Dis-moi comment tu parles …

21 février 2009

Confronté au besoin de communiquer, comment s’y prend-on pour amadouer une langue ? Deux témoins racontent leurs expériences.

Francine Forgeron (Cognac Forgeron)

« J’ai commencé à parler anglais avec un vendangeur canadien. Nous étions sur le même rang de vigne et au bout de 15 jours, on se comprenait tous les deux, avec un dictionnaire en poche. J’avais rencontré d’autres anglophones mais, avec eux, je n’avais pas la clé. Le fait que mon vendangeur canadien maîtrise les deux langues m’a introduit à l’anglais. Aujourd’hui, j’achète tous les étés Passeport, le magazine éducatif pour les jeunes. Je me suis inscrite aux cours d’anglais du Jumelage à Jarnac. J’y suis allée sept ou huit fois mais quand est arrivé le printemps et les vignes à tailler… Mon problème, c’est que je parle aussi vite en anglais qu’en français, en faisant des fautes de conjugaison et de vocabulaire. D’un autre côté, je n’ai pas peur de parler. J’utilise des mots simples, des mots à moi et j’arrive à me faire comprendre des visiteurs qui passent sur l’exploitation. L’anglais est vraiment la langue outil par excellence. Je l’utilise avec les Hollandais, les Danois, les Allemands. C’est presque plus facile avec eux car, comme moi, ils ne possèdent pas vraiment la langue anglaise. Personnellement, je ne nourris pas de regret quant à “l’hégémonisme” de l’anglais. Autant je suis attachée à nos langues “patrimoines”, voire à nos parlers locaux, autant je suis convaincue que nous avons besoin d’une langue commune à tous, qui gomme les frontières. C’est déterminant pour développer le tourisme, l’accueil et bien sûr l’exportation de nos produits. »

David Croizet (Cognac Menuet)

« On pourrait raconter un tas d’anecdotes sur les tâtonnements de la langue. Je me souviens de dîners assez terribles avec des Japonais où nous répondions – yes, yes – sans comprendre ce que l’on nous disait. Même encore, ces dîners sont très fatigants. Ils demandent une concentration extrême. Mais tout est question d’entraînement et de confiance en soi. Plus on pratique, plus on se sent à l’aise. Avec les non Anglo-Saxons, se pose souvent le problème de l’accent. Un Chinois ou un Japonais ne parlent pas avec la même intonation qu’un natif d’Oxford. Les Anglo-Saxons, eux, sont forcément à l’aise avec le vocabulaire. Ils parlent donc vite, sans forcément adapter leur débit. Parfois, il vaut mieux faire répéter plutôt que de ne pas comprendre. Il arrive très rarement que nos interlocuteurs ne parlent pas anglais. C’est parfois le cas avec les Espagnols. Envisager de faire de l’exportation sans parler anglais relève d’une gageure. C’est déjà très difficile d’être compétitif face à des structures de 25 personnes comme les sociétés d’importation. Si, en plus, on n’est pas capable d’être réactif, il vaut mieux ne pas y songer. Mais on peut aussi s’entourer d’une bonne assistante. On n’est pas obligé de faire tout tout seul. L’important est de se lancer, de multiplier les occasions de communiquer et d’aimer le faire. On ne saurait être un bon communicant en langue étrangère si on ne l’est pas d’abord chez soi. Il est parfois judicieux de prendre quelques cours pour récupérer le courage de s’exprimer dans une langue étrangère. Une bonne connaissance de la culture du pays aide aussi beaucoup. C’est sans doute l’apport essentiel des missions d’étude à l’étranger. Si vous voyez un Asiatique s’endormir dix minutes à table, ne soyez pas surpris. Cela fait partie des traditions. Dans la négociation, un déséquilibre existera toujours entre un anglophone et vous. C’est pour cela qu’il faut toujours chercher un terrain neutre en se ménageant le temps de la réflexion. Les principes de bases consistent à ne jamais négocier à chaud et toujours se faire confirmer par écrit les quantités, les délais, les prix, par tous les moyens possibles, fax, mail, courrier. »

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