non plus le déclic de penser à la présence de cette maladie dès la première année. Les uns comme les autres n’avaient jamais vu de symptômes, ce qui permet de mieux comprendre les choses. Au final, ce temps de latence dans l’identification s’est soldé par l’arrachage de parcelles entières et une diffusion libre de la maladie dans des secteurs à priori sains pendant plusieurs années. En arriver là, c’est un réel gâchis ! La gravité de la situation nous amène bien sûr à créer dans ces zones des périmètres de lutte obligatoire élargis, mais c’est une réaction d’urgence… Pendant plusieurs années, la dissémination de la maladie s’est faite librement, d’où notre inquiétude pour les années à venir. Il va falloir s’attaquer à l’aspect fondamental de la stratégie de lutte, la recherche des ceps contaminés. Si on arrive à détecter les premiers ceps contaminés dans les parcelles, on supprime à la source l’inoculum de la maladie. Faire des prospections chaque automne est essentiel et prioritaire dans les zones contaminées, les périmètres de lutte obligatoire mais aussi dans tout le reste du vignoble. Détecter tôt un nouveau foyer permet d’en limiter son pouvoir de nuisance. Aussi, la réalisation de prospections chaque automne doit devenir une intervention systématique dans le calendrier des travaux des propriétés. Passer quelques jours à prospecter d’éventuels symptômes de FD au début du mois de septembre est aussi important que tailler ou relever les vignes. C’est une intervention qui implique une responsabilité individuelle et collective des viticulteurs pour la pérennité de leur vignoble. »

La lutte insecticide pas suffisante pour endiguer le développement de la maladie

Un nombre important de viticulteurs pense encore que la réalisation des seuls traitements insecticides permet de contenir la maladie et d’endiguer l’apparition de nouveaux symptômes. Or, si cette pratique avait permis de stopper l’expansion de la FD, elle aurait été généralisée à l’ensemble du vignoble français. Dans de nombreuses autres régions viticoles, elle a aussi montré ses limites. Assurer une couverture insecticide dans les zones du périmètre de lutte obligatoire est un moyen complémentaire de limiter la dissémination de la maladie. Cela ne permet d’agir que sur le vecteur, la cicadelle de la FD. Cet insecte, qui se nourrit de sève, « transporte » les phytoplasmes de souche en souche dans un rayon de plusieurs kilomètres. S. Bélis souhaite faire passer un message clair sur l’intérêt et les limites de la couverture insecticide : « Beaucoup de viticulteurs pensent encore que la réalisation d’une couverture insecticide est le moyen de lutte prioritaire contre la flavescence dorée. Or ce n’est pas vrai. On sait aujourd’hui que la protection insecticide appliquée dans de bonnes conditions n’est efficace qu’à 80 % pour contrôler les vols de cicadelles. Un risque permanent de faille dans le dispositif existe donc et c’est pour cela que nous mettons en place des périmètres de lutte obligatoire élargis dans les zones contaminées. Réaliser la protection insecticide fait partie de la stratégie de lutte globale dans les secteurs contaminés, mais cela ne permet pas de s’attaquer à l’origine même du mal. Je me répète mais l’aspect fondamental de la lutte contre la FD repose sur la recherche des ceps contaminés dans les parcelles. La gravité de la situation en 2009 doit être considérée comme un élément de sensibilisation majeur pour les 6 000 viticulteurs de la région. Il faut qu’ils s’investissent au début du mois septembre dans de vastes programmes de prospection. Chercher des symptômes de FD doit devenir un travail systématique à l’intérieur et à l’extérieur des périmètres de lutte obligatoire. Le préalable à ces démarches est bien la connaissance des symptômes, d’où notre volonté de mettre en place une action de communication avec l’ensemble des acteurs de la région délimitée. Faire des prospections revient à passer dans les rangs de vignes de chaque propriété pour rechercher des symptômes. Cette réalité fait souvent peur à beaucoup de viticulteurs qui estiment ne pas avoir le temps matériel de faire ce travail. Or, les témoignages de responsables de propriétés montrent que c’est envisageable ». L’extension quasi permanente des périmètres de lutte obligatoire conduit également à une augmentation de la couverture insecticide qui ne suscite guère d’enthousiasme auprès des viticulteurs dans la période actuelle. En effet, l’époque est à la réduction de l’utilisation des intrants phytosanitaires avec la mise en œuvre progressive du plan ECOPHYTO. Cette évolution est un argument supplémentaire qui plaide en faveur du développement d’action de prospections beaucoup plus systématiques pour éliminer « l’inoculum » de FD dans le vignoble des Charentes.

