Emploi viticole : Taille de vigne, l’intérim voit la formation en grand

26 février 2014

Des formations à la taille de vigne, ce n’est pas nouveau pour Espace intérim. Chaque année, l’agence de travail temporaire et d’insertion installée à Cognac et Barbezieux en pilote une avec le CFPPA de l’Oisellerie. Ce qui change cette année, c’est le calibrage de la formation en termes de nombre d’heures et de qualifications acquises. Une formation plus complète, conçue en binôme avec le FAF-TT (Fonds d’assurance formation du travail temporaire). Six stagiaires ont bénéficié de la démarche.

 

 

Sans besoins, il n’y a pas de formation. Et, en matière de taille de vigne, des besoins, il y en a, ô combien. L’agence de travail temporaire Espace intérim témoigne : « Sur la taille de vigne, notre taux de réponse est très faible. Nous ne satisfaisons qu’une demande sur 50. » Surtout, les attentes évoluent. Depuis trois ou quatre ans, la tendance est à ne plus dissocier taille et tirage de bois, mais à les considérer comme une prestation unique. Ce qui amène à repenser le travail des occasionnels.

Partant de là, l’OPCA (Organisme paritaire collecteur agréé) de l’intérim, le FAF-TT (Fonds d’assurance formation du travail temporaire), a décidé de miser sur une action ambitieuse : 168 heures de formation autour de la taille de vigne, soit 5 semaines d’accompagnement. « Ce type d’opération se rencontre beaucoup dans le bâtiment, très peu en agriculture » indique une salariée d’Espace intérim. Habituellement, la formation à la taille de vigne court plutôt sur 72 h (deux semaines).

Des critères exigeants

Au départ, le projet du FAF-TT visait une formation mutualisée, impliquant quatre ou cinq agences de travail temporaire du bassin d’emploi viticole charentais. Au final, seul Espace intérim a concrétisé l’initiative. Sans doute les désistements s’expliquent-ils en partie par les critères exigés pour prétendre à ce genre de formation. Il faut que le stagiaire ait au moins 200 heures de mission d’intérim derrière lui et que des perspectives d’emploi existent à la clé, en CDD ou CDI. L’aspect financier n’est pas négligeable non plus. Certes, le FAF-TT finance une partie de la formation mais l’agence doit en prendre une autre partie à sa charge, sur son Plan de formation. « Et ça ne suffit pas » note Jean-Claude Escolar, directeur d’Espace intérim. « Ces formations coûtent très cher. »

La formation, conduite par le CFPPA de l’Oisellerie, fut réalisée sur le site de Segonzac, dans les locaux de l’Université des eaux-de-vie et dans les vignes de viticul-teurs alentours. L’Oisellerie avait confié à Didier Lembert, vigneron à Montchaude, le soin de transmettre les gestes de la taille.

Si l’apprentissage de la taille de la vigne (70 h) a représenté le gros morceau de la formation, ce n’en fut pas le seul aspect. Plusieurs autres modules sont venus compléter le dispositif : module Conduite de tracteur (35 h), module Certyphyto (17 h), un module de 14 h sur la Santé et la Sécurité au travail (STT) ainsi qu’un module « Travail en vert » de 32 h et un Bilan de positionnement de 3 h. « Nous voulions que les stagiaires se sentent en capacité d’être opérationnels, même s’ils auront encore besoin de pratique » a indiqué le directeur d’Espace intérim.

Plus qu’une formation à la taille de la vigne, il s’agissait d’une approche du métier d’ouvrier viticole. D’ailleurs, tel était l’intitulé de la formation : « Formation ouvrier viticole 2013 ».

À l’issue des cinq semaines, les stagiaires ont pu valider un niveau de qualification de Niveau 2, Echelon 2 correspondant à un niveau de qualification reconnu dans la convention collective des ouvriers viticoles. Ils ont obtenu le CACES 8 qui autorise la conduite de tracteurs agricoles ainsi que le Certificat individuel des produits phytosanitaires (CIPP).

