La structure moyenne de la CARC semble être un gage de pérennité qui a permis à cette entreprise de construire une activité qui soit en phase avec les attentes d’agriculteurs et de viticulteurs à la recherche à la fois d’une certaine efficacité économique et de relations humaines constructives. Le président Yves Auffret a parfaitement restitué le contexte économique instable dans lequel évolue la coopérative depuis maintenant une dizaine d’années : « La fin du XXe siècle a été marquée par une vision beaucoup moins pacifique des marchés et la mondialisation est devenue une réalité pour toutes les productions agricoles. Ses effets dépressifs font très mal, mais les retournements de marchés sont tout aussi surprenants. La commercialisation des céréales s’inscrit complètement dans cette logique et les marchés sont de plus en fluctuants. Les centres de décision sont de plus en plus éloignés de l’univers de production et le rôle des organisations de gestion des marchés devient plus limité. Tout cela conduit à une perte de parts de marché de l’Europe au profit d’autres pays émergents et toute l’économie de la filière céréalière se fragilise. Qui aurait imaginé il y a un an une remontée aussi spectaculaire des cours du maïs et du blé ? Les conditions de commercialisation des céréales deviennent de plus en plus atypiques et difficiles à appréhender. Pourtant, les efforts de qualité sont indispensables à la pérennisation des débouchés mais, malheureusement, ils ne sont pas toujours récompensés en terme de valorisation. Il existe des débouchés qu’il faut essayer de fournir en ayant le double souci d’investir dans les démarches qualité et de rechercher le maximum de productivité. Sur le plan des expéditions de Cognac et de Pineau, on observe maintenant depuis plusieurs années une légère amélioration des sorties. Cependant, ces éléments positifs n’ont pas encore eu un effet immédiat au niveau des producteurs. Les difficultés de la viticulture ne sont pas gommées et la recherche de compétitivité reste de pleine actualité. »
De bons résultats permettant d’envisager l’avenir avec plus de sérénité
Dans ce contexte économique global très fluctuant, l’exercice 2002- 2003 de la coopérative est bon sur le plan des résultats financiers comme de l’activité globale. Le chiffre d’affaires a progressé de plus de 12 % et la capacité d’autofinancement s’est considérablement améliorée. Les encours financiers à court et long terme (forte réduction des encours culture) sont beaucoup mieux maîtrisés et la construction du nouveau silo de Loret génère une grosse satisfaction. Le chiffre d’affaires de la branche approvisionnement reste stable alors que celui lié à la collecte de céréales connaît une progression de 23 %. Ces bons résultats permettent à la CARC d’envisager l’avenir avec un peu plus de sérénité et de s’engager dans de nouveaux projets. Y. Auffret et J.-P. Auboin n’ont pas caché que la coopérative développait un projet d’entreprise global fondé sur des objectifs partagés. A court terme, les deux priorités sont de déménager le siège de l’entreprise actuel vers une zone plus commerciale afin d’y installer une base logistique fonctionnelle et de pouvoir transformer l’activité Cognac Jardins en un magasin Gamm Vert de surface importante. Les réflexions dans ces deux domaines sont déjà bien avancées et l’année 2004 devrait permettre de les finaliser.
