Cognac : En valeur, les Etats-Unis supplantent La Chine

8 janvier 2016

La nouvelle mérite d’être relevée. A fin novembre 2015, lesexportations de Cognac vers la zone Alena (Etats-Unis, Canada,Mexique, avec 99 % des volumes absorbés par les Etats-Unis) ont, en valeur, dépassé celles vers l’Extrême-Orient(Chine, Singapour, Hong-Kong, Taïwan, Thaïlande, Malaisie,Corée-du-Sud, Japon). Une première depuis juillet 2008. C’estla conséquence d’un marché américain extrêmement bienorienté. Un marché « en feu », pour reprendre l’expressionrécente d’un chef de maison.« Quand l’économie va bien, le Cognac va bien », a-t-on l’habitudede dire ici. Une fois de plus, l’adage se vérifie. Depuis2012, l’économie américaine a renoué avec une croissancesupérieure à 2,5 %. Pour les experts, le pic de la croissanceaurait été atteint en 2014 et, déjà, une « fin de cycle » se profileraitoutre-Atlantique. Mais, quoi qu’il en soit, aujourd’hui,avec seulement 5 % de chômeurs, le pays frôle le quasi-pleinemploi. Et quand on sait que les salaires ont augmenté de 4 %,on comprend pourquoi les Américains ont encore les moyens– et l’envie – d’acquérir une bouteille de Cognac à 37 $. Lasituation est tellement bonne que la Réserve fédérale américaine(la banque centrale des Etats-Unis) a annoncé, mercredi16 décembre, un relèvement de ses taux directeurs d’unquart de point (avec un impact attendu de 0,25 à 0,50 % sur lestaux d’intérêt des emprunteurs comme des épargnants). Untémoignage de confiance de la part du gouvernement américainqui n’était pas survenu depuis 2008 (et même juin 2006).A tout cela, il faut ajouter un taux de change $/€ très favorableaux entreprises exportatrices européennes. Dans unerégion comme Cognac où les transactions sont à 50 % facturéesen dollars, une bouteille vendue 50 $ aux Etats-Unisramène aujourd’hui à l’économie cognaçaise à peu près lamême somme, 50 €. A une époque pas si lointaine où le dollaraffichait un différentiel de taux de change de 40 % (en moins),ce n’était pas exactement le même rapport.Compte tenu de cette conjoncture très favorable – et de la politiquecommerciale extrêmement dynamique conduite par certainesmaisons de négoce dont une en particulier – les statistiquesdu BNIC à fin novembre indiquent, en année mobile, unvolume d’expéditions vers les Etats-Unis de 179 000 hl AP (enhausse de 9,6 % par rapport à la même période l’an passé).Sa valeur atteint 915,3 millions d’euros, en hausse de + 35 %.Et s’avère donc supérieure aux expéditions vers l’Extrême-Orient, pour la première fois depuis 7 ans.Si toutes les qualités progressent outre-Atlantique, le marchéaméricain reste cependant très fortement tourné vers leVS (deux ans et demi minimum de vieillissement). D’où desachats d’eaux-de-vie plutôt orientés 00, 0, 1 et qui, en tout cas,ont du mal à dépasser le compte 2.Dans ce contexte, comment se déroulent les premières discussionsautour du rendement Cognac 2016 ? On se souvientqu’au printemps 2015 les professionnels siégeant au BNICavaient souhaité en fin de compte aligner la méthode de calculdu rendement Cognac sur les perspectives du Business PlanCognac, elles-mêmes alimentées par les projections de ventesdu négoce. La même attitude va-t-elle prévaloir une nouvellefois ? Côté viticulture, il semblerait qu’une opposition plusfranche se dégage. Non seulement se calquer sur le BusinessPlan Cognac aboutirait, en théorie, à un niveau de rendementtrès élevé – de l’ordre de 12,5 hl AP/ha – mais encore ce seraitfaire fi des outils de corrections, consubstantiels de l’outil decalcul interprofessionnel. D’où l’idée de ne pas préserver dansla fixation d’un rendement « au doigt mouillé », mais de « faireévoluer la méthode de calcul pour conserver des élémentsd’encadrement ». Les discussions se poursuivent.En avril 2016, la réserve de gestion 2011 sera en partie libérableen compte 4. Cette possible libération d’eaux-de-vie rassisesn’est pas sans inquiéter une partie du monde viticole.« Souhaitons que ce déblocage n’entraîne pas trop de perturbations.C’est là que nous allons apprécier le niveau de responsabilitédes viticulteurs. Car si de la marchandise devait partir à vilprix, cela pourrait engendrer une vraie pagaille. A cet égard, leprintemps 2016 sera un véritable juge de paix. » Un espoir ! Queles viticulteurs se dispensent de mettre sur le marché leursréserves de gestion, après la belle récolte 2015 et les ventesréalisées dans son sillage.Plus généralement, ces volumes de réserves de gestionconduisent à s’interroger sur la composition du stock et, demanière récurrente, sur le poids toujours plus grand des rassiseset notamment des comptes 10 dans ce stock, comptetenu de l’évolution actuelle du mix qualité. Une frange significativede la viticulture en tire la conclusion qu’il faut savoir raisongarder quant à la hauteur du rendement annuel Cognac.« Le niveau auquel nous avons produit jusqu’à maintenantsuffit amplement à alimenter les ventes du négoce, même encroissance soutenue. Sinon, nous n’aurons aucune chance devendre nos eaux-de-vie rassises, ni nos enfants ni même nospetits-enfants ! »Manque de chance, le résultat des déclarations de récolte2015, connu lundi 21 décembre, est sorti juste un peu troptard (l’histoire de quelques heures) pour que nous puissionsle publier. Des pronostiqueurs avertis donnaient un niveau derécolte juste un peu en dessous des 12 de pur ha (autour de11,80 hl AP/ha). Wait and see ou plutôt rendez-vous sur lespages internet et réseaux sociaux du Paysan Vigneron. En attendant,un chiffre circule, celui de la mise en vieillissementde la récolte 2015. Il serait de l’ordre de 770 000 hl AP, aprèsréintégration de la climatique.Bonne et heureuse année, joyeuses fêtes, beaucoup de courageet d’envie à l’orée de cette nouvelle campagne de travauxviticoles.

Dernière minute :aides aux investissements

Comme il y a un mois et dans les mêmes circonstances – aprèsla tenue d’un conseil spécialisé – les services de FranceAgri-Mer signalent une nouvelle modification du formulaire de demanded’aides aux investissements. Là aussi le changementporte sur la récupération automatique de données. Cette fois,il s’agit d’autoriser FAM à récupérer directement auprès desDouanes les déclarations de récolte et de stocks des annéesprécédentes pour l’établissement de l’AROC. Ce n’est pas uneobligation mais le viticulteur doit dire si, oui ou non, il acceptecette récupération automatique. La modification ne concernepas tout le dossier mais uniquement deux pages de la partie 1(pages 7 et 8) et la page 6 de la partie 2 sur la complétudedu dossier. Le viticulteur qui remettrait en janvier la partie 1avec le formulaire impropre ne sera pas pénalisé mais devra fournir les pages actualisées avant le 21 février. Autant partir du bon pied.

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