CARC : Un exercice sérieux

27 janvier 2012

La coopérative de la région de Cognac est une entreprise à taille humaine qui tire le meilleur profit de sa dimension économique. La philosophie du conseil d’administration et de l’équipe dirigeante est de miser sur la qualité des relations techniques, humaines et commerciales avec les adhérents, pour tisser des liens forts au sein de la zone d’activité : la grande région de Cognac. La coopérative a vécu un exercice 2010-2011 riche en événements internes puisque Jean Michel Audouit a accédé à la fonction de directeur et deux postes de techniciens ont été renouvelés. La climatologie atypique du premier semestre 2011 et la forte volatilité du marché des céréales ont eu des conséquences sur l’activité économique de l’entreprise mais, au final, les résultats financiers sont parfaitement équilibrés. Dans ce contexte difficile, la coopérative fait preuve d’une grande réactivité et le capital de compétences des techniciens génère de nouveaux développements. J.-M. Audouit, qui s’investit totalement dans sa nouvelle fonction, insuffle déjà une nouvelle dynamique à toute l’équipe.

p49.jpgConsidérez-vous que l’exercice 2010-2011 de la coopérative a été conforme aux prévisions que vous aviez envisagées ?

Jean-Michel Audouit – On est rentré depuis maintenant quelques années dans une période de forte fluctuation de nos activités de collecte et d’approvisionnement, en raison à la fois de contextes climatiques marqués, excessifs et d’une forte volatilité du marché des céréales. Nous sommes obligés d’intégrer ces éléments dans la gestion de l’entreprise pour en limiter l’impact économique. Notre objectif est d’apporter un service de qualité aux agriculteurs et une valorisation optimum de leur production. L’exercice de la coopérative, avec un résultat équilibré, peut être qualifié de satisfaisant compte tenu du contexte. Trois événements majeurs ont eu des conséquences directes sur l’activité. Le chiffre d’affaires de la branche approvisionnement enregistrait jusqu’à la fin mars une progression de 18 % mais ensuite la sécheresse a engendré une nette baisse des consommations d’intrants (phytosanitaires et fumure azotée), d’ailleurs pleinement justifiée sur le plan agronomique. Aussi, fin juin, la progression de l’activité appros n’était plus que de 5 %. Ensuite, la brutale remontée des cours des céréales à partir des mois de mai-juin 2011 a surpris tous les observateurs avisés. Notre entreprise, comme beaucoup d’autres, avait contracté de forts engagements de vente des volumes de la future collecte dès la fin. La fraction de volumes libres dont nous avons disposé par la suite a été amputée par la sécheresse. Les compensations de plus forte valorisation ont donc été plus limitées. Enfin, la coopérative a dû faire face à une masse salariale en hausse liée à une volonté de l’entreprise d’assurer une transition de fonctions dans la continuité sur trois postes à responsabilité.

Cette volonté de pérenniser la structure humaine de l’entreprise n’est-elle pas une marque de fabrique de la CARC ?

J.-M. A. – Oui, c’est effectivement une volonté de la coopérative d’assurer les phases de transition des hommes en faisant preuve de continuité pour transmettre la culture de l’entreprise. Cela me paraît important car au sein d’une entreprise de 18 personnes, le renouvellement de trois postes en même temps représente une prise de risque. Le conseil d’administration a choisi d’anticiper les choses en proposant une phase de travail assez longue en double fonction, ce qui génère à la fois des coûts supplémentaires et une efficacité économique. Cette démarche de pérennité de compétences a été globalement très appréciée des adhérents.

Quels sont les événements positifs de l’exercice 2010-2011 ?

J.-M. A. – L’investissement de toute l’équipe dans le fonctionnement de l’entreprise est pour moi une grande satisfaction. Quand on est seulement 18 à faire vivre une entreprise de services comme la nôtre, l’implication de chacun est indispensable à la réussite globale. Ensuite, la bonne intégration du nouveau technicien sur le secteur de Juillac-le-Coq se fait déjà sentir. Une nouvelle dynamique de développement de marché sur cette zone s’est enclenchée. A Rouillac, Jean-Yves Sauvage, le magasinier de ce secteur, accède à la fonction de technicien depuis le 1er janvier. Je considère que faire confiance à un homme qui connaît déjà bien l’entreprise et les agriculteurs est un gage de réussite dans ce métier. La CARC continue de miser sur la promotion en interne des compétences. Enfin, le développement toujours aussi porteur de l’activité Ecovigne est une grande satisfaction. Tous les secteurs d’activité progressent : le palissage, l’œnologie, l’emballage, les produits de protection des personnes…

La collecte 2011 de céréales, d’oléagineux et de maïs va-t-elle être fortement impactée par la sécheresse ?

