Ils Font Feu De Tous Bois

22 février 2009

A Sonnac (17), les frères Marilleau, Jean-Yves et Laurent, possèdent chacun une chaudière bois à alimentation automatique. Retour d’expérience

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Jean-Yves Marilleau devant sa chaudière à plaquettes.

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Jean-Yves Marilleau – « Nous utilisons tous les deux des chaudières à plaquettes de bois. J’attaque mon dixième hiver et mon frère son troisième. Nous avons choisi une fabrication locale, Energie 79, à la limite de la Vendée. Le matériel présente l’avantage d’être simple, pas trop cher et le dépannage est assuré. Il y a deux ans, mon frère a eu une panne sur sa vis sans fin. Il a été dépanné sur-le-champ. Quand j’ai voulu m’équiper il y a dix ans d’une chaudière automatique à bois, j’ai d’abord dû “vendre l’idée” à mon plombier-chauffagiste. Quel que que soit le corps de métier, il ne faut pas attendre des artisans qu’ils se montrent novateurs. Ils préfèrent rester dans le classique. Après avoir vu quelques belles réalisations en Deux-Sèvres, mon chauffagiste a finalement accepté de monter l’installation et, depuis, il s’est ouvert aux énergies alternatives, solaire notamment. Personnellement, je n’ai pas la place de stocker l’intégralité de mon combustible sur le site. Je réapprovisionne ma cuve d’alimentation tous les deux-trois jours, en transportant des seaux. cuve.jpgMon frère par contre dispose d’un silo d’une autonomie d’un mois et demi et du tas de plaquettes à côté. Quand le silo est vide, une chaîne à godet permet de le remplir automatiquement. Il ne touche à rien. Ce type de chaudière ne s’adresse pas à des citadins mais plutôt à des ruraux qui disposent de place même s’ils ne possèdent pas la ressource. En matière de combustible, “nous faisons feu de tous bois”. Tout peut passer dans la chaudière, le bon bois comme le moins bon. Simplement, le bon bois sera plus dense et offrira un meilleur rendement calorifique tandis que le bois de moindre qualité produira plus de cendre. Mes différentes sources d’approvisionnement proviennent de l’entretien des haies, le recyclage des têtes de peuplier, des ormeaux malades ainsi que des piquets de vignes de réforme. A leur égard, il faut veiller à enlever très soigneusement les pointes. Le broyeur n’apprécie pas. J’utilise aussi un peu de copeaux de menuiserie mais en mélange car la chaudière n’est pas vraiment faite pour cela. Quand je me suis équipé, je fondais beaucoup d’espoirs sur les sarments de vignes et les ceps de vignes arrachées. A l’usage, ça ne marche pas. La déchiqueteuse n’est pas adaptée à traiter les sarments, trop filandreux. Quant aux ceps de vignes, non seulement ils passent très mal dans le broyeur mais ils posent un autre problème : la terre coincée entre les racines. Mon frère et moi louons tous les deux ans un broyeur spécifique. Nous nous arrangeons en effet à produire notre combustible pour deux années. Le matériel étant loué à l’heure de travail, nous regroupons au préalable tout le bois sur le chantier. Ensuite, nous alimentons à deux la machine, en essayant de perdre le moins de temps possible. Sur une bonne journée, à deux, nous arrivons à sortir environ 40 m3 de plaquettes. On a coutume de dire qu’un stère de bois représente environ 1,5 m3 de plaquettes. Il faut arriver à régler la déchiqueteuse pour qu’elle produise une plaquette proche de l’idéal. En sachant qu’on n’évitera pas les queues de déchiquetage. Mais il convient d’essayer d’en avoir le moins possible, pour ne pas “bourrer” la chaudière. Lors du broyage, nous prenons soin de séparer le bois sec du bois vert. Le bois sec passera en chaudière la première année et le bois vert l’hiver suivant. Le bois vert se conserve parfaitement bien. Il n’y a pas de crainte à avoir concernant l’incendie. Stocké en vrac, le bois vert va monter en température, en une sorte de fermentation puis sa température baissera au cours du séchage. Seule préconisation à formuler, avoir un bâtiment assez bien aéré. La consommation de plaquettes de bois s’avère très variable selon les bâtiments à chauffer. Pour ma maison, assez compacte et bien isolée, je consomme entre 15 et 20 m3 de plaquettes par an, pour le chauffage central et la production d’eau chaude sanitaire. silo.jpgLa chaudière présente un très bon rendement calorifique, de l’ordre de 85 %. Bien qu’utilisant une énergie renouvelable, nous avons besoin, comme les autres, d’électricité. Lors de la mise en route, une résistance électrique élève pendant trois minutes la température à 500° pour enflammer la première plaquette. Un petit ventilateur électrique assure la combustion forcée, afin que la chaudière fonctionne toujours à fond, sans charbonner, avec une belle flamme bleue. Enfin un moteur actionne la vis sans fin. Ma chaudière est à décendrage manuel mais de plus en plus d’équipements proposent un décendrage automatique. Je retire tous les 10 jours un seau à vendange de cendre. Derrière la chaudière à plaquettes, l’installation de chauffage est parfaitement classique. Mon chauffe-eau est biénergie, électricité et plaquettes de bois avec serpentin échangeur. Mon frère a couplé son installation avec un chauffe-eau solaire d’une capacité de 500 litres. A l’achat, la chaudière à plaquettes de bois revient plus cher, même avec les subventions. Mais je pense que les économies d’énergie procurent assez vite un retour sur investissement. »

Valorisation Des Sarments De Vigne

Vers Une Relance ?

En zone viticole, les sarments représentent un gisement énergétique conséquent et surtout inépuisable. Jusqu’à maintenant, la valorisation du combustible s’est heurtée à des problèmes techniques liés à la nature fibreuse du sarment. Qu’en sera-t-il demain ?

« Je serais très attentif à des porteurs de projets qui mettraient au point des broyeurs à sarments débouchant sur un combustible de faible granulométrie, pour une alimentation automatique de chaudière. » En terme d’équivalent-pétrole, le directeur du CRER, René Renou n’a pas de mal à évaluer le potentiel énergétique offert par un vignoble de 72 000 ha. D’où son appel à de nouveaux essais concernant le matériel de broyage. Il y a 25-30 ans, une première tentative de valorisation énergétique des sarments avait achoppé sur l’aspect technique. Les broyeurs existants se révélaient incapables de maîtriser le caractère filandreux du bois de vigne. Des techniciens se rappellent avoir dû extraire au burin le matériel végétal pris dans les palles. A l’époque, une solution de substitution avait été imaginée : broyer grossièrement les sarments et les conditionner dans des filets de 15 kg. Il en fallait sept ou huit pour alimenter une chaudière à bois « avale-tout ». Mais le rendement n’était pas bon, autant pour des problèmes de combustible que de combustion. Depuis, les chaudières à bois déchiqueté ont fait leur preuve. Reste à régler la question de la matière première. Christian Dufront, spécialiste de la filière bois à l’ADEME Poitou-Charentes, indique qu’une expérimentation sur l’utilisation de sarments broyés grossièrement va être mise en place avec le gestionnaire de la chaufferie bois déchiqueté de Jonzac, une grosse installation d’une puissance de 6 mégawatts. Un des objectifs de cet essai va consister à analyser les rejets dans l’atmosphère. « Les sarments de vigne subissent des traitements phytosanitaires, indique le technicien. Il ne s’agit pas de créer des puits de pollution. Avant d’aller plus loin avec les sarments, il faut s’affranchir du préalable des rejets. »

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