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Recréer une dyn amique d’information forte et pérenne

Une gravité de la situation sans précédent en 2009 et une très forte probabilité de découvrir en 2010 de nouveaux foyers représentent aujourd’hui une triste réalité. Il ne faut pas hésiter à le dire haut et fort : « La pérennité du vignoble de Cognac est en danger si une mobilisation d’envergure ne se met pas en place. » En effet, la recrudescence spectaculaire de la FD en deux ans doit être prise très au sérieux. « L’heure » est grave car d’ores et déjà les techniciens pensent que les résultats des prospections 2010 révéleront d’autres mauvaises surprises. Si l’ensemble des acteurs de la région délimitée ne se mobilise pas plus, il est quasiment certain que dans un, deux, trois ans, ce sont des milliers d’hectares supplémentaires qui seront contaminés. Les destructions de ceps atteindront un niveau spectaculaire et on n’ose pas imaginer le nombre d’hectares qu’il faudra arracher. Ces propos peuvent être « taxés d’alarmistes » par les viticulteurs et les responsables techniques et professionnels qui n’ont jamais visité un foyer grave de flavescence dorée. Quand on a fait l’effort de parcourir une seule fois des zones contaminées, on change vite d’avis ! Le côté sournois de l’expansion de cette maladie et les à priori de nombreux viticulteurs pour réaliser les prospections ne facilitent pas les choses. Les techniciens des Chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime qui côtoient quotidiennement les viticulteurs mesurent la difficulté pour maintenir la sensibilisation sur la flavescence dorée dans les périmètres de lutte obligatoire. Aussi, dans les secteurs considérés jusqu’à présent comme sains, le « chantier » pour inciter les viticulteurs à faire des prospections s’avère encore plus compliqué. S. Bélis, Michel Girard, de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime, Grégory Martonnaud, de la Chambre d’agriculture de Charente, les trois techniciens chargés du dossier FD dans la région ont été profondément inquiets mais pas réellement surpris par le constat de la situation 2009. Après une phase d’abattement, ils ont très vite senti que la priorité pour l’avenir du potentiel de production régionale était de créer une forte sensibilisation au niveau de la reconnaissance des symptômes pour réaliser des campagnes de prospection à grande échelle dans le vignoble. Les professionnels des deux Chambres d’agriculture ont été sensibles à ces arguments et au sein de ces deux structures de développement une réelle volonté de s’investir dans le dossier FD s’est mise en place dès le début de cette année. Les petites équipes du SRAL de Cognac et de la FREDON partageaient cette même préoccupation. Dès la parution des arrêtés préfectoraux définissant les périmètres de lutte obligatoire et les parcelles à arracher, la communauté technique citée précédemment s’est mobilisée pour recréer une dynamique d’information forte et pérenne. Il est ressorti de ce travail une volonté d’action ciblée sur principalement sur la recherche de la maladie dans le vignoble : « Chercher et identifier d’éventuels symptômes sera le cœur de l’action technique en 2010. » Pour cela, il va falloir à partir de début septembre couvrir « du terrain » pour aller chercher la maladie dans toutes les communes de la région délimitée.

inciter les viticulteurs à passer dans toutes les parcelles entre Le 1er et le 30 septembre