J.-M. A. – Nous avons vécu une sécheresse historique entre début janvier et la mi-juillet qui a eu bien sûr une forte incidence sur le niveau de productivité des céréales à paille. Les productions de blé, d’orge ont été les plus touchées, ce qui est préoccupant pour nos agriculteurs. La collecte de tournesol sera à peu près équivalente à celle de l’année passée qui n’était tout de même pas exceptionnelle. Seul le maïs a un peu mieux tiré son épingle du jeu car les pluies, à partir de la mi-juillet, ont permis d’éviter la catastrophe annoncée dans les zones non irriguées. Globalement, je pense que la collecte de la coopérative sera en baisse de 20 %, ce qui correspond à la diminution de productivité du département de la Charente.

Les ventes d’intrants phytosanitaires au cours de la morte-saison ne sont pas aussi perturbées par les conséquences de la sécheresse ?

J.-M. A. – Il est indéniable que les viticulteurs ont peu traité le mildiou au cours de la campagne 2011. La maladie n’est apparue dans le vignoble qu’à la fin juillet et donc il est tout à fait logique que les stocks soient importants. D’ailleurs, notre équipe technique a joué son rôle à plein en incitant nos adhérents à limiter leur protection jusqu’à la mi-juillet. Par la suite, il a tout de même fallu assurer une couverture de foin de saison correcte. Dans beaucoup de propriétés, nous constatons qu’il reste plus de quatre anti-mildiou en stock et nos ventes de morte-saison s’en ressentent. Néanmoins, je ne pense pas que notre activité approvisionnement en sera fortement affectée au cours de l’exercice prochain. Les forts écarts de productivité en 2011 d’une parcelle à l’autre, d’un domaine à l’autre et le niveau élevé du rendement Cognac incitent beaucoup de viticulteurs à revoir leur itinéraire de production. Les apports de fumures dans le vignoble et le taux de replantation nettement plus élevé représentent de nouveaux axes de développement.

Le marché des engrais évolue-t-il toujours dans un contexte de forte volatilité ?

J.-M. A. – Les niveaux de prix actuels des engrais minéraux de fond et de l’azote sont très élevés. La potasse et le phosphate d’ammoniaque ne sont pas très loin de leurs niveaux historiques de 2008 et, dans ce domaine, il est bien difficile de se projeter dans le temps. Pour l’instant, les prix élevés n’incitent pas les agriculteurs à s’engager sur des volumes d’achats importants. Le niveau de consommation sera-t-il à la hauteur des attentes des fournisseurs ? Je pense que les agriculteurs vont effectivement mettre des fumures mais le facteur prix jouera sûrement sur les doses/ha. On est vraiment entré dans un marché très volatil qui complique sérieusement la logistique d’approvisionnement pour nos entreprises. Acheter les engrais au bon moment est devenu un exercice difficile. L’anticipation des besoins est indispensable pour que l’on puisse mettre en œuvre les moyens logistiques permettant d’utiliser les engrais au moment opportun.

Le marché des céréalières est-il toujours dans un contexte aussi haussier que durant l’été dernier ?

J.-M. A. – Il est devenu banal de dire que le marché des céréales est devenu très volatil mais, pourtant, c’est une réalité. Au mois d’avril dernier, l’ensemble des observateurs avisés, les courtiers et les metteurs en marché n’envisageaient pas de remontées des cours. La sécheresse du printemps a fait fondre la production française et les cours se sont emballés en juin et juillet. A partir de début août, les pays d’Europe de l’Est suite à de bonnes récoltes de blé ont mis en marché des volumes importants, ce qui a eu une incidence immédiate sur les cours. Les cours se sont tempérés et stabilisés entre 180 et 190 €/t. Courant octobre, la belle récolte de maïs en Ukraine est venue perturber le marché dont les cours de toutes les céréales sont redescendus autour de 180 €/t fin novembre. Dans les semaines suivantes, la publication d’une récolte de maïs plus faible aux Etats-Unis a créé une certaine tension. En ce début d’année 2012, le contexte d’incertitude perdure même si le stock de blé reste confortable. La tension sur le marché du maïs aux Etats-Unis existe toujours et d’autres éléments d’inquiétudes sont apparus. La persistance de la sécheresse en Argentine et au Brésil fait craindre une baisse des rendements importante dans ces deux pays. Actuellement, les cours du blé se situent autour de 200 €/t. A priori, les perspectives de valorisation de la future récolte 2012 s’annoncent plutôt porteuses mais, d’ici le mois de juin, il peut se passer beaucoup de choses. Au niveau de notre entreprise, l’évolution des marchés est suivie de manière quotidienne et nous essayons toujours de vendre les céréales en ayant comme priorité de défendre le revenu des agriculteurs. La commercialisation des céréales est devenue une activité à part entière qui mobilise des compétences et beaucoup d’énergie. Pour faire face au contexte de volatilité permanente des cours, la coopérative doit être gérée de manière rigoureuse et disposer de suffisamment de capitaux propres. Notre objectif pour le prochain exercice est d’une part de continuer à mettre en œuvre des méthodes de gestion prudentes et d’autre part de coller aux attentes des adhérents pour trouver de nouveaux axes de développement.

 

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