Coopérative UNIRE : Une agriculture durable sur l’Ile de Ré

11 juin 2014

Elle l’est aujourd’hui, elle le sera encore plus demain. L’agriculture rétaise se « grenellise » ou se « verdit ». Alors qu’un Groupement de développement pour une agriculture durable s’est constitué pour aider les élus à défendre les dossiers, la coopérative voit émerger en son sein un groupe bio, composé pour l’instant de cinq vignerons. « N’ayez pas peur, nous sommes dans l’île de Ré » rassurent les édiles de la coopérative.

p37.jpgAlerte orange, risque de submersion. En cette matinée de fin d’hiver 2014, une marée de 114 assortie d’une forte houle dopée par le vent réveillait de méchants souvenirs dans la salle publique de Bois-Plage-en- Ré. Lionel Quillet, maire de Loix, conseiller général, président de la communauté de communes, était sur les dents. Non seulement la nature menaçait de se déchaîner mais un jeune de 21 ans venait de décéder par noyade dans sa voiture. Ce jour-là, Ré la blanche ne se présentait pas sous son meilleur jour. Elle avait la mine blafarde. Ceci dit, difficile de prendre en défaut le côté pince-sans-rire de Jean-Jacques Enet, le président de la coopérative. Alors que les questions peinaient à venir, il demanda à ses collègues « si c’était la marée qui plombait l’ambiance ». En tout cas, ce ne sont pas les résultats dégagés par la coopérative. Comme tous les ans, ils sont excellents.

Un chiffre d’affaires de 13 millions d’€

Sur l’exercice 2012-2013 clôturé au 31 juillet, la coopérative Uniré a réalisé un chiffre d’affaires de 13 millions d’€, en progression de 361 000 €. Le résultat d’exploitation ressort à 596 000 €. L’activité vigneronne dégage 9,4 millions d’€ de chiffre d’affaires (- 143 000 € par rapport à l’exercice précédent) contre 2,5 millions pour l’activité maraîchère, en hausse de 24 %. En 2012 et sans doute en 2013, la coopérative insulaire a dû batailler avec le manque de récolte. Sur l’année 2012, elle n’aura engrangé, tous cépages confondus, que 3 255 tonnes de raisins (25 416 hl vol), ce qui a fait de cette récolte les plus petites vendanges vini-fiées à la coopérative, après les premières de 1951. Conséquence : il a fallu faire des choix lors des vinifications « et puiser de façon drastique dans nos stocks pour assurer les mises en bouteilles de l’été 2013 ».

Concernant le Pineau des Charentes, la coopérative a muté le quart des moûts rosés travaillés habituellement (361 hl vol. de moûts contre 1 580 hl vol. l’année précédente). De même en ce qui concerne les vins, une seule cuve de vin rouge a été élaborée pour le millésime, la cave privilégiant autant que faire se peut le rosé. Car cette couleur occasionne 50 % des ventes de vins de la cave, tant en Vins de table qu’en Vins de pays. Jusqu’à présent, 80 % des vins de la coopérative s’écoulaient sur le territoire rétais. En 2012-2013, ce pourcentage a accusé une légère baisse. Il n’est « que » de 78 %. A Uniré, les ventes détails (bouteilles et bibs) représentent globalement 2 millions de bouteilles.

Un groupe bio à la cave

Un groupe bio à la cave ! C’était déjà dans les têtes depuis quelques années. En 2012, histoire de vérifier la faisabilité du projet, la coopérative se déplace à Duras, ce petit vignoble aquitain fiché sur un piton calcaire aux portes de Bordeaux. Là-bas, des vignerons bio côtoient les vignerons conventionnels. Cette liberté d’engagement séduit les rétais qui, dès leur retour, créent une commission ad hoc. Côté technique, des contacts sont pris avec le GAB 17, les services de la Chambre, l’organisme de certification. En 2014, les choses sont bien avancées. La conversion bio concerne 5 vignerons coopérateurs, pour tout ou partie de leurs exploitations. En effet, comme à Duras, les vignerons rétais ont le choix, soit d’engager la totalité de leur exploitation en bio, soit de créer une exploitation bio à côté de l’exploitation conventionnelle. L’un d’entre eux en est déjà à sa deuxième année de conversion (trois ans au total). Les autres amorcent le processus. En 2015, la cave devrait vinifier 8 ha 90 en bio. « La première cuvée portera sûrement sur des rosés » anticipe déjà le maître de chai François Guilbaud.