Au printemps, un comité de pilotage FD regroupant les deux Chambres d’agriculture, le SRAL de Cognac, la FREDON, la FDGEDON 17, le BNIC, les coopératives et les négoces d’approvisionnement de la région, a été constitué pour créer une dynamique d’information collective. S. Bélis espère que cette année 2010 sera un véritable tournant au niveau de la sensibilisation des viticulteurs : « La constitution du comité de pilotage atteste de la volonté commune de créer une dynamique d’information forte. L’objectif n° 1 est d’inciter chaque viticulteur à passer dans toutes ses parcelles entre le 1er et 30 septembre prochain. C’est la période où les symptômes sont les plus marquants. Plus tard en saison, des jaunissements foliaires de fin de saison peuvent parfois créer la confusion. L’action de communication repose sur une série d’initiatives visant à bien connaître les symptômes de la maladie. En effet, les viticulteurs situés dans les périmètres de lutte obligatoire connaissent en général beaucoup mieux les symptômes que leurs collègues en dehors de ces secteurs. Un vaste programme de réunions d’informations de terrain va être organisé durant l’été et début septembre dans divers endroits de la région, chez les distributeurs et de façon plus ponctuelle à la demande de groupes de viticulteurs. Ensuite, une plaquette d’information avec une planche de présentation des symptômes et un protocole pour réaliser les prospections a été éditée par la Chambre d’agriculture de la Charente. Le document sera diffusé fin juillet auprès de tous les viticulteurs de la région par le canal du BNIC. Les techniciens des différents organismes officiels se tiendront à la disposition des viticulteurs qui le souhaitent pour organiser des après-midi de formation de reconnaissance de symptômes et des actions ponctuelles de prospections. Le comité de pilotage FD Charente avait imaginé pouvoir mettre en œuvre dès cet été une action d’envergure en misant de façon conjointe sur une action de communication directe auprès des viticulteurs et en se dotant d’une équipe de vacataires puissante pour aider les viticulteurs à prospecter le vignoble. Or, la région Poitou-Charentes a réduit de 50 % les financements sur l’action FD. Les Conseils généraux de Charente et de Charente-Maritime ont maintenu leur soutien et les professionnels espéraient que le BNIC apporterait une aide conséquente. Compte tenu du danger pour la pérennité du vignoble, la demande de financement auprès du BNIC concernait la mise en place d’une action de communication d’envergure pour inciter les viticulteurs à prospecter leurs vignes en septembre. Les débats au sein de l’interprofession sur ce sujet ont été animés entre les représentants de la viticulture et du négoce. Les premiers souhaitant un soutien financier important de l’interprofession pour faire face à la gravité de la situation alors que les seconds considéraient que ce type de mission incombait aux organismes de développement. Cette réponse étant motivée par le fait que les organismes de développement perçoivent déjà divers financements pour de telles actions. Au final, la famille de la viticulture aura apporté un financement conséquent en puisant dans des réserves propres liées aux demandes d’arrachages (il y a quelques années). Le refus de la famille du négoce de s’engager fortement dans une action visant à protéger la pérennité des souches a suscité auprès des représentants de la viticulture une certaine incompréhension.

Des symptômes pas trop difficiles à identifier

passage_rang_1_sur_2.jpgLa réalisation des prospections est une intervention qui paraît fastidieuse à beaucoup de viticulteurs car il faut chercher d’éventuels symptômes dans tous les rangs de vignes. Sur 5 ha de vignes, c’est facile à réaliser, mais sur 30, 50, 80 ha…, cela devient assez complexe. En effet, parcourir à pied l’ensemble des rangs de vigne de propriétés ayant des surfaces importantes demande du temps ; un temps que les personnes n’ayant jamais effectué ce travail ont du mal à évaluer. Les avis sur ce sujet divergent. Les techniciens qui parcourent chaque année des kilomètres de rangs ont mis au point une méthode qui a fait ses preuves. Leur expérience est intéressante car ces personnes possèdent une grande facilité pour reconnaître les symptômes. Les témoignages de plusieurs viticulteurs qui effectuent régulièrement des prospections chaque année sont aussi riches d’enseignements. Les premières interrogations concernent la reconnaissance des symptômes. Est-ce difficile de les reconnaître ? Y a-t-il des risques de confusions avec des symptômes de chlorose par exemple ? Sur les cépages blancs, le jaunissement des feuilles s’accompagne également d’un aspect enroulé très caractéristique. Les rameaux porteurs de ces feuilles jaunes ne sont pas du tout aoûtés (entièrement vert) et ils restent verts jusqu’à la chute des feuilles. Ensuite, ces rameaux portent des grappes entièrement desséchées engendrant une perte de récolte totale. Un viticulteur confronté à un petit foyer de FD sur son exploitation nous expliquait que n’ayant auparavant jamais vu de symptômes, il avait demandé à l’équipe de la FREDON de Cognac de l’aider à identifier des symptômes. Au bout d’une heure de visite dans une parcelle très infestée, il avait mémorisé les symptômes et était en mesure de réaliser les prospections sur son exploitation. Les seuls risques de confusion peuvent être sur les cépages blancs avec une forte chlorose au niveau du jaunissement des feuilles. Par contre l’aspect non aoûté des sarments tard en saison et l’absence totale de grappes sont plus caractéristiques. La période idéale pour réaliser les prospections se situe dans les semaines précédant les vendanges. Plus tard, à partir de la mi-octobre, c’est encore possible sauf des années comme 2008 ou 2009 où des gelées précoces détruisent la végétation dans les zones basses.
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Faire preuve de rigueur dans l’exploration des rangs de vignes

