Les échantillons ont été expédiés au laboratoire de Lyon pour analyse. Ce dernier vient de nous communiquer les résultats en ce qui concerne le mildiou et le botrytis.
Ce bulletin a pour objet de faire la synthèse des éléments disponibles pour une bonne gestion des produits l’année prochaine.
Les échantillons
Les prélèvements aquitains ont été répartis de la façon suivante :
l 22 échantillons de feuilles atteintes par le mildiou, pour des analyses portant sur les CAA (Amides d’Acides Carboxyliques : diméthomorphe, iprovalicarbe, benthiavalicarbe), la zoxamide, les QOI et le mefenoxam (=métalaxyl-M).
l 11 échantillons de baies atteintes de Botrytis pour des analyses portant sur la majorité des fongicides disponibles.
l 5 échantillons de feuilles atteintes d’oïdium pour mise au point de méthodes d’analyse.
Par ailleurs, le Botrytis a fait l’objet d’un suivi complémentaire avec l’INRA de Versailles (deux échantillons de baies, analyses portant sur la substance boscalid) et d’autre part avec la société Syngenta (9 échantillons de botrytis prélevé sur coton-tiges).
Nota Bene : les autres sociétés fabricantes de fongicides effectuent également des analyses pour s’assurer de l’efficacité de leur produits. Certains de ces programmes sont exigés par l’Union Européenne dans le cadre du dispositif de mise en marché des produits commerciaux (actuelle directive 91/414).
Les résultats concernant le mildiou
Etant donné l’éloignement du laboratoire et les conditions de conservation des échantillons pendant le transport, ou la sporulation parfois insuffisante, ou la trop grande présence de fongicides sur les feuilles, 10 échantillons n’ont pu être remis en culture de façon satisfaisante.
Il reste donc 12 échantillons exploitables. Ce nombre peut sembler faible mais il fournit néanmoins un indicateur de l’évolution de la situation. Il est semblable aux proportions des années précédentes.
Concernant les CAA
Sur ces 12 échantillons, 9 sont sensibles à la famille des CAA et ne posent pas de difficulté, mais deux présentent une dérive de sensibilité pour les trois molécules concernées et le dernier présente une résistance acquise au diméthomorphe et à l’iprovalicarbe.
La situation semble donc s’être améliorée par rapport à 2007 (mais le nombre d’échantillons est insuffisant pour l’affirmer). Néanmoins la résistance croisée au benthiavalicarbe, observée pour deux échantillons alors que ce produit n’a encore pas été utilisé (mais il est de la même famille), doit conduire à renforcer les précautions d’emploi vers une limitation de leur utilisation.
En outre la situation des régions voisines (Midi-Pyrénées et Poitou-Charentes) est plutôt défavorable et impose la prudence en Aquitaine. En effet on observe dans ces deux régions qui nous encadrent une progression des souches résistantes aux CAA. La situation est critique pour la zone Armagnac-Madiran qui semble ne plus disposer d’un réservoir suffisant en souches « sauvages » de mildiou sensibles à ces produits.
Concernant la zoxamide
Cette molécule ne pose pas de difficulté en ce qui concerne la gestion des résistances cette année. C’était déjà le cas les années antérieures.
Concernant les QOI
Les niveaux de résistance sont élevés pour les échantillons testés à 10 ppm d’azoxystrobine. Ce n’est pas une surprise s’agissant de cette famille de molécules.
Concernant le méfénoxam
La fréquence de souches résistantes semble assez variable. Elle ne suffit pas à disqualifier cette molécule mais justifie les précautions d’emploi déjà en vigueur.
Les résultats concernant le botrytis
L’ensemble des échantillons transmis a pu être exploité (il est plus facile de conserver puis de remettre en culture du botrytis que du mildiou).
En revanche, l’exploitation des résultats est beaucoup plus délicate étant donné la diversité des molécules en présence et les variations inter-annuelles constatées.
Les résultats qui suivent sont donc à lire avec précaution, plutôt dans leur globalité, et si possible en tenant compte des résultats antérieurs.
Sur les 11 échantillons transmis, on retiendra que :
l 6 présentaient une résistance à la vinchlozoline (molécule interdite désormais).
l 3 (parmi les 6 premiers cités) présentaient une résistance au carbendazime (molécule interdite désormais) et au diéthofencarbe.
l 3 (dont 2 parmi les 6 premiers cités) présentaient une résistance moyenne au pyrimethanil.
l Le fenhexamid, le fluazinam et le fludioxonil ne posent pas de difficultés cette année dans le panel d’échantillons prélevés.
l S’agissant du boscalid, les résultats ne sont pas encore en notre possession.