« Une évolution saine de notre viticulture »

p37b.jpgEn fin de conversion, sont attendus 18 ou 19 ha en AB. Une surface qui pourrait évoluer « en fonction de la réponse du marché et de la charge de travail que cela occasionne » note le président Enet. Lui-même n’a pas l’intention de sauter le pas mais il comprend l’intérêt que cela peut présenter pour sa structure. « Nous devons nous approprier cette évolution de l’agriculture sur l’île. Ne soyez pas inquiets. Il s’agit d’une évolution saine de notre viticulture. Une partie de la clientèle est demandeuse ainsi qu’une frange de nos producteurs. De plus, l’outil coopératif s’y prête. Notre salle de réception de la vendange, en cours de refonte (voir encadré), nous permettra d’isoler facilement la vendange bio de la vendange conventionnelle. » « Après, ajoute-t-il, la démarche reste tout à fait personnelle. N’y va que celui qui a envie d’y aller. La technique bio, basée sur l’observation et la lutte préventive plutôt que curative, demande beaucoup de rigueur. »

Sans relever strictement de l’AB, la lutte collective contre les tordeuses de la grappe par confusion sexuelle fait déjà appel à une « méthode douce ». Depuis 2012, la coopérative a amorcé la démarche. Modestement au départ (62 ha) puis de manière de plus en plus significative (178 ha de vignes en 2013, 394 ha de prévus en 2014). L’effort est soutenu financièrement par les collectivités territoriales rétaise (CDC, communes) qui ont validé le principe d’un engagement pluriannuel.

Une initiative opportune

A cet égard, le président Quillet s’est réjoui de la création, le 4 décembre 2013, d’un Groupement de développement pour une agriculture durable sur l’île de Ré. Cette initiative lui semble particulièrement opportune. « Outre le fait de faciliter les échanges entre nous, cette structure apporte une vraie caution technique et professionnelle au dialogue noué avec les autorités, l’Administration. » Où l’on voit que dans l’île de Ré la réflexion sur les meilleurs moyens de défendre les intérêts du territoire n’est jamais loin. Un sport local dans lequel excellent les élus. Et gare à ceux dont l’action individuelle se mettrait en travers de l’action collective. Ils se font rapidement « tacler » par les collègues. Dans l’île, cela ne se fait pas. Tant pour le renforcement des digues que pour la lutte contre les lapins qui jettent leur dévolu sur les cultures, on y va groupé et avec un certain sens de la stratégie. « La France est le pays le plus administratif du monde mais je crois que l’on va y arriver » énonce tranquillement Lionel Quillet, le politique de l’étape.

L’appel du pied du Pineau des Charentes pour créer une marque
« Je pense que vous avez sur l’île de Ré un potentiel à valoriser. J’en suis persuadé. » Qui dit cela ? Le président du Comité national du Pineau, Patrick Raguenaud. Ils sont plusieurs à croire que le Pineau aurait tout à gagner si un territoire aussi emblématique que l’île de Ré bâtissait une marque autour du vin de liqueur. D’où un appel du pied insistant pour qu’Uniré « fasse rêver le consommateur ». « Ici, vous disposez de tous les attributs. Pourquoi ne deviendrez-vous pas un modèle ? » s’est interrogé en direct le président du comité avant de convenir « qu’il y avait encore un peu de travail ».

 

 

 

 

Une nouvelle salle de pressurage

« Le planning est très serré. Nous n’avons pas droit à l’erreur » déclare au sujet de la salle de pressurage Christophe Barthère, le directeur d’Uniré. Les travaux de refonte globale du site furent entamés après les vendanges 2013. Tout a été cassé, la toiture enlevée pour le désamiantage (avec les délais ad hoc), l’ensemble de la tuyauterie démontée pour être récupérée. Le gros œuvre a démarré fin janvier pour s’achever à la mi-avril. A suivi l’installation des pressoirs, dont un nouvel équipement de 250 hl inerté à l’azote (l’Inertis de Vaslin-Bucher). Objectif ! Améliorer les vinifications des Sauvignon mais aussi des Chardonnay et des rosés. Du 24 mai jusqu’au 14 août, toute la tuyauterie devrait être reposée, l’aire de lavage pour le nettoyage des bennes réalisée. Fin de chantier prévue à la mi-août. Coût de l’opération : 1,9 million d’€, financé par un emprunt d’1 million d’€, une aide de FranceAgriMer de 500 000 €, le solde étant autofinancé. Christophe Barthère émet un souhait : « que les vendanges ne soient pas trop précoces cette année ».

A lire aussi

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

C'est un constat qui a fait le tour des médias, sportifs ou non: l'US Cognac va très mal. Malgré les efforts de Jean-Charles Vicard pour tenter de redresser la barre, le club se retrouve dans une difficile situation financière.  La direction a de fait décidé d'envoyer...

error: Ce contenu est protégé