L’autre sujet d’interrogation principal concerne la mise en œuvre concrète des prospections. Faut-il passer une allée sur deux ou toutes les allées ? Est-il possible de parcourir les allées avec un quad plutôt qu’à pied ? Faut-il avoir des approches différenciées de prospection dans les secteurs contaminés et sains ?…

prospectus_flavescence.jpgL’utilisation de moyens mécaniques comme un quad ou un tracteur est plus ou moins conseillée selon les situations. Dans les secteurs contaminés cela ne paraît pas une bonne solution car, même à allure réduite, l’avancement est déjà trop rapide pour permettre une exploration visuelle fouillée des deux faces de rangs. La difficulté n’est pas de repérer les souches totalement infestées mais de détecter les rameaux isolés qui commencent à prendre un aspect jaune caractéristique. En passant à pied, il est beaucoup plus facile de s’arrêter pour observer la végétation quand des doutes surviennent. Par contre, dans les parcelles non contaminées, des viticulteurs aguerris à la reconnaissance des symptômes utilisent des moyens mécaniques, ce qui permet de parcourir plusieurs ha par heure sans se fatiguer. Les techniciens, eux, préfèrent toujours les déplacements à pied, plus propices à un large champ de vision. La fréquence des passages dans les rangs est aussi un sujet d’interrogation. Dans les parcelles contaminées, un passage dans toutes les allées est indispensable en prenant bien le temps d’explorer l’état de la végétation. Réaliser ce travail en marquant et repérant les ceps porteurs de symptômes nécessite de la vigilance et un temps proportionnel au degré d’infestation. En cas de découverte de symptômes, il est indispensable de faire venir des techniciens pour valider la présence de la maladie et aider l’exploitant à mettre en œuvre un protocole de prospection rigoureux. Des prélèvements de feuilles seront également effectués en vue de réaliser une recherche de phytoplasmes en laboratoire qui confirmera la présence de la maladie. L’utilisation de fiches de prospection parcellaires permet également de faciliter l’enregistrement des données et leur transmission. Dans des parcelles présumées saines, un passage une allée sur deux est suffisant et différents témoignages de viticulteurs indiquent qu’il faut environ 1 h 30 pour parcourir à pied 1 ha de vignes larges. L’observation détaillée du feuillage des faces de rang est un travail assez monotone qu’il vaut mieux pratiquer par fraction de demi-journée plutôt que sur des journées entières car, malgré la bonne volonté, l’attention s’émousse naturellement au fil des heures.

Les contacts d’informations techniques flavescence dorée :
– La Chambre d’agriculture de la Charente à Segonzac – Frédéric Joseph : 05 45 34 36 00.
− La Chambre d’agriculture de Charente-Maritime – Jonzac, Michel Girard : 05 46 48 10 79 ; Saintes : 05 46 93 71 05 ; Saint-Jean-d’Angély : 05 46 32 20 51.
– Le SRAL de Cognac- Sébastien Bélis : 05 45 35 04 12.
− La FREDON de Cognac : 05 45 35 04 12.

