Certipaq : organisme certificateur du Cognac

19 avril 2012

Certipaq est devenu l’OC (l’organisme certificateur) du Cognac depuis 2009. Dans le cadre du Plan de contrôle Cognac, il est chargé du contrôle externe et du traitement des cas de non-conformité vis-à-vis du cahier des charges. Par sa masse et la diversité de ses ressortissants, Cognac constitue un gros dossier pour l’OC, notamment de par sa renommée. Responsable du service Exploitation de Certipaq, plus spécialement chargée du dossier Cognac, Alexandra Grignon présente les missions de l’organisme certificateur.

 

 

En quoi Cognac constitue-t-il un dossier spécial ?

Spécial je ne sais pas mais en tout cas il s’agit d’un très gros dossier, par la multitude de ses opérateurs et leur différenciation. C’est la notion de masse qui crée son côté exceptionnel. Sinon, historiquement, Certipaq a toujours travaillé avec de grosses structures agro-alimentaires. A titre d’exemple, je citerais PAQ (Produits alimentaires de qualité), un important groupement d’industriels de l’agro-alimentaire, devenu ODG depuis la réforme de 2007. Il compte 120 entreprises adhérentes, du saumon fumé label rouge aux saucisses sèches, en passant par les escargots préparés, la farine label rouge, le jambon Madrange… Parmi nos structures adhérentes, nous comptons aussi les huîtres Marennes-Oléron, les volailles de Loué et leurs 1 400 producteurs, le groupe Fleury Michon, le groupement Aprosela associé au sel de Guérande, la mâche nantaise, la filière qualité Banette, des Grands Moulins de Paris qui, aujourd’hui, n’est plus label rouge…

N’est-ce pas trop difficile de passer de l’agro-alimentaire à la viticulture ?

C’est la réforme de 2007 qui a confié aux OC (organismes certificateurs) le contrôle des appellations viticoles. Pas plus que nous, aucun de nos confrères n’avaient d’expérience en matière de vin ou d’alcool. Ceci dit, quand vous contrôlez, à travers la filière farine label rouge, une trentaine de gros opérateurs blé-farine et, derrière, des milliers de producteurs de blé, le type de schéma d’organisation ne diffère pas trop de celui de Cognac, même si les domaines sont totalement étrangers.

Comment s’organisent les contrôles dans la région délimitée ?

Alors que le contrôle interne relève de l’ODG BNIC, Certipaq prend en charge le contrôle externe, de la viticulture jusqu’au négoce. En ce qui concerne le négoce, ne joue d’ailleurs que le contrôle externe, une situation que nous n’avons pas choisi mais qui résulte d’une volonté des professionnels.

A la viticulture, quelle forme revêt le contrôle externe ?

Il ressemble à s’y méprendre au contrôle interne effectué par les auditeurs de l’ODG. Sauf qu’il est réalisé par nos propres auditeurs et qu’il doit correspondre à une certaine fréquence inscrite dans le Plan de contrôle. Par exemple, annuellement, nous avons l’obligation de contrôler au moins 1 % des viticulteurs de Cognac et 2 % des bouilleurs de cru. Dans le même temps, la pression exercée par le contrôle interne – inscrite elle aussi dans le Plan de contrôle – s’élève respectivement à 9 et 13 %. En ce qui concerne le contrôle produits – réservé aux metteurs en marché, négociants et vendeurs directs – nous nous appuyons sur l’organisation matérielle mise en place par l’ODG (jury de dégustation, équipement…). Concrètement, pour coller au rythme des travaux, nous contrôlons les aspects vignes et bouilleurs de cru au cours du second semestre de l’année et les bouilleurs de profession et négociants lors du 1er semestre suivant.

Qui choisit sur qui portera le contrôle externe, vous-même, l’ODG ?

L’ODG nous fournit la liste des opérateurs identifiés et, dans cette liste, nous choisissons les personnes que nous allons contrôler. Nous signalons leurs noms à l’ODG. Et, pour l’instant, nous lui restituons un document de synthèse des résultats d’audit.

Vous contrôler aussi l’ODG.

Effectivement, deux fois par an, il est prévu que Certipaq contrôle l’ODG BNIC. Nous le faisons à la fin de chaque semestre. Nous vérifions la manière dont l’ODG informe les opérateurs, forme les auditeurs, planifie ses contrôles, enregistre les nouvelles demandes d’habilitation ; comment il réalise les contrôles internes, gère les manquements, le suivi…

Vous-même, en cas de manquements, comment réagissez-vous ?

