A l’occasion de son déplacement en Chine les 27 et 28 mars dernier, Jean-Noël Barrot, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a réussi à obtenir, un ultime délai à l’enquête antidumping visant les eaux-de-vie de vin européennes. Une annonce attendue bien qu’elle ne résolve pas la problématique, les taxes provisoires imposées par la Chine depuis octobre 2024 ont déjà provoqué une chute de 60 % des expéditions de cognac.
Un contexte commercial explosif
Depuis janvier 2024, Pékin mène une enquête antidumping contre les eaux-de-vie de vin européennes, dont le cognac, en réponse aux mesures de l’Union européenne contre les véhicules électriques chinois. Alors même qu’aucun lien direct ne relie ces deux secteurs, les conséquences sont dramatiques pour les exportateurs français :
- Les expéditions vers la Chine ont chuté de 60 % en quatre mois.
- Le mois de février 2025 a enregistré à lui seul un effondrement de 72 %.
- Le marché des Duty Free, qui représentait jusqu’à 25 % des ventes, est quasiment à l’arrêt depuis décembre.
Un engagement obtenu à « très haut niveau »
C’est dans ce contexte que Jean-Noël Barrot s’est rendu à Pékin. Son objectif : obtenir un report de la décision chinoise, attendue le 5 avril, sur l’application définitive ou non de droits antidumping.
Ce report de trois mois constitue une première avancée diplomatique pour la France. Il permet d’écarter, temporairement, le scénario d’un durcissement immédiat et ouvre une fenêtre de dialogue.
Jean-Noël Barrot reste néanmoins prudent :
« C’est une première étape. L’enquête est repoussée de trois mois […], ce qui écarte le scénario d’une application brutale de droits définitifs sur cette filière.«
À l’issue de ce délai, la Chine pourra soit clore l’enquête sans suite, soit appliquer des droits définitifs.
En parallèle, une avancée aurait également été obtenue s’agissant du blocage du circuit des Duty Free – sans base légale claire et qui continue d’asphyxier une partie significative des ventes : « Les stocks de cognac et d’armagnac aujourd’hui en Chine […] pourraient être acheminés vers les boutiques de Duty Free, ce qui permettra de soulager partiellement la pression très forte qui s’exerce sur la filière ».
Institutionnels, élus, entreprises : une délégation pour montrer la pleine mobilisation de La France sur ce sujet
Jean-Noël Barrot a salué l’action conjointe de l’État et des acteurs économiques :
« Je suis venu avec le président du Medef […], avec le président du groupe d’amitié France-Chine à l’Assemblée nationale […]. Tout le monde va continuer de se mobiliser pour écarter ce différend. »
Il a également souligné le rôle déterminant de la diplomatie :
« Ce qui se passe ici, à 10 000 km de Cognac, a un impact très direct et existentiel sur l’avenir de cette filière […]. C’est par le choix des bons mots, par l’expression d’un certain nombre de convictions répétées à tous les niveaux que l’on obtient des résultats. »
Une échéance toujours décisive
Le report annoncé n’efface pas les inquiétudes. Si aucun accord n’est trouvé d’ici juillet, la Chine pourrait décider unilatéralement d’instaurer des droits définitifs. Les professionnels attendent désormais un relais politique fort.
« Ce déplacement doit enchaîner avec celui du Premier ministre, comme nous l’a promis lors du G20 le président de la République », rappellent les acteurs de la filière.
Le compte à rebours est lancé. Le sursis obtenu par Jean-Noël Barrot est un premier signe, mais l’enquête est toujours en cours et ses impacts déjà bien tangibles.
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