Ces résultats sont plutôt positifs au regard de la situation 2007. On ne constate pas d’évolution défavorable de la situation et les recommandations d’emploi semblent porter leurs fruits.
On notera néanmoins qu’un échantillon présente un niveau de résistance élevé à 7 familles de fongicides sur 10 testées.
En résumé : maintenir les précautions d’emploi
Ces éléments confirment la nécessité de rassembler le maximum de bonnes pratiques de gestion des résistances Good Fungicide Resistance Management Practices in english !), à savoir :
l On ne le dira jamais assez : contrôler la vigueur et adopter une prophylaxie au sens large (aération, enherbement, etc.).
l Tolérer un niveau de dégâts visuels qui ne mettent pas en péril la viabilité économique de l’exploitation (assez facile pour le Botrytis si la récolte est triée, difficile à évaluer pour le mildiou).
l Recourir à des formulations qui associent plusieurs modes d’action.
l Utiliser les familles fragilisées exclusivement dans les situations qui le justifient et plutôt en début de saison.
l Limiter le nombre annuel d’applications par produit, voire par famille (3 maximum par an pour la plupart des anti-mildiou) ;
l Diversifier les familles employées dans le programme de l’année ; éviter les produits employés significativement depuis plusieurs années dans vos programmes.
l Alterner de façon pluri-annuelle l’emploi des substances (dans le cas des anti-botrytis).
l Bannir l’emploi de fongicides après récolte (cela contribue à la sélection de souches résistantes).
l Informer les fournisseurs en cas de doutes dans vos programmes, de façon à ce qu’ils prennent les dispositions ad’hoc pour anticiper l’émergence éventuelle d’une difficulté (diagnostic, analyse PCR…).
l Et, pourquoi pas ?… maintenir des zones non traitées pour préserver des souches sauvages sensibles bien que tout ceci semble compliqué et délicat à mettre en œuvre.
CONCOURS 2009 DE L’ACADÉMIE AMORIM
APPEL À CANDIDATURE
Vous êtes chercheur en œnologie, économiste, juriste, historien, sociologue…
L’Académie Amorim lance un appel à candidature international pour le(s) prix qu’elle décernera en novembre prochain en faveur de la recherche en œnologie et pour promouvoir les connaissances sur le vin et son environnement :
Le Grand Prix, d’une valeur de 5 000 euros
Le Prix Chêne-Liège, d’une valeur de 3 000 euros
Le « Coup de Cœur », d’une valeur de 3 000 euros
Depuis 1992, l’Académie Amorim récompense chaque année un chercheur ou une équipe de chercheurs ayant publié une thèse, des travaux ou des ouvrages récents traitant de l’œnologie ou du liège, à partir d’études scientifiques, ethnologiques, sociologiques, juridiques, économiques, littéraires ou sémiologiques.
Les candidats peuvent retirer dès à présent le règlement du concours 2009 et le dossier d’inscription sur internet www.academie-amorim.com ou par simple demande écrite, téléphone, fax ou e-mail auprès du secrétariat de l’Académie Amorim : 11 Villa Wagram saint Honoré – 75008 Paris. T. +33 (0)1 58 05 10 70 –
F. +33 (0)1 58 05 10 71 – information@academie-amorim.com
L’enregistrement des candidatures sera clos le 16 mai 2009.
Toutes les informations concernant l’Académie Amorim peuvent être consultées sur le site Internet : www.academie-amorim.com. La remise des Prix du concours 2009 aura lieu au mois de novembre en présence des académiciens, des précédents lauréats, de la presse et de personnalités du monde viti-vinicole.
En 2008, le Grand Prix a été attribué à Elise Sarrazin, docteur en œnologie pour sa thèse sur les « Recherches sur l’arôme des vins liquoreux de pourriture noble issus des cépages Sémillon et Sauvignon blanc ».
Dans ses travaux de thèse, Elise Sarrazin s’intéresse à l’exceptionnelle richesse aromatique des grands vins blancs liquoreux et montre l’intérêt de la pourriture noble pour amplifier leur bouquet aromatique. Son étude montre que la botrytisation joue un rôle prédominant dans la genèse des composés clé à l’origine de leurs arômes et débouche sur une démonstration qui reste à valider : la présence du disulfure du 3-sulfanylhexan-1-ol pourrait être à l’origine de l’arôme singulier des vins liquoreux de pourriture noble.
Les ouvrages des lauréats sont disponibles sur le site www.academie-amorim.com et les photos disponibles sur demande auprès du service presse (Emilie Loubié – T. 01 58 05 10 70 – F. 01 58 05 10 71 – e.loubie@greenwich.eu
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