Ne remontent à Certipaq que les manquements graves ou les manquements dits « majeurs récurrents », c’est-à-dire ceux qui, détectés une première fois, n’ont pas été solutionnés. Sinon, tous les autres cas de non-conformité internes relèvent de l’ODG Cognac. Je précise que notre rôle n’est pas de « relever des manquements » et de s’en arrêter là. Nous ne fonctionnons pas de cette manière. En tant qu’organisme certificateur, notre mission est de vérifier et de certifier que tout marche correctement. Si tel n’est pas le cas, nous nous attachons à faire revenir l’opérateur vers la conformité. A priori, à chaque écart correspond sa solution, son action corrective. Bien sûr, nous sommes parfois obligés de prendre des sanctions. Si nous ne le faisions pas, nous manquerions à notre statut d’organisme certificateur.

Au niveau des manquements, comment se classe le Cognac ? Plutôt bon élève, plutôt mauvais élève ?

Globalement, il se situe dans la norme. Maintenant, tout dépend où est placé le curseur. Si zéro cas de non-conformité était constaté, cela indiquerait que le Cahier des charges et le Plan de contrôle sont trop éloignés de la réalité. Qu’il y aurait incohérence. Même chose avec 10 ou 15 % de non-conformité. La barre serait fixée trop haut. Je pense au contraire que les outils de contrôle appliqués à Cognac sont cohérents. La filière Cognac me paraît une filière en parfaite conformité avec les engagements pris par l’interprofession.

Qui sont les auditeurs de Certipaq ?

Sur la région délimitée Cognac, trois de nos agents interviennent : un auditeur plutôt orienté « production végétale », qui est chargé du suivi technique et qui m’en rend compte, ainsi qu’à notre comité de certification ; un autre auditeur lui aussi productions végétales mais plus « Global GAP », agriculture raisonnée et une auditrice de la région de Poitiers.

Dans le recrutement des auditeurs, qu’est-ce qui prime le plus ? La compétence terrain, la compétence contrôle ?

Nous privilégions le domaine d’intervention, c’est-à-dire des gens formés à l’agro-alimentaire. Ils ont une formation d’ingénieur ou de technicien, souvent bac + 3, 4, 5. Ils viennent des entreprises ou sortent des écoles. Nous les formons ensuite au contrôle. Nous ne souhaitons pas des personnes trop spécialisées dans une filière. Nos agents doivent conserver un minimum de transversalité. L’idée qu’un seul auditeur, très pointu dans le domaine, puise superviser à lui seul tout le contrôle Cognac n’aurait pas de sens. Cela exigerait des compétences trop larges et ne remplirait pas pleinement la fonction, ne serait-ce qu’au plan du planning.

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Origine
A l’origine, ils étaient cinq porteurs de dossiers : PAQ (groupement qualité d’industriels de l’agro-alimentaire), Mâche nantaise, Huîtres Marennes-Oléron, association boulangère Banette, Sel de Guérande. Le 21 février 1997, ils créèrent l’Organisme Certificateur Certipaq, sous forme d’association loi 1901. A l’époque, les cinq organismes se rangeaient tous sous le signe de qualité Label Rouge. Certipaq démarra avec 2,5 salariés, dont son actuel directeur, Loïk Gallois. Aujourd’hui, l’organisme certificateur compte 58 collaborateurs. Entre-temps, l’association a intégré plusieurs structures : en 2005 et 2011. Plus important Organisme Certificateur « volaille Label Rouge », Certipaq exerce son activité en France mais aussi à l’étranger : Europe ainsi que plusieurs partenariats en Espagne, Italie, Maroc. Son siège social est à Paris, à l’adresse de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture. Certipaq dispose d’un réseau de six antennes régionales : La Roche-sur-Yon (spécialisée en Agriculture Biologique, elle gère aussi le dossier Cognac), Le Mans, Caen, Strasbourg, Annecy et Châteauneuf-du-Pape.
Depuis la création de l’association, Certipaq est présidé par Charles Perraud, paludier de Sel de Guérande. Dès l’adhésion du Cognac à Certipaq, le président du BNIC a intégré le conseil d’administration de Certipaq.

 

 

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