Prime à la filiation

26 février 2009

Président d’Alliance Fine Champagne, Bernard Guionnet le laisse entendre à mots à peine couverts. Le système de fonctionnement de la coopérative lui semble un peu trop fermé aux nouveaux jeunes adhérents. « Je m’en suis déjà entretenu avec le conseil d’administration. Pour le moment, il souhaite réserver tout le contingent disponible aux successeurs des adhérents en place. Je ne me sens pas inquiet pour l’avenir de la coopérative. Le vivier de la coopérative, de 1 200 livreurs, est suffisamment important pour assurer le renouvellement des générations. La question se pose davantage en terme de politique générale, pour soutenir l’installation. » Ainsi la coopérative entend-elle fonctionner à effectif constant, sans nouvelles recrues. Dans ces conditions, seul le renouvellement interne est possible.

Comment le « tuilage » des générations s’opère-t-il sur le terrain ? Une règle simple existe : les contrats se transmettent par filiation – fils (filles) ou gendre – et/ou à condition que le cédant et le repreneur soient tous les deux membres d’Alliance. Ainsi, si un adhérent d’Alliance achète ou loue des vignes à un non-adhérent, il ne pourra pas profiter d’un volume supplémentaire. Idem pour le non-adhérent d’Alliance qui n’aura pas davantage la possibilité de profiter du contingent de vente de l’adhérent à qui il achète ou loue des vignes. Comme déjà dit, pour que le volume d’achat suive le fonds, il faut que cédant et repreneur soient tous deux membres d’Alliance Fine Champagne. Par ailleurs, qui dit transfert du contingent d’achat dit également transfert des parts sociales. Pour faciliter quelque peu ces transferts, le nouveau règlement intérieur d’Alliance Fine Champagne prévoit que l’ancien adhérent puisse garder entre 10 et 50 % de son capital social. Un collège d’associés non coopérateurs a été créé spécialement à cet effet. Pour la souscription du capital social restant, il est prévu des possibilités d’étalement pour les jeunes, en général sur trois ans. Enfin, depuis l’arrangement financier avec ORPAR et Rémy Cointreau, la souscription de nouvelles parts de capital social est automatiquement compensée par le remboursement de parts sociales plus anciennes. D’où un allégement financier, dans la mesure où l’augmentation du capital social est mis entre parenthèses.

Bernard Guionnet ne renonce pas à l’idée d’ouvrir un peu plus la coopérative aux jeunes. « Maintenant que nous avons résolu le problème de la capitalisation, nous allons lancer une enquête pour savoir quel pourcentage d’exploitation possède un successeur. » Le président de la coopérative indique également que Rémy Cointreau, dans le cadre du renouvellement des contrats triennaux ex Prochacoop, possède toute latitude pour signer des engagements avec de nouveaux apporteurs, dans la mesure bien sûr où ces livreurs distillent à domicile, produisent de la Fine Champagne et présentent toutes garanties qualitatives. L’idée sous-jacente ? Cibler les jeunes qui s’installent et qui ont peu de débouchés. « Le but n’est pas de conforter l’exploitation qui vend déjà 80 % de ses volumes dans une autre maison. » Par rapport à l’installation, B. Guionnet est toutefois conscient que le contrat individuel, livrable en compte d’âge, répond moins bien aux attentes des jeunes. « L’avantage du contrat collectif Alliance Fine Champagne, c’est de permettre de livrer en vin ou en compte 00 et d’être payé dans les deux mois qui suivent la récolte. Le jeune a tout de suite accès à la
trésorerie. »

Pierre Delair : « Des Jeunes Motivés »

Pierre Delair est responsable du service « achat d’eaux-de-vie » au sein de CLS Rémy Cointreau.

« Nous travaillons fortement à intégrer le plus possible de jeunes, au sein même du conseil d’administration d’Alliance Fine Champagne. Petit à petit des jeunes vont percoler dans les structures de décision, sachant que ce n’est pas évident pour eux, face à l’ancienne génération. Nous essayons de mettre en avant la pérennité des entreprises. Des jeunes s’installent. Voyons de quelle façon nous pouvons les aider. La période est peut-être meilleure que par le passé mais elle reste difficile. Les jeunes doivent être motivés pour prendre la suite. Ce n’est pas non plus la catastrophe. Je vois de plus en plus de pères de 50 ans qui viennent me voir pour me parler des projets d’installation de leurs enfants. A l’occasion du renouvellement des contrats, nous essaierons d’aider, de favoriser les jeunes. J’enfonce le clou régulièrement. »

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