Des stagiaires motivés
Ils furent six, six stagiaires à bénéficier de la formation « Ouvrier viticole 2013 » proposée par Espace intérim Cognac/Barbezieux.
Laurent Berthelot est infographiste (
www.lografik.com). Mais son activité n’est pas linéaire. Il s’inscrit à Espace intérim Barbezieux pour une saison de relevage. De fil en aiguille, il suivra la formation « Ouvrier viticole 2013 ». Ce nouveau métier qui s’amorce, il l’envisage comme un complément d’activité.
Julie Jean (le seul élément féminin de la formation) n’ignore rien de l’agriculture charentaise : relevage, tirage de bois, melons… elle pratique déjà. La taille de vigne va rajouter une corde à son arc.
Ancien agriculteur, Jérémy Boissennot fut salarié agricole dans la Vienne. Mais la crise laitière a eu raison de son poste. Il arrive à Cognac, « dans une région un peu moins agricole, un peu plus viticole ». Au début, il manque d’assurance mais, au final, cela lui plaît bien.
« A la base, dit Flavien Archambaud, je n’étais pas du tout dans la vigne mais dans le bâtiment. J’ai fait mon apprentissage mais je n’ai pas eu mes diplômes. Je n’ai pas trouvé de boulot. » L’employeur chez qui il effectue des missions d’intérim dans la mise en bouteille lui propose de travailler dans les vignes. Il accepte.
Alexis Petit a fait deux apprentissages, l’un de boucher, l’autre de charcutier. À chaque fois, il se heurte « à pas de chance ». Ses patrons ne lui accordent pas de temps. Aujourd’hui, le Domaine viticole qui l’emploie comme intérimaire lui a tendu une perche. « Pour moi, c’est parfait » dit-il.
CAP de cuisine en poche, Benjamin Robert n’a pas vraiment eu l’occasion d’exercer ses talents. « Les patrons veulent des gens qualifiés mais sans les payer, ni consacrer de temps à les former. C’est un peu le serpent qui se mord la queue. » Il découvre
Espace intérim, réalise plusieurs missions avec l’agence. « J’avais appris des trucs sur le tas mais cette formation me donne les bases. »

Les chiffres 2012 d’Espace intérim
l 936 inscrits sur Cognac et Barbezieux.
l 34 % des salariés ont moins de 26 ans.
l 153 entreprises ont fait appel à l’agence intérimaire (72 à Cognac, 81 à Barbezieux).
l Heures d’intérim : 170 407 heures.
l 26 % des entreprises sont clientes depuis au moins 3 ans.
l 229 salariés ont trouvé un emploi (61 CDI, 109 CDD…), dont 42 personnes dans des entreprises clientes suite à une mission.
l 16 stagiaires formés à la taille de la vigne depuis 2009 : 4 CDI, 7 CDD.
l 6 stagiaires formés en 2013 (4 à Cognac, 2 à Barbezieux).
l Sorties prévues : 3 CDI, 3 CDD.

Espace intérim
une vocation : l’insertion par le travail

En plus d’être une agence de travail intérimaire, Espace intérim a une vocation sociale : l’insertion par le travail. Une convention la lie à l’Etat pour le suivi et l’accompagnement des demandeurs d’emploi.

Avant Espace intérim, qui fonctionne depuis 2001, il y avait l’Adresse. L’association de retour à l’emploi, qui fonctionne toujours, est plus tournée vers les petits travaux aux particuliers, aux associations (ménages, services à la personne…). Gérer la précarité est son lot quotidien.

Avec Espace intérim, la dimension économique se fait plus prégnante. La structure est particulièrement adaptée aux personnes en capacité d’intégrer rapidement une entreprise. Le temps nécessaire, elle leur offre un volume de travail pour préserver les acquis et capita-liser une expérience professionnelle, « en attente de meilleure proposition ».

Comme toutes les agences intérim du bassin d’emploi cognaçais, l’industrie et le BTP absorbent les trois quarts de son activité. Malgré tout, la viticulture représente 10 à 11 % du courant d’affaires. « Nous avons toujours été sensibles à l’activité viticole. Aujourd’hui, c’est un secteur porteur » confirme J.-C. Escolar, directeur de l’agence. De janvier à octobre 2013, le nombre d’intérimaires mis à disposition par Agence intérim en zone viticole s’est élevé à 60.

Qu’est-ce que l’intérim ? C’est une relation tripartite entre un client – une entreprise utilisatrice – l’entreprise d’intérimaires et le salarié. Ce dernier est employé par l’agence d’intérim qui le met à disposition du client. La relation repose sur deux contrats : un contrat de mise à disposition entre l’agence d’intérim et le client ; un contrat de travail entre l’agence et le salarié.

Des agences intérimaires comme Espace intérim, axées sur l’insertion et l’emploi durable, il en existe une soixantaine en France. Un sigle les désigne : ETTI où Entreprises de travail temporaire d’insertion. En contrepartie d’obligations concernant l’accueil, l’accompagnement, le développement sur le territoire, la formation, une convention les lie à l’Etat (D.I.R.E.CC.TE). Par ailleurs, les salariés intérimaires des ETTI doivent être agréés par Pôle emploi. Cet agrément valide et garantit les critères d’insertion pas l’activité économique. Une fédération nationale regroupe les ETTI, la Fédération Coorace (Fédération nationale de l’économie sociale et solidaire).

Espace intérim Cognac
142, rue Henri-Fichon – Cognac
Tél. 05 45 35 34 84
espaceinterimco@wanadoo.f

Espace intérim Barbezieux
47, rue Marcel-Jambon – Barbezieux
Tél. 05 45 78 08 08
espaceinterimba@wanadoo.fr

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