La recherche de plus-value et la volonté de pousser le produit le plus loin possible est une philosophie permanente au sein des vignobles Bertrand depuis plus de 40 ans. Michel Bertrand a été l’initiateur de cette démarche en profitant de la situation du siège d’exploitation à proximité de la RN 10 pour développer une activité de vente en bouteilles de Pineau et de Cognac à la fin des années 70. Dans cette zone viticole des Bons Bois qui a cette époque commençait à souffrir de la crise, s’engager dans une démarche de vente directe à la propriété représentait un moyen de valoriser tous les efforts de production, la distillation et le stockage d’eaux-de-vie et de Pineaux. Assez rapidement, le débouché bouteilles s’est développé grâce aussi à des ventes sur les marchés et les niveaux de valorisation dégagés ont contribué fortement au bon fonctionnement économique de l’exploitation. Lorsque Jean-François Bertrand est revenu sur la propriété au début des années 80, sa priorité a été de continuer dans cette voie en se dotant de moyens commerciaux plus structurés.
Elaborer des vins nécessite un véritable savoir-faire
Les ventes en bouteilles de Pineaux des Charentes et de Cognac ont augmenté régulièrement et la surface du vignoble aussi. J.-F. Bertrand ne cache pas que l’idée de spécialiser une partie de la propriété pour faire du vin lui trottait dans l’esprit depuis longtemps : « Depuis le milieu des années 90, un certain nombre de nos interlocuteurs commerciaux en France et à l’étranger nous demandaient si on était en mesure de leur proposer une gamme de vins blancs, rosés et rouges. Nous ne pouvions pas répondre à ces attentes car la propriété n’était pas structurée pour élaborer des vins de bouche. L’encépagement ne comportait pas suffisamment de surfaces de Sauvignon, de Chardonnay, de Merlot et de Cabernet et on n’a pas souhaité reconvertir des surfaces d’Ugni blanc à la fin des années 90. Ensuite, la vinification de ces nouvelles productions nécessitait des compétences que nous ne possédions pas. On avait acquis un savoir-faire pour élaborer des volumes conséquents de Pineaux et au niveau du vieillissement des eaux-de-vie, mais vinifier des vins c’est autre chose. La vente de bouteilles de vins de qualité de la propriété est restée au stade de l’idée pendant longtemps, même si on était convaincu que l’équipe commerciale aurait la capacité de pouvoir en vendre. »
Une quinzaine d’hectares dédiés aux vins de pays à Courpignac
En 2007, un heureux concours de circonstances a donné la possibilité à J.-F. Bertrand de reprendre un vignoble d’une trentaine d’hectares à Courpignac, dont plus de la moitié de la surface était destinée à la production de vins de pays blanc et rouge. L’intégration de cette propriété en pleine production a été le déclic pour lancer une filière vins de qualité de façon rapide et durable. Pendant deux ans, la vinification du vignoble de Courpignac a été confiée à des prestataires extérieurs en attendant le retour sur la propriété de Mathieu Bertrand qui terminait son cursus d’études en viticulture-œnologie. L’intérêt du jeune homme pour les aspects de vinification a conduit son père à lui proposer de devenir le vinificateur des vins du domaine du Feynard. Lors des vendanges 2009, les premières vinifications se sont déroulées avec les moyens du bord. Le jeune homme a voulu se faire la main avant de traiter la totalité de la production des 15 hectares : « Le vignoble de Courpignac possède des sols propices à une bonne maturation des raisins et le très bel été 2009 avait facilité les choses. Les installations de vinification de notre propriété ont été conçues pour élaborer des vins de distillation et du Pineau. Vinifier 2 000 hl dans les infrastructures existantes était impossible. L‘acquisition de quelques garde-vins supplémentaires, l’utilisation des cages de pressoirs pour conduire les macérations, du groupe de froid de la distillerie pour contrôler les fermentations nous ont permis de vinifier 500 hl de vins blanc, rosé et rouge. La première mise en bouteille de vin de pays du domaine du Feynard a eu lieu au printemps 2010 et leur commercialisation s’est bien déroulée. En début d’année dernière, la construction d’un nouveau chai à Chevanceaux a été engagée pour se doter d’un outil technologique performant. »
La construction d’un chai de vinification fonctionnel
L’intégration de la production de vins de pays a été abordée d’une façon globale au vignoble comme au chai en ayant l’objectif de se donner les moyens d’élaborer des vins riches sur le plan aromatique, concentrés et exprimant les caractéristiques du terroir. Les parcelles de Chardonnay, de Sauvignon, de Merlot et de Cabernet font l’objet d’une attention particulière au niveau de leur conduite. Les interventions en vert, l’élimination des doubles, l’effeuillage et la vendange verte contribuent à obtenir une végétation aérée propice à une moindre sensibilité au botrytis et à la recherche d’une maturation complète et adaptée au type de produit recherché. La volonté de vinifier des volumes conséquents de vins blancs secs, de rosés et de vins rouges a incité J.-F. Bertrand à construire un chai de vinification spécifique doté d’infrastructures fonctionnelles. En moins de 6 mois, un nouveau bâtiment de 500 m2 a été implanté à proximité de la mise en bouteille pour assurer à la fois les vinifications, l’élevage des vins et le stockage des palettes de bouteilles. La construction des murs en briques Monomur et du toit avec des panneaux polyuréthane épais permet de maintenir les vins dans une atmosphère sans grande amplitude thermique tout au long de l’année. Le nouveau chai abrite d’un côté 2 700 hl de cuverie inox répartie en 25 contenants dont la capacité varie entre 25 et 200 hl. Les cuves sont toutes thermorégulées (en chaud et froid) de façon automatique et le groupe de froid assure la climatisation du bâtiment durant l’été. L’entretien d’une hygiène parfaite est facilité par la présence de nombreux points d’eau, de caniveaux entre chaque rangée de cuves et de revêtements au niveau du sol et de la partie inférieure des murs. M. Bertrand a vinifié en 2010 1 700 hl de vins pays des trois couleurs en élaborant en blanc et en rouge une gamme de produits de cépages, du Sauvignon, du Chardonnay, du Colombard, du Merlot et du Cabernet. Le jeune vinificateur a cherché à s’entourer de compétences extérieures pour maîtriser la qualité des différentes productions. Une étroite collaboration a été engagée avec un œnologue, François Mornet, qui a vinifié dans plusieurs grandes régions viticoles françaises. D’ici quelques semaines, les premières bouteilles du millésime 2010 du domaine de Feynard seront dégustées par les consommateurs.
