Le cycle végétatif 2014 a été encore assez marqué par des séquences climatiques à la fois bénéfiques et malheureuses. La nature s’est montrée très jalouse durant tout l’été. Finalement, tout va se jouer « au
finish ». 2014 est un millésime qui s’annonce intéressant pour les vignerons qui auront la patience d’attendre la pleine maturité des raisins.
Tout avait bien commencé par un débourrement régulier et un peu précoce. Le climat propice en mai a favorisé une évolution normale de la première partie du cycle végétatif. Début juin, l’aspect des vignes faisait plaisir à voir car les rameaux déjà bien développés portaient des inflorescences généreuses. Malgré cette belle apparence, les comptages de grappes de la Station Viticole du BNIC fin mai révélaient un potentiel de grappes/ha à peine moyen, comparable à ceux des années 2008, 2009 et 2012. Par la suite, les excellentes conditions de floraison ont permis de conforter le potentiel de production. Fin juin, de belles grappes étaient visibles dans les parcelles et la perspective d’une récolte plus abondante en volume que celle de 2013 semblait se confirmer.
Fin mai et début juin, plusieurs orages d’une puissance surprenante ont fait des ravages sur un vaste territoire viticole couvrant environ 8 000 à 9 000 ha de vignes. La largeur du front de grêle a parfois détruit la production d’exploitations entières. L’intensité des dégâts a été globalement forte car les grêlons étaient gros et denses. 4 000 à 5 000 ha ont été touchés à plus de 80 % et l’hiver prochain, la taille sera difficile à trouver dans beaucoup de parcelles. Courant juillet, plusieurs autres sinistres de grêle se sont produits avec parfois un gradient d’intensité important. Les pertes de production liées à l’ensemble des sinistres de grêle sont évaluées à 30 000 à 40 000 hl d’AP au niveau de l’ensemble de la région délimitée.
Ensuite, le déroulement du cycle végétatif est devenu plus incertain pendant deux mois. Le climat à partir de début juillet est rentré dans une phase de forte instabilité. Les belles journées entrecoupées de séquences pluvieuses fréquentes se sont malheureusement ins-tallées durablement. La deuxième quinzaine de juillet maussade a été suivie d’un mois d’août exceptionnellement frais et arrosé. Les vignes ont manqué de soleil pendant toute cette période, ce qui a considérablement perturbé la véraison. Le mildiou a profité de la situation pour se montrer virulent très tard en saison et des foyers de botrytis se sont développés. Les beaux raisins de début juillet semblaient fragilisés fin août et, progressivement, la perspective d’une récolte prometteuse a laissé la place à un millésime délicat et de maturité très hétérogène. Les fortes disparités de charge de grappes rendaient aussi le déroulement de la maturation plus difficile.
À partir des derniers jours d’août et durant tout le mois de septembre, une période de beau temps durable s’est installée. Le déficit de soleil et de chaleur d’août a été compensé par quatre semaines de septembre estivales mais pas brûlantes. Les raisins du millésime 2014 se sont littéralement bonifiés au fil des jours. Le processus de maturation a repris son cours normal et les grappes ont mûri de façon régulière et progressive, ce qui est toujours bénéfique sur le plan de la concentration des composés qualitatifs. Néanmoins, la période de beau temps n’a pas gommé l’hétérogénéité de maturité des raisins dans les parcelles qui reste marquée dans les derniers jours de septembre. Les effets rendement, conduite et entretien du vignoble, nature du sol et du sous-sol sont très perceptibles à quelques centaines de mètre près. L’établissement du planning de récolte et la conduite des vinifications ne peuvent pas être abordés en occultant ces phénomènes d’hétérogénéité de maturité. Retarder les vendanges de 4 à 5 jours, voire d’une semaine représente-t-il une grosse prise de risque ? Les prévisions météorologiques jusqu’aux 10-15 octobre annoncent encore une belle période qui serait idéale pour poursuivre le processus de maturation de nombreuses parcelles. Profiter d’un tel contexte peut permettre d’étaler la récolte, de cueillir des raisins à pleine maturité dans les différents îlots de terroirs et de beaucoup mieux maîtriser la conduite des vinifications.
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