Cognac : les jeunes viticulteurs dénoncent l’inaction des instances

23 mai 2025

Nina Couturier

 
Une lettre ouverte met en lumière la détresse des exploitations et interpelle le SMC, l’UGVC et le BNIC

Dans une prise de parole collective datée du 22 mai 2025, les Jeunes Agriculteurs de Charente et Charente-Maritime interpellent les principales instances représentatives de la filière Cognac. Face à une crise économique persistante, ils dénoncent l’absence de réponses concrètes et appellent à une révision en profondeur du mode de gouvernance.

Une crise durable aux conséquences multiples

Les viticulteurs signataires alertent sur une situation économique qu’ils qualifient de « grave et durable ». La baisse des achats, la surproduction et le surstockage sont identifiés comme les principaux facteurs de cette crise. À ces éléments s’ajoute un manque de visibilité sur l’avenir du marché, qui rend difficile toute projection ou prise de décision à moyen terme pour les exploitations. L’ensemble de ces facteurs fragilise l’équilibre économique des domaines, avec des répercussions directes sur les familles et les territoires.

Des instances jugées immobiles face à l’urgence

L’Union Générale des Viticulteurs pour l’AOC Cognac (UGVC) et le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC), tout comme le Syndicat des Maisons de Cognac (SMC),  sont directement mis en cause. Les jeunes viticulteurs de la lettre dénoncent un « immobilisme préoccupant » de ces structures, censées anticiper les dérives du marché et défendre les intérêts des producteurs. Ils relèvent un manque d’initiatives, une absence de pilotage stratégique, ainsi qu’un silence jugé inacceptable face à la gravité de la situation actuelle.

Des pratiques contractuelles remises en question

Parmi les griefs exprimés, les jeunes viticulteurs pointent certaines pratiques contractuelles des maisons de Cognac : baisses de contrat par avenants, clauses restrictives ou encore désengagements unilatéraux. Ces décisions, prises sans concertation avec les représentants de la viticulture, accentuent la précarité des exploitations. Elles sont perçues comme un signal négatif sur la qualité du partenariat entre producteur et acheteur, et interrogent sur la pérennité du modèle actuel de contractualisation.

Une représentativité jugée défaillante

Au-delà de la gestion de crise, les JA questionnent la représentativité réelle des structures interprofessionnelles. Ils appellent à une révision du fonctionnement de ces instances pour que la voix des producteurs y soit mieux entendue. La demande porte sur une gouvernance plus inclusive et une meilleure prise en compte des réalités économiques du terrain, en particulier pour les jeunes installés et les exploitations familiales.

Une revendication de soutien immédiat

Les Jeunes Agriculteurs formulent une demande claire : des mesures concrètes et urgentes pour soutenir les exploitations. Ils insistent sur la nécessité d’un positionnement public des trois instances concernées et attendent des réponses rapides. L’objectif est de mettre en place des outils d’accompagnement adaptés à la situation actuelle, afin de préserver l’activité économique et de maintenir l’emploi dans les exploitations.

Un appel à préserver le tissu viticole local

La lettre souligne que la viticulture du cognac ne peut être réduite à une logique de rentabilité immédiate. Elle évoque la dimension humaine, patrimoniale et territoriale de la production. Pour ces jeunes viticulteurs, la survie des exploitations ne concerne pas seulement la sphère économique, mais aussi la transmission des savoir-faire et le renouvellement des générations. Sans perspectives, ils estiment que l’attractivité du métier et la pérennité de l’appellation sont compromises.

Une mobilisation envisagée en l’absence de réponses

Enfin, la lettre conclut sur une mise en garde : en cas d’absence de réponse et de mesures tangibles, des actions collectives pourront être menées. Les signataires évoquent des actions de « mobilisation et de visibilité » pour faire entendre leur détresse. Ils affirment leur détermination à défendre leur avenir professionnel et leur attachement à la filière Cognac.

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