Laisser 10 souches contaminées une année, c’est 100 de perdu l’année suivante
Jean Valade, à Brie-sous-Archiac, exploite un vignoble d’une quarantaine d’hectares répartis sur plusieurs communes et dont 5,5 ha sont situés à Lagarde-sur-le-Né dans un secteur contaminé. Lorsque le foyer dans cette zone a été identifié, J. Valade a pris très au sérieux le problème : « Dans ce secteur contaminé, la visite des foyers m’a permis de prendre conscience à quel point la maladie progresse vite si on n’arrache pas les ceps contaminés rapidement. Laisser 10 souches porteuses de la maladie une année, c’est 100 de perdu l’année suivante. Il ne faut vraiment pas laisser traîner des pieds contaminés dans la nature. Alors faire des prospections chaque automne, cela prend peut-être du temps mais il faut réellement trouver le temps de le faire. La longévité de nos parcelles est en jeu. Dans le secteur contaminé de Barret et Lagarde-sur-le-Né, les réunions avec les techniciens nous ont permis de découvrir la maladie et les premières prospections ont été réalisées de manière collective sur l’ensemble des vignes des communes. Quand 8 à 10 viticulteurs se réunissent plusieurs après-midi pour parcourir le territoire viticole d’une commune, c’est beaucoup plus facile à réaliser. Passer tous les rangs à pied, c’est du boulot mais c’est indispensable. En fait, le plus long c’est de marquer et de repérer les ceps extériorisant des symptômes. J’avoue que j’ai acquis une certaine expérience pour reconnaître les symptômes et dans les vignes de la propriété qui ne sont pas en secteur de lutte obligatoire, je suis devenu très attentif. Nous ne faisons pas de prospections systématiques mais lorsque que nous travaillons dans les vignes en août ou début septembre, on regarde de près la couleur du feuillage. Les rameaux jaunes et les grappes totalement desséchées sont très caractéristiques ».

1 h 30/ha pour prospecter à pied en zone non contaminée
Claude et Jean-François Daviaud exploitent 20 ha de vigne sur la commune de Chamouillac à proximité de Mirambeau, un secteur contaminé par la flavescence dorée depuis 2007. Depuis trois ans, ils réalisent chaque année des prospections entre le 5 et le 25 septembre. Le sujet FD a été pris très au sérieux par J.-F. Daviaud et son témoignage atteste à la fois de l’importance et du sérieux qu’il faut avoir pour réaliser les prospections dans une zone contaminée : « Avant 2007, je ne connaissais pas du tout les symptômes de FD. L’apparition d’un foyer grave à quelques kilomètres de la propriété nous a fait prendre conscience du danger que représentait cette maladie. Quand j’ai vu l’importance des dégâts, j’ai tout de suite pris contact avec le FREDON de Cognac pour m’aider à bien reconnaître les symptômes. Il suffit de passer 1 à 2 heures dans des vignes contaminées avec les techniciens pour acquérir le coup d’œil pour reconnaître les symptômes. Un pied totalement atteint se repère facilement alors qu’un rameau isolé nécessite plus d’attention. »
Après cette rapide formation, ce jeune viticulteur s’est mis à parcourir l’ensemble des rangs de sa propriété. La première année, le travail a été assez fastidieux surtout lorsque des symptômes étaient identifiés. Quand on lui demande combien de temps il passe pour réaliser les prospections, sa réponse est à la fois simple et complexe : « Tout d’abord, je parcours l’ensemble de la propriété à pied car je pense qu’avec un quad je risquerais de ne pas être assez attentif. Dans les parcelles contaminées, on passe beaucoup de temps car la découverte d’un seul cep amène à être très vigilant. Il faut vraiment explorer finement les rangs. Le marquage, le repérage des ceps prennent beaucoup de temps mais c’est indispensable pour sortir la maladie des parcelles. Par contre dans des vignes larges non contaminées, j’estime qu’en passant un rang sur deux, il me faut environ 1 h 30 pour prospecter un hectare. Faire le travail de reconnaissance sur une demi-journée est amplement suffisant car cela demande de l’attention. A force de voir des feuilles vertes, on perd de la concentration au fil des heures ».

