Plus de doutes que de certitudes

8 mars 2009

On connaît les convictions de Bernard Guionnet sur la restructuration. Pourtant un léger scepticisme et une certaine perplexité teintent le discours du président de la famille viticole, sans doute le fruit de son parcours. Une chose lui paraît cependant évidente : la question du changement de régime – arrêt de la double fin et entrée dans un système INAO – constituera bien le débat et l’enjeu des six prochains mois.

« Grand témoin » de la réunion du SVBC, Bernard Guionnet a livré sa vision des choses, moins manichéenne que balancée à l’épreuve des faits. Le président de la famille viticole a d’abord été invité par Jean-Louis Brillet à s’exprimer sur la disparition de la double fin. Ecrite, pas écrite ? « De lettre ferme entre la Commission et le ministère de l’Agriculture, nous n’en avons pas trouvé trace » indique l’ancien président du BNIC. Par contre, il relate toute la négociation entre Bruxelles et l’Etat français autour de la QNV historique et les dérogations reconduites d’année en année par l’Union européenne jusqu’à récolte 2005 « à condition qu’il y ait un plan pour l’avenir ». « C’est sur ce texte qu’a été bâti le Plan d’adaptation de la viticulture charentaise, plus connu sous le nom de rapport Zonta. » « Il est indéniable, poursuit-il, que l’Union européenne souhaite réaliser des économies, même s’il y a beaucoup de gens qui le disent sans pour autant le faire ! » Si, pour Bruxelles, il n’y a pas de petites économies « et qu’un € d’économisé est un € de gagné », Bernard Guionnet a pourtant souhaité relativiser les chiffres. « Entendons-nous bien sur l’enjeu de l’article 28. Il coûte annuellement entre 15 et 20 millions d’€ au budget de la PAC alors que toutes les OCM confondues représentent un budget de 50-52 milliards d’€. Dans une Europe élargit à 25, il ne faut donc pas surestimer l’impact de l’article 28. »

B. Guionnet confirme le chiffre de 9 hl AP nécessaire pour « boucler le budget d’un ha Cognac ». « Grosso modo, dit-il, chacun est d’accord là-dessus sauf que, plus le chiffre monte, moins il faut d’ha pour le faire. » « Qu’il y ait trop d’ha, “presque” tout le monde le comprend, mais quel système volontaire mettre en place pour diminuer cette surface ? » Et d’abord, dans quel système devrait-on conduire cette restructuration : double fin, INAO ? A la question du jour : devons-nous changer de système ? B. Guionnet constate les avis divergents de la profession, entre le « oui » sans ambiguïté du SGV, le « oui-mais » du SVBC, le « non » d’une frange du négoce et le « oui-non » de la plus grande part de ces mêmes négociants. « Un jour, il faudra bien trancher » dit-il, convaincu que cette question du changement de régime constituera l’enjeu des six prochains mois. Pour revenir à la restructuration du vignoble, une diminution des surfaces conduite dans un cadre INAO ne lui semble pas facile. « Pour avoir un peu pratiqué le monde des appellations, vouloir faire produire des vignes qui n’existent pas (le principe du quota d’exploitation – NDLR) me paraît contraire à l’éthique et à la déontologie de l’INAO. En plus, cela ne s’inscrit pas dans l’air du temps, à une époque où, à Bordeaux, l’on parle de repousser la production des vignes à la 4e feuille. » Ainsi, le président de la famille viticole s’avoue « plus inquiet qu’il y a deux ans. La restructuration s’essouffle, consécutivement au problème des vins rouges. Dans ce contexte, la seule chose qui m’apparaît positive a trait à la bonne santé du Cognac. C’est là-dessus que l’on doit bâtir. Mais, au préalable il faudra se mettre d’accord, un minimum ».

B. Guionnet a indiqué que, malgré tout, les commissions au sein du BN « travaillaient comme si le changement de régime allait intervenir en 2006 ». A la nuance près que les commissions avancent sur les dossiers qui ne fâchent pas et « laissent de côté ceux qui fâchent ». La fixation de la QNV pour la prochaine campagne ferait-elle partie de ces questions qui fâchent ? A écouter Bernard Guionnet, ce n’est pas sûr. « Grosso modo, entre 7 hl AP/ha et 7,5, l’enjeu n’est que de 30 à 40 000 hl AP. Il n’y a pas de quoi effrayer n’importe quel viticulteur. Il ne s’agit pas d’un écart de 250 000 hl AP. Même si l’on devait distiller 510 000 hl AP, ce ne serrait pas une catastrophe générale. »

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