Un avis favorable a été délivré en janvier dernier par l’INAO au sujet de la demande d’IGP formulée par les huîtres Marennes-Oléron. Validé par la France, le dossier est en cours de transmission à Bruxelles, puisque l’IGP fait partie des labels européens homologués par l’U.E. A cette occasion, les cahiers des charges applicables aux huîtres ont été revus pour étendre la notion de territoire protégé. De l’élevage à l’affinage et jusqu’au conditionnement, 25 communes ostréicoles du bassin Marennes-Oléron sont concernées. Les claires, déjà répertoriées, le sont de manière encore plus précise. Ce qui fait dire à F. Patsouris : « Dans la perspective de IGP, le territoire délimité des marais salants est en train de prendre de la valeur même s’il n’est pas toujours en état. Mais il n’y aura pas d’autres endroits pour affiner les huîtres. » Par rapport à la marque collective, l’IGP devrait se traduire par une protection juridique renforcée, plus d’arguments pour éliminer les contrefaçons. Il s’agit aussi d’une reconnaissance des pratiques spécifiques réalisées sur le bassin, telles que l’affinage et l’élevage en claires. Nicolas Brossard, de la section régionale, enfonce le clou : « Du point de vue ostréicole, le bassin Marennes-Oléron jouit de la plus grande notoriété en France. » Un bassin entre terre et mer…
C’est en effet la rencontre des eaux douces de la Charente et de la Seudre et des eaux salées de l’Océan (dans un rapport d’environ un quart/trois quarts) qui va créer ce « boom planctonique » si décisif à l’élevage des huîtres. L’eau salée rentre dans le bassin par le pertuis de Maumusson. En gros temps, la passe est considérée comme aussi dangereuse que le raz de Sein, en Bretagne. Mais en même temps, un système de courantologie très particulier confère aux parcs à huîtres, ces zones à fleur d’eau, toute leur typicité. « Il y va des parcs à huîtres comme des vins de Bordeaux. Les grands crus côtoient les petits vins » relève sans langue de bois le président de la section ostréicole. Il n’occulte pas davantage le fait que des huîtres puissent débuter leurs élevages en Bretagne ou ailleurs. Résumé de F. Patsouris : « Plus on met les huîtres en profondeur dans la mer, plus elles poussent vite, plus on gagne mais plus on risque aussi, à cause des étoiles de mer, des courants, des tempêtes. »
Pour revenir au bassin Marennes-Oléron, depuis plusieurs années, un déficit d’eau douce (changement climatique, pompages) fait remonter le taux de salinité des eaux. Les huîtres deviendraient donc plus salées… sauf que les ostréiculteurs, dans le même temps, ont tendance à prolonger leur passage en bassin (oxygéné, rafraîchi…). Ainsi des amateurs éclairés ne sont pas loin d’assimiler le goût salé des huîtres à un gage de qualité et d’authenticité, respectueux des techniques traditionnelles.
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