Un traitement de cheval à 50 hl/ha

2 mars 2009

En 2006, le rendement des moûts Pineau sera limité à 50 hl/ha, soit 10 hl de moins que le rendement de base de l’appellation appliqué jusqu’à présent. C’est le traitement de cheval que le Syndicat des producteurs s’auto-administre. Son objectif ? Endiguer la dérive des prix à la casse des Pineaux vrac.

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Pineau vrac ; un prix d’objectif de 183 e l’hl vol.

Depuis plusieurs années déjà, le syndicat faisait appel au sens des responsabilités des opérateurs pour baisser la production de Pineau. Sur la base du volontariat, des baisses volontaires ont bien eu lieu – 2 % sur la récolte 2003, 8,3 % sur la récolte 2004, 7,7 % sur la récolte 2005 – mais d’un niveau insuffisant pour infléchir vraiment le niveau de rotation de stock. A 3,7 années, il reste encore trop élevé. Pour les producteurs, le « point d’équilibre » se situe aux environs de 3,5 années de stock. Un rapide coup d’œil sur la courbe du stock et des prix le prouve (voir graphique). En dessous de 3,5 années, les cours du vrac s’envolent et au-dessus, ils ont tendance à s’effondrer. « On n’échappe pas à la loi économique de l’offre et de la demande » a énoncé Jean-Bernard de Larquier, président du Syndicat des producteurs de Pineau. S’il a été jugé utopique et surtout économiquement dangereux de viser d’emblée les 3,5 années de stock – à sorties égales il faudrait ramener la production à 90 000 hl vol., soit 20 % de moins qu’en 2005 – le syndicat a tout de même voulu envoyer un signe fort au marché. Son conseil d’administration s’est prononcé pour un rendement d’appellation ramené à 50 hl/ha, soit 10 hl de moins que le rendement de l’appellation, de 60 hl/ha. L’assemblée générale a confirmé presque à l’unanimité la motion du conseil d’administration. Sur 107 votants, il y a eu 3 abstentions et 2 voix contre. Certes, des opérateurs ayant pignon sur rue s’interrogent : « Où allons-nous trouver nos volumes ? » Ils ont le sentiment de faire les frais d’une crise qui ne leur incombe pas. Une crise qui, selon eux, serait plutôt à mettre au débit d’opérateurs « opportunistes », qui sévirent au début des années 2000.

une bonne mesure

Reste que sur le terrain, la décision du syndicat est généralement perçue comme une bonne mesure, même parmi les vendeurs directs. Ces deniers n’ignorent pas que le marasme sur le vrac peut très facilement contaminer les prix des bouteilles. Des rumeurs en ce sens circulaient déjà. « Il fallait créer un effet d’électrochoc » soutient le syndicat. D’autant que l’augmentation de la QNV Cognac intervenue en 2005 pouvait potentiellement se traduire par une progression de la production de Pineau de 9 %, sans affectation supplémentaire d’ha, sachant qu’il existe tout de même pas mal d’opérateurs 100 % Pineau. « Nous aboutissions à un rendement ha de 28,30 hl vol. de Pineau fini. » Le message qu’entend faire passer le syndicat ! La progression de la QNV Cognac 2005 aura pour effet d’amortir la baisse du rendement d’appellation. « Vos coûts de production 2006 ne devraient pas être trop “plombés” par les 50 hl. La perte de volume en moût sera pratiquement compensée par la hausse de QNV Cognac à 8,3. En 2006, vous élaborerez 26,40 hl vol. par ha de Pineau, soit seulement 10 litres de moins qu’en 2005. » Les plus pénalisés seront une fois de plus les producteurs de moûts rouges, le cadre 3 de la déclaration de récolte s’avérant beaucoup plus imperméable aux phénomènes de rattrapage. Un problème a d’ailleurs tendance à monter en première ligne à l’intérieur de la filière Pineau : la différence de coût de production entre Pineau rouge et Pineau blanc, associé au manque de compensation des prix d’achat, qui ne distinguent pas entre les couleurs. « Aujourd’hui, les producteurs de Pineau rouge perdent de l’argent ! » Le prix d’objectif de 183 € l’hl vol. réclamé par le syndicat fait d’ailleurs référence à cette réalité. Une réalité qui, demain, gagnera toute la filière quand s’appliquera le système d’affectation. Le président du Syndicat des producteurs s’est livré à une petite démonstration chiffrée. « Le coût de production moyen d’un ha de vigne s’élève à 5 400 €, dans une fourchette qui oscille entre 5 100 € et 5 700 €. Quand chaque produit devra faire vivre ses ha, il faudra vendre le Pineau vrac 190 € de l’ha. Lorsque nous réclamons aujourd’hui 183 € de l’hl vol., pour des Pineaux issus de rendements plus faibles, nous sommes réalistes. » Jean-Bernard de Larquier a salué le professionnalisme des producteurs de Pineau : « C’est un effort à consentir et ce rapidement car, faute d’amputer, la gangrène se propagera et le mal sera difficilement réversible. »

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