Ils ont des scrupules, les jeunes, mais à 5 € l’entrée, ils ne placent pas la barre trop haut. Gratuite depuis ses débuts, en 1998, la Fête du Cognac introduit un léger changement, réalités obligent. Mais l’esprit reste le même : sons festifs, sens de la fête et communion autour d’un verre ou d’une assiette.
Instaurer un ticket d’entrée, même minime, n’allait pas de soi. Ils ont tergiversé de longs mois avant de s’y résoudre. C’est que, pour les piliers de la Fête du Cognac, la gratuité constituait une sorte d’ADN du projet. Dès le départ, en 1998, ils font de la gratuité un porte-étendard, une manière de décoincer le Cognac, pour le rendre plus accessible, moins élitiste, en un mot plus populaire sur son marché de proximité. Quelque part, il s’agit aussi d’inviter les jeunes des autres milieux à porter un regard neuf sur la communauté viticole. Et quand on ouvre la porte à ses amis, on ne les taxe pas sur le seuil d’entrée. C’est un peu tout ça qu’incarnait l’accès libre aux concerts. L’association n’y a pas renoncé de gaieté de cœur, craignant la « perte de cohérence. » « Le concept nous tenait tous à cœur. Nous avons essayé de le défendre corps et âme, aussi longtemps que possible. » Le pas a tout de même était franchi, sur l’autel du réalisme. « Il fallait nous rendre à l’évidence, notre modèle devenait de plus en plus difficile à tenir » admet Christophe Monnet, président de la Fête du Cognac. Après une année 2007 à + 24 000 €, l’année 2008 s’est conclue sur un déficit d’exploitation de 25 000 €. Face à des cachets d’artistes qui ont tendance à s’envoler, les ventes de consommations et de repas n’ont pas suffi à couvrir la totalité des dépenses. Est-ce l’effet de soirées plus fraîches en juillet 2008 ? Peut-être mais les jeunes y voient surtout l’expression « d’un schéma économique plus tendu ». « Lors de la dernière édition, la dépense moyenne par visiteur a diminué. Les gens ont pris moins de menus complets, optant davantage pour des plats uniques. » Alors qu’il avait été initialement envisagé de porter le menu complet à 16 €, les jeunes y ont finalement renoncé. Le menu reste à 14 €, avec toujours la possibilité de commander des plats seuls. Avec l’édition 2009, le site devient payant. Le ticket d’entrée, de 5 €, donne accès tant à l’espace consommation au bord de la Charente qu’aux concerts. Un pass de 15 € couvre les quatre jours et permet, se faisant, de bénéficier d’une soirée gratuite. L’association encourage vivement tous les visiteurs à acheter par anticipation leurs billets, pass, menus, pour éviter les files d’attente. Des sites de pré-vente sont ouverts quinze jours avant la manifestation à l’office de tourisme de la ville, au Centre Leclerc de Cognac ainsi qu’au bureau de l’association, à la Maison des viticulteurs, rue de Cagouillet. Victime de son succès, la Fête du Cognac a toujours eu un peu de mal avec la fluidité, surtout la fluidité aux cabanes, pour retirer les plats. Cette année et même si les jeunes espèrent une très bonne fréquentation, on peut penser que l’accessibilité se trouvera améliorée, ne serait-ce que par le système des billets retirés à l’avance.
Il y a longtemps que le projet était dans l’air, il se concrétise aujourd’hui. Une deuxième scène s’ouvre à 19 heures, en plus des concerts du soir. Cette scène – baptisée scène Summit, du nom du cocktail fétiche de l’interprofession cognaçaise – sera accessible avec le ticket d’entrée journalier ou le pass (entrée sur le site à partir de 18 heures). Comme pour les autres concerts, Gaëtan Brochard, de West Rock, s’occupe de la programmation. Quelques pépites sont attendues en début de soirée, telles Krystle Warren, une star des Bayous, qui porte haut le groove US (elle a assuré la première partie de Keziah Jones) ou encore, le dimanche 12 juillet, FM New Popular Music, jeune artiste inspiré, adepte d’un nouveau genre musical, la Pop symphonique. A découvrir. Sur la scène X.O de première partie de soirée et sur celle de 23 heures, à signaler un tas d’ambiances excitantes : I’m from Barcelona, un groupe de 33 musiciens qui vient de Suède et pratique la « Pop festive », Anthony Joseph & the Spasm Band, une formation « Afro-funk » de Trinidad, le bien connu Yodeline (le dimanche soir), Ridan, victoire de la musique 2005 ou encore deux représentants du « groove des Balkans », Miss Platinum, qui vient de Roumanie et Shantel & Bucovina Club Orchestra, arrivés d’Allemagne. Une super soirée du lundi en perspective.
Toilettes sèches, gobelets réutilisables… Encore plus qu’à l’habitude, La Fête du Cognac met l’accent sur la notion « d’éco-manifestation ». La fête sera propre. Et sera belle si on se fie à l’an dernier. Les lampions de Monique la Mouche se reflétant sur les eaux sombres de la Charente vous avaient un petit air vénitien d’un charme fou. Seule légère ombre au tableau : les bénévoles de la première heure voudraient bien passer le relais. Ils ont lancé un appel au peuple lors de la dernière assemblée générale. « Tous les ans, cette fête populaire, devenue un événement incontournable, représente une petite victoire que nous gagnons ensemble, avec les 350 bénévoles. »
En 2009, la Fête du Cognac conserve la même configuration. Les trois entrées se positionnent comme à l’ordinaire côté Martell, quais Hennessy et le long du musée des Arts du Cognac (vers la place Beaulieu). Le site s’ouvre à partir de 18 heures et se referme à 2 heures du matin. Au grand bar du Maco, sont venus s’adjoindre plusieurs mini-bars, bars à cocktail, shouters… Car au-delà de la musique et de l’ambiance festive, le but de la fête consiste bien à mettre en scène la consommation du Cognac, du Pineau, des Vins de pays charentais et des autres produits régionaux. Sur les quatre jours 2008, la Fête du Cognac a accueilli environ 40 000 personnes. Furent consommés plus de 1 000 bouteilles de Cognac, 1 800 bouteilles de Vins de pays charentais, 1 200 kg de moules, 400 kg d’escargots, 1 800 melons. Sur 2008, les recettes récoltées sur la fête ont représenté 158 456 € tandis que les subventions atteignaient 159 160 €. Un chiffre stable, qui ne devrait pas baisser en 2009.
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