Un fort développement de l’activité céréalière
Le fort développement de l’activité céréalière est la conséquence de la bonne récolte 2002 et de la conquête de nouvelles parts de marché. Les démarches de productions contractuelles et la sélection des qualités ont été plus faciles à gérer surtout sur le site de Rouillac (plus de 50 % de la collecte totale) qui dispose d’infrastructures performantes. Les propos du directeur, M. J.-Paul Auboin, permettent de mieux comprendre le développement de l’entreprise au cours du dernier exercice : « La collecte a progressé de 37 % en volume en 2002 avec des disparités selon les sites. Les zones de Juillac et de Salignac sont restées stables alors que la progression sur Rouillac a été importante. Dans cette zone, on assiste à la fois à une augmentation du nombre de livreurs, des rendements et à un agrandissement des structures. La progression de la collecte profite surtout aux céréales d’été et notamment celle du blé qui est le double de celle de 2001. Sur le plan de la qualité, la récolte 2002 a été correcte mais avec tout de même des résultats bien supérieurs pour les démarches d’apports contractuels. Sur le plan de la commercialisation, l’abondance n’a pas facilité les choses mais en début de campagne les prix étaient assez fermes. Par contre, dès la fin de l’automne, les importations des blés provenant des pays de la mer Noire ont cassé cette dynamique et les prix ont brutalement chuté. Dans un contexte aussi déprimé, l’argument qualité n’a pas toujours été suffisant, même sur les niches commerciales exigeant des cahiers des charges précis. En effet, en 2002, on trouvait des blés de qualité dans toutes les régions de France et cela a créé un climat de forte concurrence. »
Le marché des céréales est donc en prise directe avec les fluctuations de l’offre et de la demande mondiale, et chaque année la commercialisation des récoltes par les organismes stockeurs devient un exercice difficile. L’incidence volumique à la hausse comme à la baisse des récoltes de céréales provenant d’Europe de l’Ouest, des Etats-Unis, d’Europe de l’Est ou demain, de l’Inde, du Brésil ou de l’Argentine, est en mesure de renverser un équilibre de marché. Le contexte de l’automne 2003 illustre parfaitement ces propos puisque après une collecte d’été moyenne en Europe de l’Ouest, les prix des blés et des maïs se sont engagés sur des bases identiques à celles de la fin de campagne précédente. La demande soutenue et une récolte fortement déficitaire des pays de la mer Noire ont conduit à une flambée des cours à partir du mois de novembre, mais pour les blés cette augmentation des prix n’apporte rien aux producteurs puisque les stocks sont au plus bas.
Une branche approvisionnement stable en chiffre d’affaires et soumise à de nouvelles contraintes réglementaires
L’activité de la branche approvisionnement de la coopérative reste stable et ce maintien du chiffre d’affaires constitue déjà une belle performance quand on sait que le marché régional est en recul de 8 % et qu’au plan national la diminution atteint 13 %. En vigne comme en grandes cultures, les démarches de raisonnement des applications des engrais et des produits phytosanitaires sont des tendances lourdes.
Les agriculteurs et les viticulteurs positionnent plus judicieusement leurs traitements et au niveau des apports d’engrais, la consommation a diminué de 30 % depuis 5 ans. Par ailleurs, les nouvelles contraintes réglementaires ont conduit à la fermeture de plusieurs usines produisant des engrais en France et les approvisionnements de composés phosphatés ou à base de potasse sont désormais de plus en plus dépendants des marchés d’importation. L’utilisation d’azote est de plus en plus réglementée avec la mise en application des directives nitrates.
Les gammes de produits phytosanitaires se concentrent aussi fortement avec le retrait de bon nombre de matières actives anciennes (115 au cours des trois dernières années) qui ne sont pas soutenues par les sociétés. La TGAP continue d’augmenter sur certains produits et cinq sociétés dominent complètement le marché.
M. J.-P. Auboin a confirmé la volonté de la coopérative de s’investir dans ce métier de plus en plus technique de la distribution des produits phytosanitaires : « La coopérative souhaite continuer de développer des partenariats de plus en plus étroits avec l’UDCA pour optimiser les démarches d’achats des produits phytosanitaires. Des efforts de formation conséquents du personnel et des techniciens ont déjà été réalisés et seront intensifiés dans
l’avenir pour s’adapter aux nouvelles exigences de traçabilité et d’HACCP formulées par les différents acteurs des filières du Cognac et des céréales. L’objectif de l’entreprise est d’être en mesure d’apporter aux sociétaires la meilleure technicité possible afin de les aider à faire face aux évolutions. »