Viticulteur et céréalier, Xavier Desouche préside désormais la Chambre d’agriculture de la Charente, pour une durée de 6 ans. Issu de la Coordination rurale, il a exercé la quasi-intégralité de ses mandats en viticulture. Secrétaire général du SGV Cognac en 2009 et 2010, membre de l’UGVC, Xavier Desouche est connu pour sa rigueur et son sens de l’efficacité.
Sur la carte, si vous cherchez Fouquebrun e, vous trouverez la commune à équidistance d’Angoulême, Montmoreau, Villebois-La-valette et Blanzac. Comme il arrive souvent à la campagne, une situation « au milieu de nulle part et loin de tout ». Xavier Desouche parle, lui, « d’une ferme aux champs », entourée de 33 ha de vignes, 35 ha de terre et pas mal de prés et de bois. Installé sur l’exploitation depuis 91-92, il a hérité cette ferme de son père, lui-même originaire du Soisonnais, plus exactement de la petite commune de Cuiry-Housse, dans le département de l’Aisne. D’ailleurs, pratiquement toute la famille de X. Desouche réside encore dans le Bassin parisien, qui dans l’Oise, qui dans l’Aisne et s’occupe d’agriculture. On y cultive la trilogie en vogue sous ces latitudes, pommes de terre, betteraves, céréales. Le grand-père maternel de Xavier Desouche possédait une exploitation viticole à Mirambeau. Pour se rapprocher de lui, le père de Xavier Desouche acquit l’exploitation de Fouquebrune.
Xavier Desouche est exploitant agricole mais aussi… militaire. Grade : lieutenant-colonel de réserve. Cela aussi est une affaire de famille, comme l’agriculture. Son père était officier de réserve, son grand-oncle également et pour ainsi dire tous ses oncles et cousins. C’est donc tout naturellement que le jeune aspirant, lors de son service national, a suivi une préparation militaire : école du train à Tours pendant quatre mois, huit mois en tant que chef de peloton. Il enchaînera par un DEM (Diplôme d’état-major), premier degré de l’enseignement militaire supérieur puis par les ORSEM (Ecole supérieure des officiers de réserve spécialistes d’état-major). Le concours, très sélectif, compte une épreuve écrite et un grand oral. Xavier Desouche le passe en 1999, après deux ans de préparation. Il a aujourd’hui le grade de lieutenant-colonel de réserve, affecté à la délégation militaire départementale de la Charente. Qu’est-ce qui pousse à un tel parcours ? « L’envie de servir » répond tout de go X. Desouche. « Sinon, on ne le fait pas. C’est vraiment l’envie de rendre service à la population. » D’ailleurs, s’il n’avait pas été aussi éloigné de la première caserne, X. Desouche se serait bien vu pompier volontaire plutôt que militaire de réserve.
En 1999, lors de la tempête, ses fonctions à la préfecture vont l’emmener à gérer les groupes électrogènes, mettre en place différentes aides. « Nous sommes là pour établir le lien entre le militaire et le civil, servir d’appui en temps de crise. Cela suppose de bien connaître les zones à risques du département : sites Seveso, risques climatiques, zones inondables, voies routières dangereuses comme la nationale 10… » Dans ce cadre-là, Xavier Desouche accomplit 15 à 20 jours d’active par an. Comme lui, ils sont 350 réservistes actifs dans le département (à la base aérienne de Cognac, au 1er Rima…) Évidemment, cette formation et cette pratique inclinent à une certaine rigueur.
Son engagement syndical lui est venu « sur les barrages », non pas les barrages viticoles de 1998 mais ceux de 1992, contre la PAC. C’est au slogan « Des prix, pas des primes » que des agriculteurs se mobilisent. Xavier Desouche et son père font partie de ceux-là. Ce sera le ferment du mouvement de la Coordination rurale en Charente. Dans le département, les barrages durent trois bonnes semaines. A Paris, les manifestants organisent le blocus de la capitale. Ils seront délogés par l’armée.
Le mot d’ordre « des prix, pas des primes » fait toujours sens pour X. Desouche, même s’il a fallu composer avec la réalité. « Aujourd’hui, la suppression de la régulation conduit les laitiers à la catastrophe. »
Xavier Desouche adhère très tôt à la Coordination rurale. Il faut dire qu’il est voisin d’un des bastions du syndicat, la famille Lucas. Bernard, le fils aîné, incarnera le mouvement avant que son frère François (avant-dernier d’une fratrie de 14 enfants) n’en devienne le président national de 1999 à 2010.
Emmenée par René Perrocheau, la liste OVCR (Organisation viticole de la Coordination rurale) participera aux 1res élections du BNIC, en juin 2008. Re-barrages fin septembre 1998 mais cette fois viticoles. X. Desouche y participe sur la RN 10, à hauteur de Roullet. Quelque part enfant des « barrages », le SGV Cognac naîtra en 2000. Xavier Desouche entre au conseil d’administration en 2003. Il deviendra trésorier du SGV en 2006-2007 puis son secrétaire général en 2009 et 2010, en même temps que Christophe Forget prend la présidence. Le syndicaliste participera au rapprochement des deux syndicats SGV et UGVC pour arriver à la création de l’UGVC, dont il occupait jusqu’alors le poste de secrétaire général adjoint. « Mais je vais démissionner de cette fonction dans peu de temps » signale le nouveau président de la Chambre. Il ne souhaite pas céder « à la confusion des genres ni au conflit d’intérêt entre la Chambre d’agriculture et un syndicat de filière. » Il va également abandonner son poste de vice-président de la Coordination rurale Charente. Pour les mêmes raisons : « Quand on est au service de tous, il n’est pas logique d’occuper en même temps un poste de responsabilité au sein d’un syndicat. Il faut se consacrer à sa tâche et savoir où sont ses limites. »
Un encadrement de la production
D’un point de vue professionnel, Xavier Desouche défend plus que jamais un encadrement de la production. Il cite en exemple le lait où un dérapage de quelques points a entraîné un effondrement de 30 % du prix du lait. « Aujourd’hui, les éleveurs laitiers produisent en dessous du seul de rentabilité. »
En viticulture, au Conseil spécialisé vin de FranceAgriMer et ailleurs, il s’est battu pour le maintien des droits de plantation ou du moins d’un système de régulation. Un système qu’il voit se décliner au niveau européen, au niveau régional pour donner un peu de souplesse mais aussi au niveau national. Car sans une gouvernance viticole nationale, « ce serait la porte ouverte au déséquilibre entre bassins ».
Parmi les dossiers qui lui semblent prioritaires en viticulture, le nouveau président de la Chambre cite les relations entre propriétaires et fermiers. Pour que le propriétaire replante et renouvelle son vignoble, il faut qu’il ait intérêt à le faire. Autrement dit que le fermage lui assure une certaine rentabilité. A contrario, le propriétaire doit s’engager à entretenir son vignoble. Un vaste chantier « où ça va tirailler dans tous les sens ». Le nouvel élu n’en dira pas beaucoup plus sur ses intentions. « Je vais inviter à la tenue d’un séminaire pour qu’ensemble, nous décidions de la ligne directrice qui devra se mettre en place. A la Chambre, le travail ne peut qu’être collectif. »
Xavier Desouche est marié et père de cinq enfants, trois filles et deux garçons, de 12 à 21 ans.