Le programme de réunions d’informations Découverte des Symptômes
L’équipe de techniciens des Chambres d’agriculture de Charente et Charente-Maritime, du SRAL de Cognac et de la FREDON organisent un planning de réunions destiné à inciter les viticulteurs à venir découvrir les symptômes de flavescence dorée et à conduire des prospections dans le courant du mois de septembre.
l Jeudi 2 septembre à 9 heures, à Pérignac : à la mairie.
l Jeudi 2 septembre à 14 heures, à Saint-Hilaire-de-Villefranche : à la mairie.
l Vendredi 3 septembre à 9 heures, à Rouillac : à la salle du 27.
l Lundi 6 septembre à 9 heures, à Saint-Souline : à la mairie.
l Mardi 7 septembre à 9 heures, à Saint-Genis-de-Saintonge : à la salle Jeanne-d’Arc.
l Mardi 7 septembre à 14 h 15, à Prignac (17) : à la salle des fêtes.
l Nombreuses réunions organisées par les coopératives et les négoces en approvisionnement de la région délimitée.

Journée Technique Flavescence Dorée Mardi 7 Septembre 2010
2 rendez-vous :
– Saint-Genis : salle Jeanne-d’Arc à 9 heures.
– Prignac : salle des fêtes à 14 h 15.
Programme (2 heures en salle – 1 heure dans les vignes)
l Introduction de la journée technique. l Biologie : phytoplasme, modification dans la plante, transmission, cycle de la cicadelle, rémission. l Symptômes et conséquences techniques. l Les principaux axes de la lutte : prospection, arrachage et lutte insecticide.
Patrice Rétaud, CRA Poitou-Charentes : 20 minutes + 10 de questions.
l Réglementation : historique national et en Charentes. l Evolutions : lutte obligatoire, surveillance du territoire, changement de statut et aménagement de la lutte.
Sébastien Bélis, SRAl Poitou-Charentes : 20 minutes +10 de questions.
l Un autre exemple de lutte : la Gironde, situation actuelle et évolution, les différentes opérations de lutte et de prospections.
MC Dufour, CA 33 : 10 minutes + 5 de questions.
l La flavescence dorée en France : état des lieux, perspectives.
l Exemple de la Bourgogne et le traitement à l’eau chaude (TEC).
J.-M. Trespaille, SRAl Languedoc Roussillon :20 minutes +10 de questions.
l Le dernier programme d’actions et les freins aux prospections.
Michel Girard, CA 17 : 10 minutes + 5 de questions.
l Reconnaissance des symptômes sur des parcelles à proximité.
Contact : Michel Girard – 05 46 48 10 79 – 06 84 54 32 28. Chambre d’Agriculture – Antenne de Jonzac.

Des prospections réalisées en quad ou en tracteur sur 80 ha
La Scea Tastet à Reignac en Charente exploite un vignoble de 80 ha dont une partie est intégrée dans le périmètre de lutte obligatoire. Isabelle Sauvaître, la responsable technique du vignoble, considère que la FD est un danger majeur pour la pérennité du vignoble : « Quand on a parcouru une fois un foyer, on se dit que ce n’est pas en fermant les yeux que la situation va s’arranger. C’est pour cette raison que depuis 2007, nous avons décidé de systématiser les prospections sur l’ensemble des propriétés même si seulement une partie des surfaces est intégrée dans le périmètre de lutte obligatoire. Comme nous travaillons essentiellement avec du personnel salarié, nous avons demandé à deux personnes de participer à des réunions d’information (de type bout de vigne) pour bien visualiser les symptômes. L’observation de la maladie avec les techniciens dans des zones contaminées est très formatrice. En quelques heures, une personne habituée à travailler dans les vignes est en mesure de reconnaître les symptômes. Comme jusqu’à présent aucun foyer de maladie n’avait été détecté sur notre vignoble et dans sa proche périphérie, les prospections ont été réalisées en utilisant des moyens mécaniques. Chaque année au début du mois de septembre, les deux salariés parcourent le vignoble en passant une allée sur deux en quad ou en tracteur (à vitesse réduite) et les 80 ha sont couverts en quatre jours. Lorsqu’ils repèrent des souches présentant des symptômes nets ou plus douteux dans un endroit, je me rends sur place pour confirmer ou pas leurs observations. Grâce à cette organisation, nous détectons chaque année quelques ceps douteux dont un seul jusqu’à présent s’est révélé véritablement porteur de la maladie après l’analyse en laboratoire. Ce travail de prospection fait désormais partie du calendrier des travaux habituels sur les vignobles au début de chaque mois de septembre. »

 

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