« Citius, Altius,Fortius – Communiter »

23 juillet 2024

Nina Couturier

« Plus vite, plus haut, plus fort et ensemble », nous y sommes, les Jeux Olympiques sont lancés, et avec eux leurs lots de challenges, de défis, mais aussi un leitmotiv partagé par chaque athlète : le dépassement de soi. Autre décor, même enjeu, les viticulteurs du bassin viticole Charentes-Cognac commencent eux aussi à se préparer à l’adversité et à la recherche des leviers qui leur permettront, sur les court et moyen termes, de surmonter les obstacles économiques (mais pas que) et ainsi garantir la pérennité de leurs exploitations. Faites vos jeux ! Alors que tous vont se préparer pour les vendanges, l’été 2024 invite aussi et dans ce contexte incertain à une réflexion plus profonde sur les perspectives de la filière Cognac et ses défis économiques appelant aujourd’hui à une stratégie renouvelée, fondée sur la flexibilité, l’adaptation et la durabilité des solutions à mettre en oeuvre.

Des attentes, nombreuses, du côté de la viticulture

Ce n’est plus une révélation, la filière Cognac se trouve aujourd’hui face à des expéditions en baisse et à des marchés mondiaux plus incertains. Les effets prolongés de la pandémie, les tensions géopolitiques et les changements dans les habitudes de consommation poussent à réévaluer l’approche du bassin charentais. Côté terrain, c’est le voeu d’une stratégie déployée vers plus de raison, de durabilité et peut-être moins d’ambition qui est formulée. Formalisées par les viticulteurs à l’occasion des réunions de proximité organisées par l’UGVC au premier semestre 2024, les attentes sont nombreuses, tant en termes de compréhension de la situation et de ses causes, que s’agissant de l’apport, rapidement, de solutions pragmatiques, concrètes et efficaces permettant de gérer les volumes issus d’un outil de production qui n’aura jamais été aussi bien portant. Avoir un rendement annuel cognac crédible pour assurer la pérennité des exploitations et éviter la surproduction, maintenir un revenu à l’hectare, faire du business plan un outil d’aide à la décision raisonnable et non excessivement ambitieux, avoir une vision réaliste du marché pour ne pas reproduire les erreurs du passé, mais aussi promouvoir une « Citius, Altius, Fortius – Communiter » communication plus transparente et réaliste du syndicat sont alors autant d’attentes et d’axes de travail attendus par les viticulteurs cognaçais dans le contexte actuel.

Une stratégie expliquée, pour une vision partagée

Si tous partagent la volonté de maintenir une vision de long terme – ne contestant pas en cela l’outil business plan – tous souhaitent aussi disposer de l’ensemble des éléments de compréhension du contexte et des leviers aujourd’hui sur la table. Un pré-requis nécessaire pour partager et souscrire à une vision collective. « Maigre » contribution dans cette édition de juillet-août, Le Paysan Vigneron propose un dossier, si ce n’est exhaustif à tout le moins copieux, présentant les outils en place, mais aussi la vision des professionnels etdes acteurs de la filière, pour nous l’espérons prendre du recul et mieux se projeter. Trente pages pour faire le point, en toute transparence, du local au national, et vous accompagner dans la compréhension des enjeux en cours.

Août mûrit, septembre vendange, en ces deux mois tout bien s’arrange

Si à chaque jour suffit sa peine, les viticulteurs ne se seront pas ménagés cette année, jusqu’à la récolte du fruit de leur travail. Comme tous les ans, vigilance, proactivité et respect des normes sont au menu de la gestion du millésime 2024. Notre traditionnel « Guide des vinifications » s’inscrit dans cette démarche : vous accompagner et vous apporter, au bon moment, tous les rappels et conseils à mettre en oeuvre à chacune des étapes clés du processus des vinifications. Comme nous vous le rappelons tous les ans, détermination de la date des vendanges, recrutement et formation, préparation du matériel, planification logistique, suivi de la maturité et de la récolte et enfin vinifications, organiser ses vendanges ne laisse que peu de répit à celui qui sera soucieux de garantir la qualité de ses vins. En un mot, il faut ANTICIPER !

« Il n’y a point d’éloges qu’on ne donne à la prudence. Cependant, elle ne saurait nous assurer du moindre événement. »

Si l’exercice stylistique de la fable tend le plus souvent à apporter à ses lecteurs une leçon de prudence, ce type de récit se trouve alors parfaitement adapté au contexte aujourd’hui traversé par la filière Cognac. Si pour pousser le trait, et comme ce fut le cas dans les écrits passés du Paysan Vigneron, nous aurions pu vous proposer cette fable en patois saintongeais, nous ne sommes pas allés jusque-là, tout en nous prêtant néanmoins à l’exercice…

« Dans les Charentes, terres de cognac,
Vivait un vigneron loquace.
Le cognac, il chérissait,
Mais un seul fruit, il cultivait.
L’été durant, joyeux, insouciant,
Il chantait, buvait, oubliant les ans.
À ses côtés, un autre vigneron,
Diversifiait, toutes ses productions.
Quand l’hiver s’annonça avec toute sa rudesse,
Que le fruit du cognac porta moins d’allégresse.
Qui des deux à la fois dépourvu et interloqué,
Regardait las, ses vignes, ici, juste plantées.
Tous deux se rappelaient du temps où, fourmis,
Tous diversifient, par la résilience, unis.
Hélas, la crise passée, au retour des beaux jours,
D’aucuns furent tentés par myriades d’atours.
Tous en vinrent alors à se questionner :
“Si à saison préparée, provision est assurée,
à chacun désormais, sans autre choix, de s’adapter. »

Malgré la chape de plomb pesant dans ce contexte complexe et toujours incertain, les touristes et épicuriens de France et de Navarre sont impatiemment attendus sur l’aire d’appellation. Petites, moyennes ou plus grosses structures, négociants, viticulteurs, mais aussi plus largement acteurs du patrimoine de la filière sont ainsi prêts à accueillir les visiteurs désireux de venir à la découverte des richesses du bassin viticole Charentes-Cognac. Une offre multiple, tant dans le public visé que dans les activités proposées et de leur répartition sur le territoire, permettant d’aller au devant de toutes les demandes (voir notre édition de juin 2024). L’envie est là, l’organisation l’est aussi, il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que l’été s’installe ENFIN dans les Charentes. Les équipes du Paysan Vigneron souhaitent un bel été à tous, mu de l’espoir d’un contexte qui, morose aujourd’hui, se poursuive sous de meilleurs auspices.

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